JEUX DE RÔLE

Armelle Peneau-Mirassou et Dominique Boccarossa,

Conseillers municipaux de la liste Le Bon Sens pour Pénestin

CAPPenvironnement

Le nouveau Président de Cap Atlantique, M. Nicolas Criaud, Maire de Guérande, est cité dans une brève de « L’écho de la Presqu’île » du 7 août 2020, déclarant au conseil communautaire que le projet du lotissement conchylicole à Loscolo « a pris du retard ». C’est un euphémisme. Un projet de parc d’activités traditionnel prend habituellement 5 à 7 ans avant que les premiers bâtiments sortent de terre. Celui de Loscolo dure depuis plus de 20 ans.

L’Écho de la Presqu’île, 7 août 2020

Dans ce même article, M. Axel Brière confirme, après le lancement de son atelier expérimental « Mussella 1 » près de Tréhiguier, la construction d’un atelier agroalimentaire « Mussella 2 » pour le traitement des moules sous-taille dans la zone d’activités du Closo, située à l’entrée du Bourg de Pénestin. Un bâtiment  sortira de terre d’ici la fin de l’année 2020, pour une mise en service début 2021. Le nouvel atelier pourra traiter environ 2 000 tonnes de coproduits chaque année, pour un objectif d’environ 500 tonnes de chair, et autant de jus à l’horizon 2025. Le procédé utilisé consiste à décortiquer la chair de moule par autoclave avec un conditionnement après surgélation par enrobage à l’azote pour le marché agroalimentaire. L’objectif est de créer un site pilote qui pourra être dupliqué dans les autres bassins mytilicoles du Sud au Nord de la France. (Une dizaine d’emplois seront créés localement. Dans notre commune quelques-uns pourraient être pourvus par des Pénestinois. Un petit plus à ne pas négliger. Actuellement, l’ensemble des résidents actifs dans la commune représente 530 emplois salariés : 254 sont dans la commune, 276 en dehors de la commune).

Il était en effet difficile d’admettre, comme l’association Cappenvironnement l’avait signifié à plusieurs reprises durant ces trois dernières années, que l’on construise un ou plusieurs bâtiments dédiés à l’agroalimentaire dans le lotissement Loscolo, zone ACA réservée aux activités mytilicoles. Tout le dossier est d’ailleurs bâti autour de cette volonté : « déplacer tous les ateliers ayant besoin de l’eau de mer vers Loscolo ». Les réponses de Cap Atlantique furent d’ailleurs sans équivoque : « pas d’usine de transformation, ni de thalasso équine, c’est un espace réservé à la conchyliculture ». Nous partageons cette logique et soutenons le projet novateur de M. Axel Brière, là où il se trouvera, c’est-à-dire dans la zone d’activités du Closo, adaptée pour ce type d’implantation.

Mais toujours dans ce même article, M. Axel Brière déclare également « qu’il souhaite à terme se déplacer à Loscolo »… Après avoir pris le risque d’investir presque 2 millions d’euros !!! Peut-être s’agit-il d’un mauvais copier/coller ? D’une stratégie entrepreneuriale ? Il n’est pas certain non plus que les règles administratives permettent ce type d’installation dans la zone ACA de Loscolo située au milieu d’une zone agricole et naturelle.

M. Puisay, le nouveau maire de Pénestin, est cité en fin d’article, déclarant : « une fois libéré, le site du Scal sera rendu à la nature ». Le Scal ou un atelier du Scal ? M. Puisay crée une ambiguïté entre la libération d’une ou trois parcelles et l’ensemble du Scal. De même, au cours de sa campagne électorale, il avouait publiquement sa méconnaissance du dossier, mais affichait parallèlement dans son programme sa volonté de poursuivre le chantier. Pour que le site du Scal, environ 3 hectares, soit « rendu à la nature », il faudra préempter à la vente, non seulement les ateliers encore en activité, mais aussi des habitations. Si l’on se réfère aux prix du marché immobilier actuel, on peut estimer le coût de la préemption à environ 2 millions d’euros (+ environ 1 million d’euros pour les ateliers situés au Logo). On peut rajouter à cette somme le coût d’une renaturation (études, démolitions, dépollutions, réaménagements, plantations, etc.) Déclarer que le Scal « sera rendu à la nature » relève donc plus de la prophétie que d’une prospective réaliste. Le jeu politique local consiste-t-il à s’approprier une manipulation verbale, utilisée dans les plus hautes sphères de l’Etat par les politiciens les moins avertis ?  La proximité de l’élu local ne devrait-elle pas au contraire s’en différencier en misant sur la réalité des faits et des personnes et la connaissance du terrain ?

Plusieurs remarques sont nécessaires pour mieux comprendre le positionnement de chacun.

