L’expérience du cinéma est toujours intense, que ce soit en salle, sur une tablette ou dans une voiture face à un grand écran. Il pleut sur l’écran ? Vous passez votre main par la fenêtre pour vérifier qu’il ne pleut pas « en vrai ». A la fin, comme dans une salle, les spectateurs n’attendent pas la fin du générique. L’ancien parking face à la zone du Closo prend alors des allures de bas-fonds new-yorkais, lorsque 90 voitures rallument leurs phares et redémarrent, cependant que l’écran, assagi, déroule ses caractères rose pâle.
Hier soir au « Ciné-drive », c’était donc « Bohemian Rhapsody », la vie de Freddy Mercury, avec un acteur, Rami Malek, qui se rapproche de minute en minute de son modèle, jusqu’à fusionner dans ce fantastique concert final au stade de Wembley. On se dit que c’est un heureux hasard qui a fait s’entrechoquer la « distanciation sociale » – chacun dans sa voiture – avec cette gigantesque communion sur fond de rock, d’opéra et de prestation scénique archi-stylée. Lorsque des milliers de personnes reprennent à l’unisson le pam pam tchac ou chantent en chœur « We are the champions », on peut croire que la musique est capable de « nous délivrer de la solitude qui nous effraie », comme le dit l’un des personnages. C’était il y a trente ans (Queens, pas le film…)
A l’extérieur du film, autour de nous : la Covid. A l’intérieur du film, le SIDA. C’était la précédente épidémie. Sortez couverts, sortez masqués, et puis pour finir, ne sortez plus du tout ! Le SIDA fermait le ban de la libération sexuelle. La Covid ne fait plus qu’accentuer notre résignation. Cela fait 25 ans que la technologie (téléphonie mobile, internet…) a fait un bond en avant prodigieux et la société un bond en arrière tout aussi prodigieux. La solitude est partout. On ne cherche même plus à y échapper. La peur aussi est partout. Peur de déranger, peur du ridicule, peur d’avoir peur, peur de l’avenir, peur de l’autre… Confort et sécurité sont nos maîtres mots, comme sur les plaques des ascenseurs : c’est Alain Badiou, dans « Éloge de l’amour », qui le faisait remarquer.
Chaque épidémie fait le diagnostic de son époque. La nôtre est-elle soluble dans une musique, une vraie, une qui libère, qui revendique, qui n’a pas peur de briser les chaines, une qui prend des risques, une qui nous rapproche et nous unit, une qui hurle et qui tempête face aux injustices ? PAM PAM TCHAC, PAM PAM TCHAC, PAM PAM TCHAC.
Très bon film, que j’aurais volontiers revu si je n’avais pas eu la garde de mes petits-enfants, et excellente initiative que cette séance de drive-in qui est un moyen parmi d’autres d’animer Pénestin tout en respectant les mesures qui nous sont imposées en ces temps de privation de liberté et de disette culturelle.
Quelles que soient les initiatives prises par quelque municipalité que ce soit, Il y aura toujours des esprits chagrins pour y voir des dépenses inconsidérées, une horrible pollution et une augmentation des risques sanitaires.
Alors dans ce cas il faut surtout interdire le marché qui attire chaque dimanche des centaines de véhicules qui déversent leurs lots de badauds venus acheter – ou pas – des textiles et babioles parfaitement inutiles, fabriqués à 95 % en Chine et faire, par la même occasion, vivre les commerces du centre bourg…
Il faut certainement interdire les plages et leurs immenses parkings si pratiques pour toutes ces familles qui viennent prendre l’air du large après un printemps d’enfermement et sans doute déranger les hirondelles des falaises…
Pas de doute la rentrée sera calamiteuse, les vacanciers le savent. Alors de grâce, laissons leur encore cette liberté d’aller voir un bon film qui fait tchac poum poum et hurler à tue tête dans leurs voitures « we are the champions ».
L’immobilisme c’est fini et le recours à
l’epicurisme n’est qu’un moyen pour tromper certains états d’âme:
Nous ne sommes plus au début de l’ére
Chrétienne lorsque Horace proclamait
« Carpe diem . .. quam minimum crédula
Postero » et il est certain que beaucoup d’esprits cigales et joyeux vont se tranformer en esprits fourmis et chagrins puisque les événements nous obligent à nous » soucier du lendemain ».
