Cela ressemble un peu à une ZAD… très pacifique

Dans mon article précédent sur la journée d’action de Cappenvironnement contre le parc Loscolo, le déroulé des événements s’arrêtait à samedi midi. La plupart des panneaux installés sur les carrefours et sur les voies d’accès au centre bourg venaient d’être enlevée et détruite à la demande du maire de Pénestin. Comme il s’est passé encore pas mal de choses durant la suite du week-end, il me semble que le sujet mérite un deuxième article.

 Samedi après-midi, 4 ou 5 membres de Cappenvironnement assurent une permanence sur le parking du Maresclé, à proximité du foc de 3 mètres pointant en direction de la zone de Loscolo par le chemin du Loup. Les faits marquants : dans le passage régulier, au long de l’après-midi, de personnes venant s’informer se trouvent notamment des riverains en résidence principale ou secondaire, et des jeunes. La présence de jeunes, y compris résidant à Pénestin, est un fait assez nouveau alors que l’on voit souvent une prédominance de cheveux gris. Chez ces jeunes, une grande curiosité vis-à-vis du projet Loscolo, de ses implications économiques et de son impact sur la faune et la flore. Gageons que l’information circulera parmi eux et qu’ils joueront un rôle dans les prochains débats ou mobilisations.

Certains n’ont encore jamais entendu parler du projet Loscolo

Les riverains : ce qui frappe, c’est le manque d’information de certains d’entre eux. Des personnes résidant en bordure immédiate du tracé prévu pour les canalisations d’eau de mer allant de la plage du Maresclé à la friche n’ont encore jamais entendu parler du projet, et ils découvrent avec stupeur que des travaux pourraient commencer très vite directement devant chez eux. On peut s’en étonner compte tenu de l’écho apparent suscité par les deux derniers débats publics ou de la publicité donnée ces derniers mois à la constitution du comité de suivi.

Cependant, à y bien réfléchir, cette impression peut se révéler trompeuse. Il y a probablement une proportion de 20 à 30% de Pénestinois, qui sont curieux, bien informés, y compris par un bouche-à-oreille efficace à l’échelle d’un village comme le nôtre. Mais les autres, moins intégrés dans les différents réseaux d’information ? La faible audience (45 personnes) du débat public de mars dernier pouvait représenter un signe, non pas d’un manque d’intérêt, mais d’une information à deux vitesses. Pour beaucoup d’habitants, le bulletin municipal est plus ou moins le seul support d’information. Or, il n’a pas eu depuis un an au moins de dossier ou de reportage sur le projet Loscolo. Les comptes rendus des conseils municipaux présentent seulement la liste des points à l’ordre du jour et rien sur le contenu des débats. Les éditoriaux du maire, qui y font référence, relèvent par définition du commentaire et non de l’exposé factuel. Bref, le bulletin n’a jamais traité les différents aspects – techniques, juridiques, économiques, écologiques… – du projet et l’on peut même émettre l’hypothèse qu’à Pénestin, comme c’est le cas presque partout ailleurs, on a plutôt cherché à faire passer le projet dans une relative discrétion, considérant sans doute que le débat entre différentes opinions était brouillon, dispendieux en temps et facteur de confusion.

De souvenirs encore cuisants de part et d’autres des confrontations entre caravaniers et écologistes

En fin d’après-midi, une autre discussion a mis en présence une représentante associative du lotissement de HLL (habitations légères de loisirs) du Maresclé, qui seront les premiers à subir le projet Loscolo, avec des militants de Cappenvironnement tous passés par, ou encore membres de l’association Mès et Vilaine. On savait que le futur comité de suivi constituerait la première occasion pour les caravaniers et les écologistes de se retrouver autour d’une même table après s’être opposés pendant des années. Un tel rapprochement passe nécessairement par une étape de confrontation et les discussions ont fait ressurgir certains souvenirs cuisants de part et d’autre, comme l’« occupation » (terme que certains contestent) par les caravaniers d’une réunion sur la Trame Verte et Bleue il y a deux ans. Pour un observateur de la vie pénestinoise, mais pas seulement je crois, de telles rencontres sont pleines d’intérêt.

