par Edwige Jarczak
La friche de Loscolo est en partie débroussaillée. Les chênes sont maintenant nus et à découvert, on dirait qu’ils nous font signe avec leurs branches. Ils sont là depuis 30 ans, et rêvent d’imiter leurs ancêtres, comme celui de Rigney planté sous Louis XIV, ou celui de Bresilley planté en 1640. Mais nos descendants verront-ils un jour un chêne planté sous Macron (ou Mitterrand il y a 30 ans…) ?
Ces chênes vont être abattus, on le sait maintenant. Ce mot fait froid dans le dos. L’heure n’est plus à la rigolade, c’est la tristesse et la colère qui domine. On est loin de l’époque où, dans « L’hommage à la friche », les animaux donnaient tous les soirs un concert. Les oiseaux sont toujours là, ils survolent la friche, se posent dans les arbres et font un raffut de tous les diables. Quelqu’un a accroché des boules de graisse aux branches, ils se régalent. Mais la broyeuse est passée, et c’est le silence à ras de terre. Que reste-t-il de cette vie qui grouillait dans la terre ?
La friche de Loscolo, un paradis pour les poètes et les rêveurs, est en train d’être saccagée. Je pense à l’anthropologue Philippe Descola qui parle de l’appropriation prédatrice que s’arrogent les hommes sur la nature, comme un produit.
Allez donc saluer les chênes dans la friche. L’accès est interdit mais on peut faire le tour. Et rêvons au miracle. Rêvons et pensons à ce que nous dit Philippe Descola. Ces chênes sont-ils à nous ? Et les reptiles, et les petits mammifères, et les insectes ? De quel droit disposons-nous de vie et de mort sur leur existence ?
Dans un article du Monde du 2/3 février, on apprend que cette semaine se réunissent à Bruxelles des experts qui vont discuter d’un « nouveau cadre réglementaire de protection de l’environnement ». La protection serait fondée sur « la préservation des services rendus par la nature, non pas sur la protection de la nature elle-même. » Des espèces qui n’apportent aucun service aux humains pourraient être détruites en toute légalité. Ce scandale confirme, au-delà de ce que nous pouvions imaginer, le propos de Philippe Descola.
Accrocher des boules en pleine nature, dans ce cas, c’était évidemment symbolique, étant donné la situation de la friche et son devenir…
Je ne savais pas que les filets pouvaient être dangereux, mais le mieux est de les fabriquer soi-même dans des pots de yaourts. Quant à la graisse animale, elle est recommandée même par la Hulotte (une référence !), et d’ailleurs la plupart des oiseaux ne se gênent pas pour manger de la viande. Il ne faut pas trop nourrir les oiseaux aussi parce qu’ils pourraient désapprendre à chercher leur nourriture eux-mêmes. Un excellent document est disponible sur ce sujet :
http://www.fcpn.org/activites_nature/Archives-gazette-des-terriers/aider-les-oiseaux-en-hiver/download
Je m’étonnes de voir accrocher une boule de graisse en pleine nature!!!
2 raisons font que les boules de graisse peuvent devenir dangereuses voire mortelles pour les oiseaux.
– Tout d’abord les boules de graisse conditionnées avec un filet peuvent constituer un piège pour les petits oiseaux. Même si les accidents sont rares, mieux vaut prévenir que guérir! Ainsi il est recommandé de retirer les filets plastiques qui conditionnent les boules de graisses que vous avez chez vous. Vous pouvez aussi utiliser des boules de graisses sans filet .
– Les boules de graisse pour oiseaux peuvent aussi être dangereuses en raison de leur composition. En effet beaucoup de ces produits sont fabriqués à partir de graisses animales (suif, graisse de bœuf etc.). En hiver les oiseaux se réjouiront de pouvoir compléter leur alimentation avec des boules de graisses, notamment pour pouvoir supporter le froid et l’absence d’insectes. Il est toutefois préférable de sélectionner des produits à base d’huiles végétales (évitez l’huile de palme). L’arachide constitue par exemple un excellent apport en lipides . Puis dès que le froid devient moins rigoureux, il convient de diminuer les aliments à base de graisses. Les oiseaux risqueraient de consommer trop de graisses par rapport à leurs besoins, ce qui peut mettre leur santé en péril.
A l’heure où l’écologie et la protection de la nature en général sont plus qu’une priorité, abattre à tout va et aller à contre-courant de l’histoire et des enjeux planétaires démontrent bien que pour certains courants politiques (de droite – j’assume cette précision – puisqu’il faut mettre les points sur les i s’agissant de Pénestin) on n’en est plus à un extrémiste près. Ce sont les mêmes qui s’étonneront que les falaises de la Mine d’Or s’écroulent à un rythme accéléré en raison d’un climat de plus en plus instable….
Il faut lire : extrémisme et non extrémiste (quoique…). Erratum de ma part.