La cérémonie du 8 mai à Pénestin, entre silences et absences

Dans la cour de la mairie, pompiers, policiers et anciens combattants forment une ligne le long de son aile gauche. En face d’eux, la petite foule habituelle, peut-être un peu plus âgée qu’à l’accoutumée.

Et le maire, me dites-vous ? Je serais un piètre journaliste si je plantais le décor sans rien dire de son absence. Son absence tout court, et son absence des conversations. J’interroge M. Bauchet qui a endossé l’habit de maître de cérémonie.

« – Vous pourriez m’expliquer ce qu’il se passe ici ? Le maire n’est pas là. C’est vous qui présidez à sa place…

– Vous le savez très bien.

– Oui, mais c’est étrange. Vous ne dites rien. Vous faites comme si tout le monde était au courant.

– Vous cherchez des étrangetés partout. Tout est normal. En tant que premier adjoint, je remplace le maire empêché. »

Si les choses étaient « normales », on se demanderait mutuellement des nouvelles du maire. Quelqu’un l’a-t-il eu au téléphone ? Va-t-il mieux ? Non, rien, pas un mot. Au point que l’on en arrive à douter de la compassion suscitée par cet homme que d’aucuns présentaient il y a peu comme une victime. En ce jour, respecter les bonnes manières, c’est faire silence. Ceux qui savent se taisent. Ceux qui ont raté un épisode attendent patiemment le moment propice pour interroger ceux qui savent. 

Tout est symbole dans cette cérémonie peu bavarde

Des textes sont lus. Le maréchal De Lattre de Tassigny relate les dernières heures de la guerre en mai 1945. Mme Bretonneau, adjointe aux Finances, correspondante pour la commune de Pénestin de deux associations de défense contre les violences faites aux femmes, lit le message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Parmi la troupe des élus répartis en deux rangées sur la pelouse devant l’entrée, plusieurs (présumés innocents), dont Mme Bretonneau elle-même, ont été convoqués à la gendarmerie à Vannes, dans le cadre de la plainte pour agression sexuelle et harcèlement déposée contre le maire par une conseillère municipale. Absente. 

L’opposition a pris ses distances. Nadine Fransousky, Laetitia Seigneur et Dominique Boccarossa se tiennent à un écart de quelques mètres des élus majoritaires. Tout est symbole dans cette cérémonie peu bavarde, entre un passé encore proche et un avenir qui tarde à se dessiner. Tout à l’heure, au cimetière, ils ont déposé leur propre gerbe en hommage à ceux qui sont morts pour la République. Considérant que ceux (présumés innocents) qui n’en respectent pas les règles ne sont pas légitimes pour leur rendre hommage. 

Un oiseau chante à tue-tête sur le toit de l’immeuble en face. A lui seul, il couvre par moments la lecture des textes. Peut-être un oiseau rebelle échappé d’un poème de Prévert ou de la Carmen de Bizet, en écho à la liberté reconquise en mai 1945, et qui effacerait d’un coup d’aile discours convenus et silences complices.

2 commentaires sur “La cérémonie du 8 mai à Pénestin, entre silences et absences”

  1. tout part à vau l’ eau , cette municipalité ” stalinienne ” doit se dissoudre et la préfecture doit porter son regard. Sinon , bel article , enfin plus , heu , moins long et sa touche de poésie magnifique .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *