« On veut la concorde »

Ce dimanche matin au marché, beaucoup évitent de se serrer la main ou de se faire la bise. Problème : vous avez décoché un sourire en croisant une connaissance, mais a-t-elle bien remarqué que cela voulait dire « Bonjour, comment vas-tu ? Et la famille ? Al Hamdullah ! » Une poignée de main, c’est tout de même plus explicite. Alors, parfois, dans le doute, on resourit une seconde fois, pour être bien sûr, ou bien on s’excuse : « Vous étiez en conversation, je n’ai pas voulu vous déranger. » Gérard Le Maulf esquisse un footshake lorsque j’esquive sa main tendue. En revanche, un camelot du marché semble mécontent que je désavoue son invite à un serrage de main.

Le moment est historique. Nous sommes face à une épidémie inédite et nous allons droit vers une crise économique majeure. Signe des temps, les éditorialistes tardent à philosopher (ce verbe n’a rien de négatif chez moi, vous le savez !) sur une situation qui laisse tout le monde dubitatif. Un virus parti de Chine, où le régime autoritaire a commencé par emprisonner médecins et journalistes et a retardé les mesures nécessaires. Li Wenliang, médecin à Wuhan, est mort à 34 ans du coronavirus qu’on l’avait forcé à abjurer.

Des chauves-souris porteuses du virus avaient migré de l’Indonésie vers la Malaisie en raison de la déforestation pour la production d’huile de palme. Elles ont contaminé les « civettes », espèce assez rare entre le chat et la belette, vendues vivantes – et illégalement -, sur le marché de Wuhan, pour leur viande et pour leurs crottes. Celles-ci entrent dans la composition d’un café considéré comme l’un des meilleurs du monde.

« Protéger l’environnement, c’est aussi protéger la santé publique »

On se risque peu à peu à dire que cette épidémie ne vient pas de nulle part, que « la protection de l’environnement et de la biodiversité n’est pas une idéologique romantique, c’est quelque chose de très pragmatique dans la lutte contre les maladies infectieuses » (Dr Rodolphe Gozlan, directeur de recherche en écologie de la conservation, sur ARTE le 7 mars). Et le reportage de conclure : « En clair, protéger l’environnement, c’est aussi protéger la santé publique au niveau mondial. »

Sur le marché de Pénestin, où nous en connaissons un rayon sur le sujet de la biodiversité après nos longs débats sur le projet Loscolo, deux futurs maires potentiels sont là, à 30 mètres de distance l’un de l’autre, entourés de leurs équipes. Ils ne se « calculent » pas.

Un colistier de Jean-Claude Lebas me raconte : « Jean-Claude est venu me voir l’été dernier. Je ne le connaissais pas. J’ai surtout adhéré à ce qu’il disait sur la démocratie citoyenne. On n’a jamais connu cela à Pénestin. »

« Vous étiez hier soir à la réunion de M. Boccarossa. Que pensez-vous de sa proposition de dissimuler l’immeuble des Hauts de Vilaine en le végétalisant, le temps que se déroulent les négociations ? » « C’est une très bonne idée. Je crois que c’est ce qu’il faudrait éventuellement faire. » « Et sur les 30 logements destinés à de jeunes ménages qu’il veut construire à l’emplacement de l’ancien supermarché Unico ? » « C’est plus compliqué. Sur le PLU actuel, ce n’est pas une zone constructible pour des logements. Il faudrait le réviser et justifier ce changement. »

« Être maire, c’est un sacerdoce »

Autre discussion, avec des colistiers de Pascal Puisay. Je mets quelque peu les pieds dans le plat en disant que leur tête de liste a tenu parfois des propos un peu… « flous ». Il a parlé d’un projet de Maison Médicale, par exemple, sans avoir consulté tous les professionnels de santé concernés, qui y sont souvent opposés. « Oui, mais entre temps, il les a rencontrés. C’est évident qu’on ne peut pas faire ce type de projet sans que ce soit en accord avec les professionnels. » Un autre précise : « Pascal n’est pas un politique au départ. Il a beaucoup appris depuis un an ou deux. Être maire, c’est un métier, il faut se former. C’est même plus, d’ailleurs, c’est un sacerdoce. Quand on est maire, on est disponible 24 sur 24. »

Plus tard, Pascal Puisay passe devant des militants de l’équipe de M. Lebas. Il salue Philippe Bernard, mytiliculteur, avec qui je discutais. Je leur dis « Parlez-vous, je vais faire une photo ! » Je fais deux photos et la conversation entre eux se poursuit quelques minutes. Quelqu’un me dit : « On veut la concorde, on en a marre des conflits dans cette commune. » Le même mot, « concorde », que celui prononcé par Philippe Mirassou lors de la première réunion de Dominique Boccarossa… C’est vrai que les personnes qui se sont engagées sur les différentes listes ont en commun la volonté d’agir pour leur commune. Pénestin est un village : on se croise sans arrêt, c’est absurde de ne pas se dire bonjour. Absurde, mais encore fréquent ces dernières années, tous en témoignent.

Avec cette campagne, on a pourtant l’impression de changer d’ère, et même de changer d’air, pour tout dire. La parole se libère un peu, beaucoup sont allés aux réunions les uns des autres. On se parle, on s’écoute, on se salue, on se sourit… jusqu’à un certain point. Il reste encore du chemin à parcourir, mais pas à pas, c’est tout de même dans cette direction que l’on s’achemine.

