Le préfet a signé l’arrêté d’autorisation environnementale de Loscolo et ne l’annonce pas sur son site internet…

L’arrêté est signé du 23 juillet, mardi. Je ne l’avais pas vu, comme personne d’autre autour de moi. Et pour cause, il n’est pas mentionné sur le site de la préfecture dont la dernière mise à jour de la page Loscolo date du 3 mai. En revanche, la préfecture (vous permettez que je la tutoie, je veux dire : que je la mette en minuscule ?) a assuré le jour même sa diffusion à la mairie de Pénestin, qui, pour une fois, la vérité m’oblige à le dire, l’a annoncé sans délai sur son site, assorti de points d’exclamation…

L’info n’est pas reprise en page d’accueil, elle se trouve dans la rubrique « Urbanisme et travaux ». Elle n’est pas non plus sur le site de Cap Atlantique.

Concernant la préfecture, l’obligation d’informer le public rappelée ci-dessous dans l’article 22 de l’arrêté, se trouve énoncée à l’article R181-44 du code de l’environnement. Mais… celui-ci, vérifications faites, indique certes la durée minimale de l’information, mais nulle part au bout de combien de temps après la prise de l’arrêté cette information doit débuter…

Disons sobrement que l’obligation d’informer le public n’a pas empêché grand monde de dormir. Sans doute une conséquence des vacances : il y a beaucoup de personnel absent ou qui a l’esprit ailleurs. A moins que… A moins qu’une autre hypothèse doive être considérée : ils ont peut-être honte de cette décision qui dans 6 mois, lorsqu’une loi encadrera probablement le principe du « zéro artificialisation », serait illégale. Et qui, aujourd’hui va à l’inverse de la politique largement consensuelle de la mobilisation générale pour la défense de la biodiversité. Aujourd’hui, elle est légale juste à temps. Est-elle immorale ? Opportuniste ? Le ministère de la transition écologique n’a guère dû être en mesure de peser sur la préfecture du Morbihan comme sur d’autres. François de Rugy était paraît-il occupé à autre chose. Tout cela n’est qu’une hypothèse…

jeudi soir, une balafre d’un kilomètre sur le site

Puisque je vous parlais de dormir, prenez donc avec vous les 25 pages de l’arrêté ce soir (https://www.mairie-penestin.com/upload/2019_07_23ap_loscolo_penestin.pdf).

C’est un document largement technique pour une décision tout de même assez politique, ainsi qu’on l’a perçu ces derniers mois. Sans ambiguïtés en tous cas. Article 2 – objet de l’autorisation : « La présente autorisation (…) tient lieu (…) d’autorisation de défrichement. »

Vous y trouverez quelques perles, comme le dernier « considérant » pour lequel on hésite entre une lecture juridique et l’aveu d’une vérité exprimée dans toute sa crudité :

Cet alinéa peut être rapproché du texte que l’on trouve sur le site internet de « Moutons Gloutons » (ça ne s’invente pas…), l’entreprise vannetaise qui a commencé le « débroussaillage » mardi et mercredi :

« Notre matériel spécialisé à forte capacité de coupe jusqu’à 25/30cm permet d’exécuter un travail de broyage radical de végétation en ne laissant derrière son passage qu’un broyât fin au sol. (…) Un seul passage de broyeur forestier et votre terrain sera mis à nu, vous retrouverez un paysage, une vue oubliée. »

D’ailleurs, l’article 8.2 fournit des informations sur les travaux préliminaires engagés cette semaine afin d’empêcher les batraciens de revenir après leur période de reproduction. La présence de ces espèces protégées empêcherait en effet les travaux de défrichement prévus à l’automne.

Enfin, les articles 23 – 1 et 2 réglementent les recours contentieux et gracieux, avec des délais de 2 mois et 4 mois selon les cas. Ces articles sont assez complexes : je laisse les personnes et associations concernées les étudier par eux-mêmes.

J’ajoute deux informations qui traduisent chacune à leur façon le nouveau rapport de forces que cet arrêté instaure entre partisans et opposants au projet Loscolo.

Le blog Pénestinlittoral a annoncé que l’ouvrage « Pénestin, main basse sur Loscolo » avait été « empêché de mise en vente au Carrefour Market de Pénestin ». Il parle de « mise sous pression » du gérant et d’intimidation. Pour ma part, j’ai ajouté un rectificatif à mon article sur cet ouvrage du 20 juillet, mais dans des termes plus mesurés, quoique plus précis, afin de ne pas trahir la confiance du gérant. Je vous invite à vous y reporter : http://www.penestin-infos.fr/penestin-main-basse-sur-loscolo-en-vente-au-prix-de-12-euros/ (je rappelle que cet ouvrage est en vente au Bateau Livre et auprès de Cappenvironnement. Je peux également pour ma part en procurer des exemplaires aux personnes qui le souhaiteront.)

La mairie a indiqué à une personne qui souhaitait proposer sa candidature au comité de suivi du projet Loscolo qu’en raison du grand nombre de candidatures, elle allait procéder à un tirage au sort. Pour ma part, demeurant dans la « zone 1 », j’avais adressé le 20 mai au service juridique de la mairie un courrier de candidature argumenté et détaillé. Je considère qu’un tirage au sort est une procédure méprisante pour les candidats, qui dispense les responsables de lire et d’étudier les courriers qui leur sont adressés. Je vais donc retirer ma candidature aujourd’hui même.

Voici pour conclure le début et la fin d’un intéressant article paru aujourd’hui dans Le Monde :

« Un autre monde semble disparaître, cette part que nous n’avons pas créée : celui de la nature sauvage » Par Virginie Maris

Un million d’espèces sont menacées, dont 6 000 en danger critique d’extinction… il est temps de « décoloniser la nature », de « suspendre notre assaut, de laisser la nature reprendre son souffle », exhorte la philosophe Virginie Maris. (…)

Par-delà la vitalité des écosystèmes, la société elle-même semble prête. Combien sommes-nous aujourd’hui à souhaiter cette rupture, à reconnaître et à respecter l’altérité du monde sauvage, à vouloir mettre fin au pillage qu’organise un petit nombre de puissants aux dépens de tous les autres, humains et non-humains : celles et ceux qui refusent de s’asseoir sagement sur les bancs de leur classe pendant que leurs aînés saccagent le monde dans lequel il leur faudra survivre ; qui marchent pour le climat et la justice sociale ; qui désobéissent pour éviter l’extinction ; qui acquièrent des terres dans le seul but d’en faire des réserves de vie sauvage ; qui s’opposent aux grands projets inutiles ; qui inventent des pratiques paysannes et agricoles respectueuses des milieux… Ne sommes-nous pas infiniment plus nombreux que les cyniques et les technophiles, nous qui croyons qu’un monde sans vie sauvage ne vaudrait finalement guère mieux que la fin du monde ? »

3 commentaires sur “Le préfet a signé l’arrêté d’autorisation environnementale de Loscolo et ne l’annonce pas sur son site internet…”

    1. Il a été nommé, mais il ne prendra ses fonctions que le 5 août. Le préfet Le Deun qui a signé l’arrêté est en poste jusqu’au 4 août au soir.

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