On rase la friche Loscolo

Ces derniers jours, on se disait que décidément il ne se passait rien côté Loscolo et que maintenant, « ils » allaient sans doute attendre les Municipales de mars avant de décider si le chantier devait continuer ou pas. C’était le bon sens pour un projet aussi controversé. Un appel d’offres avait été lancé en novembre. En catimini. Il indiquait que le débroussaillage aurait lieu en décembre et le défrichement en janvier. Décembre est passé. « Ils » n’ont pas répondu au courrier qui s’inquiétait des espèces protégées actuellement en hibernation sur le site de Loscolo. Normalement, on effectue ce type de travaux à l’automne pour éviter de massacrer la faune.

On pensait qu’« ils » respecteraient ce qu’ils avaient eux-mêmes indiqué dans l’étude d’impact qui précédait les deux enquêtes publiques : pour préserver « l’avifaune, l’herpétofaune et la mammalofaune », les travaux auraient lieu en automne. Ceci est vérifiable dans le dossier publié sur le site de la préfecture du Morbihan : http://www.morbihan.gouv.fr/content/download/35855/265952/file/7-Chapitre-2Etat-initial%20-13-05-2016_pages%2053%20%C3%A0%2095.pdf, p. 59 à 70 et p. 303.

Mais ce matin, les téléphones sonnent le tocsin. Des riverains ont promené leurs chiens de bon matin et l’ont vu, l’employé de « Moutons Gloutons », avec sa grosse broyeuse radiocommandée. Tout seul. Le même qui en juillet avait dégagé le pourtour de la friche pour qu’on puisse y installer une barrière antibatraciens.

Philippe, l’employé, me reconnaît lorsque j’arrive et me souhaite la bonne année. On a beau avoir les deux pieds dans la gadoue, les bonnes manières ne se perdent pas. Il me fait aussi remarquer que l’on entend beaucoup d’oiseaux dans ce coin de campagne. Je me pince. Va-t-il sortir ses plus beaux gobelets pour nous offrir un café brûlant sur les cadavres transis, pétrifiés, tétanisés, des animaux de la friche piégés dans leur sommeil ?

Des militants de Cappenvironnement sont sur place. Philippe a stoppé sa machine. Il n’était même pas nécessaire que l’un d’entre eux aille se placer devant la broyeuse pour qu’il interrompe les travaux. « Ce serait du cinéma. Vous me dites que vous vous opposez : je m’arrête. » Il faut dire que la puissance de sa machine est telle que le simple fait de l’approcher lorsqu’elle est en marche fait encourir le risque de recevoir des éclats de bois projetés à une vitesse diabolique.

Il a failli verser…

D’ailleurs, il raconte qu’il a failli verser tout à l’heure, lorsque sa machine s’est brusquement enfoncée dans la boue. Il s’est rattrapé à un arbre. Et puis, lorsqu’il passe le long de la barrière antibatraciens, ses bottes s’enfoncent et créent des passages par en dessous qu’il lui faut ensuite reboucher. Il a le goût du travail bien fait, mais les conditions sont telles qu’il prend des risques et qu’il lui faut bricoler. Il lui faut travailler, il doit amortir sa machine. Un kamikaze ?

Dominique Boccarossa, le président de Cappenvironnement, vient de s’entretenir avec l’avocat. Avant de déposer un recours en référé, il faut se donner toutes les chances pour que cette procédure d’urgence soit jugée recevable par le tribunal administratif, qui déciderait alors de suspendre les travaux. Délai entre le dépôt du référé et l’audience : une quinzaine de jours. Durée des travaux pour le débroussaillage des fourrés d’épineux : 15 jours aussi. Durée des travaux à suivre pour le défrichement des arbres : 2 jours. Il est fréquent que les entreprises accélèrent les travaux pour terminer in extremis avant que la Justice tranche…

Philippe a relancé sa broyeuse. Le référé sera déposé demain. Le site de la mairie ne donne aucune information. Le comité de suivi n’est pas informé. Vous avez vos yeux pour pleurer. À moins que…

D’autres informations seront peut-être disponibles dans les prochaines heures ou les prochains jours sur la page facebook « Cappenvironnement écologie » : https://www.facebook.com/cappenvironnement.cappenvironnement.7

Vous pouvez aussi relire l’HOMMAGE A LA FRICHE, par Edwige Jarczak publié le 23 février dernier et repris dans le petit ouvrage collectif paru cet été, « Main basse sur Loscolo ».

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