Nouvelles du jour – samedi 21 mars

Des nouvelles d’un ami allemand qui n’est pas confiné. “En forêt, on est seul !”, dit-il.

Finalement, la nature se passe assez bien de nous pendant que nous sommes confinés…

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Aurélie Palud, jeune agrégée de lettres modernes, a soutenu sa thèse sur « la contagion des imaginaires : lectures camusiennes du récit d’épidémie contemporain », dont la publication est prévue cet été, aux Presses universitaires de Rennes. Elle nous éclaire, dans une interview au Monde, sur l’imaginaire social et intime de cette littérature.

« Quel est le premier récit d’épidémie, dans l’histoire littéraire, puis la période où celui-ci a essaimé ?

Il est fait mention d’une épidémie dans l’Iliade, d’Homère. Agamemnon tient captive Chryséis, la fille d’un prêtre troyen d’Apollon. Aussi Apollon envoie-t-il la peste sur l’armée grecque pour se venger. On trouve déjà l’association entre guerre et peste que la littérature des siècles suivants récupérera. Non seulement la peste émerge souvent en contexte de guerre, par exemple les prémices de la guerre d’indépendance italienne dans Le Hussard sur le toit, de Jean Giono [Gallimard, 1951], mais elle oblige les hommes à entrer en guerre contre la maladie.

Les romans contemporains se nourrissent de motifs littéraires pluriséculaires mais tendent également à les renouveler. Paru en 1947, La Peste, d’Albert Camus [Gallimard], a eu une influence sur des récits d’épidémie des années 1980-2000 : L’Aveuglement, de José Saramago [Seuil, 1997], L’Amour au temps du choléra, de Gabriel Garcia Marquez [Grasset, 1987], La Quarantaine, de J. M. G. Le Clézio [Gallimard, 1995], Un mal qui répand la terreur, de Stewart O’Nan [L’Olivier, 2001], Les Vertus de l’oiseau solitaire, de Juan Goytisolo [Fayard, 1990], et Le Mur de la peste, d’André Brink [Stock, 1984]. La résurgence de cette thématique à partir de 1980 n’est pas sans lien avec l’émergence du sida.

(…) Ces œuvres ont-elles toutes une dimension allégorique ?

De nombreux lecteurs savent que La Peste peut être lu comme une représentation de l’Occupation. C’est vrai, mais cette lecture a tendance à réduire les enjeux du roman. En réalité, les analogies se jouent à des degrés divers : ainsi, le Sud-Africain André Brink établit dans Le Mur de la peste une comparaison entre la peste et l’Apartheid. Les Afrikaners traitent la population noire et métisse comme des « pestiférés ». Derrière le « développement séparé » prôné par les autorités, Brink décrypte la langue de bois, puisqu’il s’agit bien d’exclure et d’assujettir un pan de la population. Dans Les Vertus de l’oiseau solitaire, l’épidémie inventée par Goytisolo est mise en relation avec une histoire espagnole fondée sur la ségrégation et la répression.

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Voici une annonce relevée par l’écrivain Éric Chevillard, dans sa “chronique du confinement”, dans Le Monde également :

« En cette période de confinement, ne laissez pas votre rêve d’écriture s’enfouir à jamais. Saisissez plutôt l’occasion d’avoir du temps pour rejoindre la masterclass dirigée par Eric-Emmanuel Schmitt et brisez, enfin, le mur infranchissable qui vous empêche d’aller au bout de votre rêve d’écriture. Depuis votre canapé, vous accéderez à l’inaccessible. OFFRE SPECIALE : 67 euros seulement les 21 leçons en vidéo, soit 3,19 euros par leçon. »

Tout de même ! Un peu de logique ! Si on peut briser un mur, c’est qu’il n’est pas infranchissable. Et puis, un futur écrivain qui écrirait sur son canapé… et qui serait sensible à une offre à 3,19 euros par leçon… Allons !

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Décès en France dus au coronavirus

Samedi 21 mars : +112 (562)

vendredi 20 mars : +78 (450)

jeudi 19 mars : +108 (372)

mercredi 18 mars : +89 (264)

mardi 17 mars : +27 (175)

lundi 16 mars : +21 (148)

dimanche 15 mars : +36 (127)

samedi 14 mars : +12 (91)

vendredi 13 mars : +18 (79)

jeudi 12 mars : +13 (61)

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Dans La Nausée, Roquentin se promène « dans une nuit sans présages » (p. 50). Et ce ciel ? Il semble annoncer quelque chose, mais quoi ?

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