Jean Le Coq, mort le 9 octobre 1914 à Melle, en Belgique

100 ans. Un siècle. 36 525 jours. C’est à la fois beaucoup et peu. C’est juste un peu plus que l’échelle moyenne d’une vie.

Lorsque l’on fête le centenaire du 11 novembre 1918, lorsque l’on honore les millions de soldats morts pour la France, on répète : « Plus jamais ça ! » Et l’on se prend à douter. Partout dans le monde depuis un siècle, des massacres de masse ont continué à faire des millions de victimes. La haine et le rejet sont tellement plus présents que l’empathie, la reconnaissance de l’autre comme un égal.

Pénestin a aussi payé son tribut : 50 jeunes hommes de ce village sont morts en 1914-18. Jeanine Le Bihan, historienne de Pénestin, cite volontiers Pierre Girard, originaire de Tréhiguier : « Il faut vivre un peu la vie d’ici pour comprendre combien la guerre est chose horrible et combien sont coupables ceux qui, à l’abri des balles, déchainent pareille calamité. » Alain Pérais, lui, dans son « histoire paroissiale », parle de ces prêtres et séminaristes qui sont allés se battre : l’abbé Ange-Jean Brohan, futur vicaire-instituteur, l’abbé Félix Guillemaud, futur recteur de Pénestin.

J’ajouterai quelques mots sur un autre Pénestinois mort à 24 ans et enterré à Machelen, en Belgique, dans un petit cimetière militaire, parmi 750 poilus, dont 6 Bretons.

Jean Le Coq est né à Pénestin en 1890. Il veut devenir marin-pêcheur et travaille de 12 à 20 ans comme mousse, puis « novice », sur différents bateaux, dont « l’Alsace » et « la Lorraine », deux régions devenues allemandes en 1871, comme s’il était déjà guidé par son destin. En 1910-11, il effectue son service militaire dans la Marine, puis redevient pêcheur à Quiberon jusqu’en 1914.

Il est mobilisé le 31 juillet 1914 comme fusilier marin. Les fusiliers marins, ce sont des marins militaires qui participent à des opérations terrestres à partir de la mer. En 1914, les 6600 fusiliers marins basés pour la plupart à Lorient sont incorporés dans une brigade terrestre. Ils sont tout d’abord affectés au maintien de l’ordre à Paris où la situation est tendue : Jean Jaurès, qui prônait le pacifisme et le refus de la guerre, vient d’être assassiné une semaine auparavant. Ils portent le béret à pompon rouge des marins. Les Parisiens les ont surnommés affectueusement les « demoiselles au pompon rouge », car beaucoup d’entre eux sont très jeunes et inexpérimentés.

C’est à eux, à ces soldats encore si peu aguerris, que l’on va confier en septembre la mission d’aller soutenir l’armée belge face à l’assaut de troupes allemandes en nombre 5 fois supérieur. Leur épopée est suivie par les journaux de l’époque. Elle passe par les batailles de Melle, Dixmude et Ypres, où ils livrent des combats féroces au corps à corps qui se terminent à la baïonnette et au couteau. Ils tiennent 4 semaines jusqu’à l’arrivée des renforts. Les Allemands perdent 10 000 hommes. Les pertes chez les fusiliers marins avoisinent les 47 % : 3000 morts, blessés et disparus.

Pierre Le Coq, lui, est mort dès le premier jour de la bataille de Melle, le 9 octobre comme deux autres matelots bretons de Ploudalmézeau et Audierne. On ne sait rien de sa mort. Il avait certainement aimé parcourir les landes de l’Armor avec les gamins de son âge et sortir de la Vilaine en pleine nuit à la lueur des étoiles.

Son sacrifice est à la fois lointain et proche.

1 commentaire sur “Jean Le Coq, mort le 9 octobre 1914 à Melle, en Belgique”

  1. Les guerres entre nations ont de multiples causes.

    Combattre une idée : La guerre de 1792 provoquées par la réaction des monarchies Prussienne et Autrichienne, face au mouvement révolutionnaire de 1789.

    Guerre civile : La guerre de Vendée, qui opposa les républicains et les Vendéens, « les Chouans », qui étaient restés monarchistes.
    La guerre d’Espagne ou le Général Franco, conquiert par la force toute l’Espagne, et chasse les Républicains, pourtant légalement élus dans la 2° République espagnole.

    L’esprit de domination : Les guerres Franco-anglaises, La fameuse guerre de 100 ans, où les français ont du batailler pour libérer leur pays de la domination anglaise issue d’un héritage.
    Les guerres du 18° et 19° siècle sont le résultat des luttes d’influences pour les conquêtes coloniales. L’intervention de M. de La Fayette, pour la libération des futurs Etats-Unis, s’inscrit dans cette optique.

    Le nationalisme : Les guerres de 1870 et de 1914-1918, découlent du nationalisme et de l’esprit de revanche des Français, après la défaite de 1871. La seconde guerre mondiale 1939-1945, relève du même esprit de revanche, après la défaite allemande de 1918. De plus, Adolf Hitler, répand une idéologie d’extermination raciste.

    Il y a sans doute beaucoup d’autres raisons qui provoquent des guerres.

    Curieusement, Albert Einstein, à l’origine des connaissances relatives à la bombe atomique, et Sigmund Freud, père de la psychanalyse, se sont rencontrés et ont échangé des courriers, avant la seconde guerre mondiale. Ils se posent une question : Pourquoi la guerre ?

    En voici quelques extraits :
    « Je songe particulièrement ici à ce groupe que l’on trouve au sein de chaque peuple et qui, peu nombreux mais décidé, peu soucieux des expériences et des facteurs sociaux, se compose d’individus pour qui la guerre, la fabrication et le trafic des armes ne représentent rien d’autre qu’une occasion de retirer des avantages particuliers, d’élargir le champ de leur pouvoir personnel ». Albert Einstein

    « La pulsion de mort devient pulsion de destruction en se tournant, au moyen d’organes spécifiques, vers l’extérieur, contre les objets. L’être vivant préserve pour ainsi dire sa propre vie en détruisant celle d’autrui ». Sigmund Freud.

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