La naissance du projet Loscolo il y a 25 ans est loin d’être un argument positif, bien au contraire. M. Baudrais, le précédent maire de Pénestin, se félicitait de « cette longévité », car elle prouvait son concept avant-gardiste. Aujourd’hui, il peut être considéré comme un concept d’arrière-garde. Depuis le début des études, durant la première décennie des années 2000, la pertinence économique du projet n’a jamais pu être démontrée, car très peu de professionnels étaient intéressés. Aujourd’hui ils sont à peine plus nombreux (15 sur 35 – deux groupements – et 40% du tonnage). Cap Atlantique a donc ouvert le parc d’activités à d’autres entreprises ayant besoin d’eau de mer. Mais les mytiliculteurs n’ont pas attendu le lotissement et des bâtiments flambant neufs pour augmenter leur chiffre d’affaires. La mytiliculture de Pénestin se porte bien, mais sa richesse actuelle est surtout liée à la qualité de l’eau en baie de Vilaine, espace maritime (entre Loire et Vilaine) où se trouvent les concessions et leurs pieux pour les moules de bouchots. Or, les fonds marins auprès des concessions se sont dégradés et les pollutions récurrentes de ces dernières années sont les prémices des difficultés à venir. La nécessité impérieuse pour les mytiliculteurs de disposer d’une eau de très bonne qualité, à proximité du futur lotissement Loscolo, ne correspond pas à la réalité des enjeux environnementaux et économiques futurs. Pour que l’activité soit pérenne, seuls des investissements lourds permettront d’améliorer la qualité de l’eau dans l’ensemble de cet espace maritime. Le futur lotissement Loscolo ne résoudra pas cette problématique.

L’estimation de 4,5 millions d’euros pour la réalisation du projet est aussi totalement sous-évaluée. On peut sans risque annoncer le double. Et lorsque M. Puisay, le nouveau maire de Pénestin, avance, telle une antienne, l’argument de la renaturation du Scal, il s’abstient prudemment de préciser le coût d’une telle réalisation.

Depuis les lois Grenelle 1 en 2008 et Grenelle 2 en 2010, je cite : « il convient d’inciter le porteur de projet à rechercher toute solution alternative au projet (quelle qu’en soit la nature) qui réponde au même besoin et qui minimise les impacts ».

Les élus doivent donc prouver qu’il n’existe aucune autre alternative pour des projets de cette ampleur. Ils doivent aussi démontrer que le choix fait est le moins coûteux pour la collectivité. Pourtant nous n’avons eu aucune étude d’opportunité, aucune étude en amont, aucune variante, aucune précision sur les activités définitives. Le choix du site n’a fait l’objet d’aucune étude comparative environnementale. L’atteinte à la biodiversité ne se réduit pas aux 9 hectares artificialisés, mais à l’ensemble du plateau de Larmor sur lequel se situe le futur lotissement. Le plateau de Larmor est une entité territoriale extrêmement riche, composée de biodiversité ordinaire et extraordinaire qui sera à terme fragmentée et diminuée. D’autres projets en extension d’urbanisation sur la commune en proche littoral seraient tout aussi néfastes. Notre connaissance aujourd’hui pour éviter la disparition des terres agricoles et naturelles a profondément évolué depuis le Grenelle de l’environnement. Revaloriser des terrains déjà artificialisés est la première mesure pour stopper l’extension d’urbanisation, principale cause de la disparition de la biodiversité et des terres agricoles. Au niveau national, on limite désormais cet impact pour les générations futures : « L’artificialisation des sols, conséquence directe de l’extension urbaine et de la construction de nouveaux habitats en périphérie des villes, est aujourd’hui l’une des causes premières du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Le gouvernement souhaite protéger ces espaces naturels et agricoles, en instaurant l’objectif de “zéro artificialisation nette” prévu par le Plan Biodiversité (…) » Ministère transition écologique.

Nous devons donc penser, au niveau local, un nouveau modèle d’aménagement plus respectueux de ces espaces. La reconversion des zones déjà artificialisées est une des solutions. Il s’agit d’en faire évoluer les fonctionnalités et usages. L’association Cappenvironnement et la liste « Le Bon Sens pour Pénestin », lors des dernières élections municipales, ont proposé la mise en place d’un moratoire sur deux ans pour une réflexion sur l’actualisation du projet (études et concertations, citoyens et professionnels). Le lotissement Loscolo en proche littoral, un parc d’activités de 12 hectares réseau viaire compris, est l’occasion de réfléchir localement à l’urgence du changement climatique et au déclin de la biodiversité.

Deux enquêtes publiques ont été menées et se sont soldées par des avis favorables avec quelques réserves et recommandations. La seconde, notamment est caricaturale en ce qu’elle prend le contrepied de la quasi totalité des contributions recueillies auprès des habitants, et refuse toute analyse des alternatives au projet défendu par le maître d’ouvrage sous prétexte que la question a été traitée par l’enquête précédente. Et vice versa : la première enquête avait laissé cette question pour la seconde… Les conclusions, délibérément orientées, minimisent les nombreuses observations ou celles contre le projet. Il existe, par exemple, une zone d’activités (jamais évoquée dans les études) prévue à la vente de plus d’un hectare à la pointe du Bile avec une rampe d’accès direct à la mer. Les deux groupements qui souhaitent officiellement se déplacer à « Loscolo » disposeraient de plus d’un hectare à se partager. Ce qui correspond globalement aux plus grandes surfaces proposées sur le lotissement soit 6000 m2 et 4000 m2. Les ateliers proches de la baie de Pont Mahé, situés à Pen bé, actuellement en friches, ne furent jamais mentionnés non plus dans les deux enquêtes ni dans le document « État initial » sur lequel elles s’appuyaient.