Le dernier Conseil municipal présidé par M. Baudrais aura lieu ce soir à 18 heures. Il sera ouvert au public, le huis clos a été levé.

6 commentaires sur “« On veut la concorde »”

  1. Un colistier de Jean-Claude Lebas me raconte : « Jean-Claude est venu me voir l’été dernier. Je ne le connaissais pas. J’ai surtout adhéré à ce qu’il disait sur la démocratie citoyenne. On n’a jamais connu cela à Pénestin. 
    et ce serait donc avec jc Lebas adjoint pendant 12 ans du maire sortant que l’on se
    mettrait enfin à la démocratie citoyenne ?
    mort de rire .Mais de qui se moque t on ?
    un peu de sérieux . Votons pour l’original , par pour une mauvaise copie .

    1. J’ai laissé passer ce message bien que je sois en profond désaccord avec lui. La personne que j’ai interviewée m’a dit les phrases que je rapporte. Elle était sincère. Elle ne pense pas comme vous (ni comme moi d’ailleurs). Elle est différente de vous et cela vous fait rire. Cela me rappelle une vieille chanson, Le clown, que nous chantions quand nous étions jeunes : se voi non comprendete – si vous ne comprenez pas – almeno non ridete – au moins ne riez pas.
      C’est dommage d’écrire pour se faire plaisir, pour se défouler, pour resserrer les liens avec les siens et creuser la distance avec les autres. On appelle cela parfois le quant-à-soi. Il vaudrait mieux écrire pour débattre, se confronter à la différence, essayer de convaincre, et même analyser ses erreurs quand il arrive, exceptionnellement, que “l’autre” ait raison.

      1. retirez le puisque cela ne vous plaît pas …
        c bien gentil d’ être bisounours , mais je constate par exemple que sur le panneau lumineux devant l’église que les réunions publiques des candidats sont annoncées , enfin seules les 2 issues du cm actuel , pas la 3 eme ….la concorde …
        commencez , monsieur Cornu , par la délicatesse , c aussi une forme d’intelligence ….

        1. Si j’ai manqué de délicatesse, je vous prie de m’en excuser.
          Si vous voulez qu’un tricheur arrête de tricher, il faut bien à un moment donné sortir du jeu tel qu’il est, plutôt que de pratiquer indéfiniment la loi du talion. Nous avons d’ailleurs cette chance, puisqu’il s’en va et que l’occasion est là de reconstruire sur de nouvelles bases. Alors ce serait dommage que ce soit de votre côté qu’on entretienne le statu quo. Soyons pragmatiques, il faut bien sûr aller réclamer l’équité (et l’obtenir). Mais en tirer des conséquences sur la concorde, c’est dommage. C’est toujours compliqué de construire quelque chose de nouveau au lieu de reproduire le passé, et cela réclame des gestes des deux côtés.
          PS Cet après-midi, les réunions des trois listes apparaissent sur le panneau lumineux.

  2. Puisque nommé plus haut…

    Le 22 février dernier, lors de la première réunion de la liste « Le Bon Sens Pour Pénestin », j’ai fait une brève intervention dans laquelle j’ai parlé de « concorde ».
    Il s’agissait alors de rappeler que la mission première d’un maire est de susciter sur sa commune un climat anticyclonique harmonieux.
    À Pénestin, depuis 24 ans, les équipes municipales en place ont manifestement produit de la « discorde », donnant ainsi lieu à une météorologie désagréable faite de dépressions violentes et récurrentes.
    Mais… Créer du lien et de l’apaisement ne veut pas dire exclure de la cité le débat et la confrontation d’idées.

  3. Bonsoir,

    A propos de : « Et sur les 30 logements destinés à de jeunes ménages qu’il veut construire à l’emplacement de l’ancien supermarché Unico ? »

    Dire que c’est compliqué, comme le souligne un colistier de M. Lebas, c’est déjà reculé sur un projet d’envergure. Non ce n’est pas compliqué. Nous avançons. Notre accord avec le propriétaire est un premier pas. Notre liste est la seule a avoir franchi cet obstacle. Et en attendant que le PLU soit révisé (2021-2022) nous continuerons d’avancer. Une étude de faisabilité sera réalisée dès les premiers mois de la mandature.

    Comme vous avez pu le remarquer notre équipe n’était pas présente ce dimanche, jour de marché et « jour de concorde ». C’est une façon de faire. Mais il y a aussi d’autres moyens, tout aussi louable, pour échanger avec les Pénestinois. Notre projet édité sur un quatre pages est précis. Nos engagements écrits seront respectés. Nos trois réunions publiques et celle de samedi prochain affirment et détaillent ces engagements planifiés sur la prochaine mandature. Nous espérons comme M. Cornu six années et plus de « concorde ».

    Comme les deux autres candidats, je ne suis pas un politique. Et comme eux j’apprends. Nous avons réalisé en deux mois ce que les deux autres listes ont fait en un an. Tous nos colistiers ont une fonction sur la prochaine mandature, tous ont une connaissance des dossiers qu’ils régiront. La politique politicienne n’a pas sa place dans notre commune. Je/nous nous intéressons à la gestion et au développement d’un territoire. Non, Maire ce n’est pas un métier mais un travail, et du pragmatisme pour un résultat. C’est justement ce « professionnalisme » de la politique au niveau national qui a tué l’expression citoyenne. Représenter des citoyens au niveau local c’est agir en tant que citoyen avec les citoyens.

    Dominique Boccarossa

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