Dimanche matin, on remet ça. Et les panneaux sont de retour, d’autres en tous cas, concentrés tous les 20 mètres route de Maresclé, sur l’axe qui mène au parking de la plage. Cela a un léger parfum de ZAD… Une ZAD tout ce qu’il y a de pacifique, d’ailleurs. Par ce dimanche de beau temps, l’animation est beaucoup plus grande sur le parking. Des vacanciers et, comme la veille, des riverains et des jeunes. On espère voir des mytiliculteurs afin d’entendre leurs points de vue, mais aucun ne viendra.

« Ce n’est jamais trop tard »

Des personnes qui se disent opposées au projet Loscolo et qui ne s’étaient encore jamais manifestées jusque là demandent comment elles pourraient être utiles, comment réunir plus efficacement tous ceux qui s’opposent à un tel projet. C’est un peu surprenant au moment où l’on pourrait croire que le projet est bouclé, mais la tonalité générale est de dire que « ce n’est jamais trop tard » : il suffit de penser à Notre Dame des Landes, dont la référence revient à intervalles réguliers dans la discussion. L’arrêté du préfet n’a pas encore été pris. Un nouveau préfet arrive en poste dans deux semaines. Si l’arrêté est publié, ce sera le temps des recours. Et même après, lorsque les bulldozers seront là, certains se disent prêts à se coucher devant eux. Non, l’affaire est loin d’être terminée…

Ce dimanche, les panneaux restent en place. Deux gendarmes de Muzillac, en renfort à Pénestin pour l’été, passent un long moment sur l’espace aménagé entre le foc et le parasol. Ils veulent surtout s’informer, questionnent et écoutent les explications de Dominique Boccarossa. Ils disent qu’ils pourraient verbaliser pour les panneaux disposés en bord de route, mais qu’ils ne sont pas là pour cela. Certes, ils vont remplir une fiche qui sera adressée au préfet, mais ils considèrent que leur tâche est facilitée du fait que Cappenvironnement lui a déjà envoyé deux courriers. Les militants, eux, considèrent utile que le préfet soit informé. Savoir qu’il y a une opposition, encore mobilisée en plein été, et bien décidée à user de tous les moyens légaux pour faire passer le maintien de la biodiversité avant un projet coûteux et mal conçu, qui n’apportera ni emplois, ni développement de la mytiliculture, c’est assurément une information utile que le préfet Le Deun ou son successeur seront amenés à peser à l’heure de leur décision.

En fin d’après-midi prévaut chez les militants présents le sentiment que l’opération du week-end a été un succès. Ils prévoient une nouvelle action les 9 et 10 août. Dominique Boccarossa, après avoir évoqué tout le week-end les aspects les plus matériels du dossier, en revient à sa motivation essentielle. « J’ai deux petits-enfants, dit-il. Dans 10 ou 15 ans, ils me diront : ‘Mais qu’est-ce que c’est que ce parc d’activités mal foutu et inutile ? Tu étais là quand il a été mis en place ? Et qu’est-ce que tu as fait pour t’y opposer ?’ Je veux pouvoir me regarder dans la glace ce jour-là. »

3 commentaires sur “Cela ressemble un peu à une ZAD… très pacifique”

  1. très bon reportage mais le titre est décevant.
    j’ai été bénévole sur un rassemblement de la zad de NDDL , et je peux vous dire que je n y ai vu aucune violence et pourtant j’ étais dans une des équipes nuit pour la tranquillité.
    le rassemblement de Loscolo n’a pas reçu des centaines de gendarmes appuyés par des blindés légers,
    Il faut faire attention à ne pas tomber dans des propos qui caricature et désinforment

  2. Eh oui, pacifique…! La friche n’a pas été trouée par les cartouches des lacrymos, grenade de désencerclement et autres projectiles, personne n’a perdu l’usage d’un oeil ni été amputé d’une main. Affaire à suivre.

  3. Bravo, tous mes encouragements pour leur action.
    De plus, cette initiative de la Mairie, n’intéresse pas de nombreux mytiliculteurs.
    Loscolo doit rester naturel.
    Continuons.
    Paul.

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