Le lotissement conchylicole (nous évitons d’utiliser le mot « parc » qui prête à confusion, car dans la réalité il s’agit bien d’une division en propriété de plusieurs unités foncières destinées à être bâties et desservies par un réseau viaire) est une incertitude pour certains professionnels, un risque financier pour d’autres, une opportunité pour quelques-uns et une dépense inutile pour ceux qui préféreraient rester sur leur site actuel et se moderniser. Contrairement aux arguments avancés par l’ancienne municipalité et Cap Atlantique, le lotissement ne développera pas la production de la mytiliculture au-delà de son niveau actuel, ne créera pas d’emplois supplémentaires dans la production (les emplois oscillent depuis une vingtaine d’années entre 80 et 100) et aurait pu tout aussi bien se faire dans d’autres lieux qui présentent l’avantage essentiel d’être déjà artificialisés.

Nous invitons tous les élus de la communauté d’agglomération, qui ont voté à l’unanimité une décision impactant une partie du territoire de la Presqu’île, à venir sur place pour visiter cet espace en proche littoral devenu rare donc précieux. Un rapport sur papier, bien qu’il soit indispensable pour compléter un savoir, ne remplace pas la réalité du terrain.

2 commentaires sur “JEUX DE RÔLE”

  1. Je pense qu’aujourd’hui avant tout autre projet il va falloir revoir l’assainissement total de Pénestin .
    Tous les ans cela recommence : pluie,orage, pollution de la mer,bactéries : résultat pèche interdite
    coquillages impropres à la consommation (MOULES),baignades interdites, foule chez le médecin etc
    et cela concerne non seulement les mytiliculteurs,mais toute la population Pénestinoise.
    Cà n’est pas une fake news .

  2. ON NE VA PAS QUAND MÊME PAS RECOMMENCER?

    Tous ceux qui ont combattu l’acharnement de l’ancienne municipalité à vouloir à tout prix créer quelque 500 parcelles d’habitations légères de loisirs pour favoriser au mépris du droit du littoral le regroupement des campeurs-caravaniers, dont certains à proximité immédiate du rivage, savent parfaitement à quoi s’en tenir quant aux aux conclusions favorables des commissions d’enquêtes qui se sont successivement prononcées sur les projets finalement censurés . Balayant d’un revers de manche les objections les plus argumentées, les plus documentées et les plus sérieuses quand elles consentent à les mentionner en quelques lignes à peine, cramponnées comme l’huître à son rocher aux projets qu’elles semblent plus soucieuses de promouvoir que d’évaluer objectivement au regard des contestations reçues, ces commissions se sont entièrement décrédibilisées aux yeux de beaucoup de Pénestinois quand ils se sont aperçus qu’en dépit des conclusions globalement favorables des enquêteurs et même – et c’est un comble de l’appui de la Préfecture! – le Tribunal administratif de Rennes d’abord, la Cour d’Appel de Nantes ensuite et enfin le Conseil d’État n’avaient pas hésité à censurer un projet dont la réalisation à marche forcée et en violation de la loi a coûté fort cher à la majorité des contribuables Pénestinois. On doit à la vérité qu’en contrepartie certains autres, pas toujours nécessiteux, s’y sont enrichis dans des échanges de parcelles très favorables et avec eux tous les conseils juridiques et techniques de la Commune mobilisés pour soutenir à grands frais ce qui devait se révéler définitivement insoutenable. Et malheureusement, le chemin qu’on semble prendre dès à présent sur une toute autre affaire commence à remuer de mauvais et coûteux souvenirs chez tous les Pénestinois non attributaires des fameuses parcelles et qui n’ont pas oublié le passage en force de l’ancienne municipalité, dont ils retrouvent certains éléments dans la nouvelle.

    D’ailleurs à y bien réfléchir et vu la densité sidérante du contentieux foncier local pour une commune somme toute modeste, nul doute que l’Université de Nantes ou, sinon celle de celle de Rennes, ou pourquoi pas les deux ensemble, seraient certainement bien inspirées de créer à Pénestin même une antenne spécialisée dans l’urbanisme littoral, ce qui aurait l’immense et double mérite de créer quelques emplois sur la Commune et de fournir sur place et pour les dernières décennies un aperçu très riche de tout ce qu’il ne faut pas faire dans un espace naturel légitimement protégé. Ainsi, de multiples élus locaux de Bretagne et d’ailleurs ne s’y étaient pas trompés, qui attendaient impatiemment l’issue qu’ils espéraient favorable de la partie de bras de fer engagée à Pénestin pour répliquer sur tous les littoraux de France l’exemple des zones de regroupements d’habitations de loisir de Pénestin. On en tremble encore!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *