Les projets de la liste « Le bon sens pour Pénestin » dans le domaine de la culture (réunion publique du 29 février)
J’ai consacré deux reportages aux réunions publiques de P. Puisay, dont le deuxième sous forme d’une transcription assez littérale de certains passages de sa troisième réunion, un « non-reportage » (dû aux circonstances de sa réalisation) à la première réunion de J. C. Lebas, et un reportage à la première réunion publique de D. Boccarossa.
J’ajoute ici un second article sur la seconde réunion de M. Boccarossa le 29 février. J’ai choisi de vous proposer une transcription détaillée de la partie concernant la culture, ainsi, suite à une question d’Alain Pérais, que le dialogue avec les catholiques à ce sujet.
Dominique Boccarossa :
La culture est un domaine dont on parle peu. Il se passe pourtant beaucoup de choses à Pénestin. Des personnes sont intéressées par la peinture, la musique, les chorales. Tout cela est assez éparpillé, mais il y a un potentiel. Ce qui serait intéressant, ce serait de proposer quelque chose au niveau culturel qui puisse s’ouvrir à toute la population, tous âges confondus. Il nous a semblé naturel que la culture soit un élément fédérateur pour l’économie locale, et ce n’est d’ailleurs pas trop difficile à réaliser. Beaucoup de villes le font : elles organisent des festivals, ce qui amène du monde et permet à des commerces de faire durer leur saison plus longtemps. Cela a un réel impact économique pour une petite ville.
Pénestin est beaucoup plus petit, et nous n’aurons pas la prétention de faire un grand festival. Par contre, on peut essayer de monter plusieurs petits festivals entre mars et juin. L’idée n’est pas de les créer, mais d’aller les piocher là où ils existent déjà. Il en existe beaucoup en Bretagne : des festivals de chorales, de magie, ou encore le festival de films « Pêcheurs du monde » sur les métiers de la mer, à Lorient… On peut très bien imaginer que Pénestin devienne une sorte de relais. Nous en avons parlé avec Isabelle Letirand qui s’en occuperait. On peut aller au festival de Lorient, pour prendre cet exemple, et demander à ce que 5 ou 6 films choisis viennent sur Pénestin pour un week-end ou pour deux ou trois jours.
Les festivals impliquent une relation avec le public, il ne s’agit pas seulement de regarder un film. Des invités sont là pour discuter, il existe un véritable échange. Le rapport avec ces festivals existants nous libèrerait de la recherche des éléments qui constituent les programmes, puisqu’ils sont déjà présents dans ces festivals. A priori, ils devraient être intéressés à collaborer avec nous. Ensuite, c’est une question de régularité. Il faut que les mêmes festivals aient lieu chaque année aux mêmes périodes, de façon à ce que des personnes extérieures à la commune prennent l’habitude de se dire qu’à telle date, il y a tel festival à Pénestin.
Cela devrait attirer des personnes extérieures à Pénestin, et du coup développer l’activité dans la commune. Il faudra que certains s’investissent. Ce n’est pas à une petite équipe qu’il revient d’organiser tout cela. Cela se fera en liaison avec les habitants et avec les associations intéressées. Vous avez dû voir dernièrement, lorsque les deux chorales de Missillac et de Camoël se sont produites à l’église : elle était pleine. On voit bien que cela intéresse les gens.
Peut-être que dans notre deuxième mandature (sourire), nous aurons l’occasion de créer un vrai festival à Pénestin. Nous aurons acquis l’expérience. Je tiens particulièrement à la culture, je ne vais pas m’en cacher. Elle est indispensable à l’esprit humain.
Isabelle Letirand, colistière :
Pour ma part, je pensais mettre en place une association loi 1901 pour créer un ciné-club. Cela signifie un lieu convivial, qui pourrait ouvrir une fois par mois, avec des films qu’on choisirait ensemble, des débats, etc. J’aimerais le faire aussi pour les enfants, au moins une fois par trimestre.
Une personne dans la salle :
Il faut avoir conscience que c’est très difficile de faire venir du monde. À la Médiathèque, nous avons organisé certaines activités où nous avons eu zéro personne… C’est vraiment très difficile de faire se déplacer les gens.
D. Boccarossa :
Oui, c’est vrai que c’est très difficile. Mais, ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on ne va pas le faire.
Une personne dans la salle :
Il faut effectuer un gros travail de communication pour lancer ce genre de choses. Et il faut les lancer doucement, intelligemment.
D. Boccarossa :
Si une personne s’en occupe au sein du conseil municipal – je vous parle bien de culture, pas d’animation… – cela va fédérer : on sait qu’il y a un interlocuteur. C’est difficile, mais pas qu’à Pénestin d’ailleurs. C’est la même chose en ville. On y retrouve toujours les mêmes têtes, même si l’on est 18 000 habitants au lieu de 1800.