Ici, sur cette « planete » retranchée de la réalité ou les lunettes de soleil sont plus utilisees que celles nécessaires à la correction de la vue et où vivre sur les acquis encourage à nier l’évidence, la descendre sur « terre » sera alors confronter à des contraintes budgétaires plus fortes puisqu’elles n’ont pas été décernées plus tôt
Enchanté de ces réactions à un article que j’ai voulu délibérément assez abstrait, car j’avoue que je n’ose plus faire de remarques sur l’organisation d’un tel événement. Il faudrait quand même dire qu’en suivant les conseils de la mairie, je suis arrivé 1 h et demi en avance, 1/2 heure parce qu’il devait y avoir beaucoup de monde, et 1 h de décalage entre l’horaire annoncé et celui auquel le film a débuté. Et qu’il aurait fallu passer ce temps enfermé dans la voiture, si je n’avais pas expliqué que j’allais me déplacer de voiture en voiture pour faire un reportage. Impression que certains se passeraient volontiers de mes reportages, ce qui m’a amené, par esprit de contradiction, à laisser mes notes reposer en paix dans leur cahier et à écrire quelque chose qui n’est pas un reportage. Bref, ce n’est pas la joie.
Juste deux précisions sur le texte de Carpediem, afin que le trait d’esprit, que j’apprécie, reste synchrone avec la vérité des faits : 1) les familles sur les parkings et sur les plages ne gênent pas les hirondelles des falaises, à part sur un espace réduit désormais marqué par les ganivelles. Par contre, si ces familles avaient continué à s’approcher de leurs nids, ce n’aurait pas été pour les hirondelles de la « gêne », mais une question de subsistance, voire de survie : elles vont pêcher ou picorer pour nourrir les oisillons qui attendent dans les trous. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres de la biodiversité qui est précieuse pour notre propre survie, et aussi d’une forme de tourisme de plus en plus contestée, qui consomme en détruisant (cf. Venise, San Sebastian, Paris, parmi les villes qui commencent à réagir), alors qu’un modèle alternatif pourrait se fonder sur l’échange et la découverte mutuelle. Problème : ceux parmi les professionnels du tourisme qui réfléchissent à la question sont tiraillés entre un intérêt économique à court terme et un intérêt à long terme dont le modèle économique n’a pas encore été élaboré. 2) Je n’ai pas entendu de spectateurs chanter dans leurs voitures « We are the champions ». Dans l’ensemble, le public était « sage », discret, calme, à de rares exceptions près, parmi les habitants de Pénestin qui plaisantaient avec les volontaires de la Réserve Civile, tandis que les vacanciers, plutôt âgés eux aussi, ne se faisaient guère remarquer. Bref, pas beaucoup d’ambiance dans les voitures. D’ailleurs, Freddy Mercury est mort il y a presque 30 ans et le film n’a pas attiré les jeunes.
« Lâcher la proie pour l’ombre » :
L’analyse d’un événement a perdu toute valeur objective et raisonnable des l’instant qu’est utilisée la methode de l’amalgane et surtout avec des situations sans aucun rapport ( plage..marché …) avec le sujet concerné
Je crains que vous ne fassiez vous-même un amalgame involontaire entre moi et « carpediem » à qui je répondais. Sur le principe, définir a priori ce qui a un rapport ou non avec le sujet concerné est un abus qui freine la créativité indispensable à toute forme de recherche, d’exploration…
Il n’y a pas de
confusion entre les propos de chacun et l’explication donnée
en faveur de la part des choses
conserve toute sa valeur
Très cordialement
La dépense drive- in – engagée au profit d’ une entreprise « de passage:. – n’a fait qu’ajouter un risque sanitaire a la crise covid en plus de la pollution sonore et lumineuse apres 22 heures augmentees par la polution atmosphérique causée par le déplacement de nombreux vehicules ….alors que notre culture et notre patrimoine en parfaite decomposition demandent des imputations autrement plus sérieuses …
Ce modèle d’attribution de l’argent des contribuables au soutien des causes
éphémères et eloignees de tout civisme
ne peut perdurer dans cette période de
crises educative sanitaire financière et securitaire
Freddy Mercury !
Quel dommage, je ne l’ai pas su.
Malgré tout, un grand merci.
Sinon, j’y serais allé !
Paul
Moi aussi. Très déçue. Je ne l’ai su que le vendredi. Bien que je l’ai vu au cinéma (et en ai eu des frissons dans le dos) je peux vous assurer que si j’y étais allée, il y aurait eu de l’ambiance. Merci la mairie de Pénestin pour cette initiative de drive-in.