Alain Pérais :
Je pense que la culture n’a pas de frontières. J’aimerais avoir votre sentiment à ce sujet et je vais m’expliquer. Je suis très engagé dans la paroisse et on m’a donc déjà entendu m’exprimer sur différents sujets. Nous vivons depuis 1905 sous une loi qui est celle de la séparation des églises et de l’État, et il ne s’agit évidemment pas de la remettre en cause. Mais si nous sommes complètement séparés et si on l’on va jusqu’à une forme d’étanchéité entre nous, nous nous privons de certaines opportunités culturelles. Je vous cite un exemple : nous avons organisé le 4 août dernier une reconstitution du passage de Notre Dame de Boulogne par Pénestin en 1944. Elle avait accompli tout un périple pour remonter vers Boulogne. Ce jour-là, toute la population de Pénestin était dans les rues pour accompagner sa statue. Toute. Il y a eu aussi un très beau film réalisé à cette occasion. C’est un exemple d’événement que nous aurions pu vivre ensemble. J’en cite un deuxième : les journées du patrimoine. On peut les considérer dans le cadre de la commune, qui fait cela très bien, mais on pourrait aussi y insérer la paroisse, avec ses 250 ans d’histoire et son église. Je pense que la culture est quelque chose de très large, et j’aimerais vous entendre là-dessus.
D. Boccarossa :
Je suis tout à fait d’accord avec l’idée que la culture doit s’élargir à toute la population. Il ne peut pas y avoir de frontières culturelles. Une frontière culturelle, c’est ce qui crée la ségrégation, le communautarisme, ce qui fait que l’on devient étranger à l’autre. La culture permet d’établir une liaison. Il n’y a pas que la religion qui permet de « re-lier » les gens entre eux : en Bretagne, en particulier, il existe un attachement à la religion catholique. Les Bretons ne vont pas forcément à la messe, mais ils tiennent à cette culture.
La peinture, la sculpture ont été liées à la culture religieuse jusqu’à la Renaissance, pratiquement. Ces cultures-là, évidemment qu’on en a besoin : parce que c’est notre histoire, et l’on sait bien que connaître notre histoire, notre passé culturel, c’est ce qui nous crée, ce qui crée notre présent. Et ce qui nous permet de continuer, aussi. Donc, on ne peut pas admettre qu’il y ait une étanchéité entre une culture religieuse et une culture laïque : là, je suis d’accord avec vous.
Ensuite, il se peut que certaines choses soient plus intéressantes au niveau régional qu’au niveau local, en termes de bâtiments historiques, d’églises, de cathédrales, ou autres. Pourquoi visite-t-on plus une cathédrale qu’une petite chapelle ? Il y a forcément une raison à la fois de communication et d’histoire par rapport à cela. À Pénestin, le patrimoine est très local : les calvaires, l’église qui est assez récente… Les calvaires le sont moins, pour certains. À la limite, sur ce que vous m’avez dit, je dis oui. Je dis oui, tout simplement.
D’ailleurs, cette frontière entre la laïcité de la loi de 1905 et l’Église n’a rien à voir avec la culture, puisque celle-ci s’adresse à tout le monde. Je me souviens d’avoir visité une chapelle que vous devez connaître, celle du Guerno, je crois, près de Péaule, qui est absolument magnifique. Je l’ai vue il y a 30 ans, et je m’en souviens encore. Parce que quand on y entre, c’est très impressionnant : c’est une sorte de coque de bateau renversée, si mes souvenirs sont bons, et d’un seul coup, même si on n’est pas croyant, cela nous parle. Mais quand on rentre dans un édifice comme celui-ci, il ne nous parle pas simplement de religion : il nous parle d’une foi, de gens qui ont inscrit leur vie, leur histoire, leur savoir-faire, dans ces bâtiments. Et tout cela me parle, même si je ne suis pas croyant.
Il n’y a pas d’étanchéité pour moi, quelle que soit la religion. À travers des édifices qui peuvent être d’Islam ou orthodoxes aussi bien que catholiques, on comprend que l’art a toujours été lié à une forme de spiritualité.
j’apprécie l’objectivité de cette article pour la retranscription tant de ma question que de la réponse de Monsieur Bocarossa.
Rien que pour ses idées et son haut niveau de réflexions sur le rôle de la culture et ce qu’il pourrait en être fait sur Pénestin, M. Boccarossa mériterait d’être Maire. J’adhère tout à fait à ses propos comme à ceux de M.Perais. Cela est même presque surprenant dans une commune que je voyais plutôt comme à ras-de-terre en ce domaine là ! Comme quoi … mais dommage que je ne vote pas (encore) sur Pénestin. Et ayons aussi à l’esprit que le patrimoine pénestinois n’est pas seulement “matériel” mais aussi “immatériel” et que sa richesse sous-exploitée pourrait être source de multiples projets culturels.