PlagesVid(es)J54

Texte proposé par JeF Luquet en réponse au précédent. Merci à ceux qui ont déjà envoyé des réponses ! Il est encore temps pour en proposer d’autres en commentaire à cet article ou au précédent.

 Rouvrir les plages !

JeF Luquet. Contribution, sans prétention ni amour propre d’auteur, à la réflexion pénestinoise confinée, mai 2020 initiée tardivement mais bien utilement par le blog “Penestin-infos”

 L’exercice est plutôt de corriger d’abord l’énorme bêtise faite, en confinant les gens qui ont choisi de vivre sur le littoral, de les empêcher de marcher et s’arrêter sur le sentier côtier, sur les grèves et les rochers, et d’y pratiquer sports et prélèvements déjà bien organisés en plus des règles covid (1000m, 60min,…).

Des plages pour qui ?

  • “Est-ce un argument ? La plage et les sentiers côtiers (qu’il ne faudrait pas oublier) font partie d’une culture et d’un mode de vie des habitants du littoral. Cela n’a pas grand’chose à voir avec la pratique estivale d’un certain nombre de vacanciers qui contribue, chez certains, au préjugé d’une promiscuité, les serviettes à touche-touche, et d’une activité somme toute de confort. Le besoin auquel correspondent ces lieux pour les Pénestinois relève d’une identité, d’une forme de positivité face à la vie sans laquelle cette dernière perd un peu de son sens. Comment dire cela plus simplement ?”

Donc il y a ceux qui vivent le littoral toute l’année. Comme les travailleurs de la mer (conchyliculteurs ici) ils réclament un traitement de (quelques milliers) de riverains.

Par ailleurs il y la promesse de plage pour ceux qui la pensent d’abord, avec ses sentiers et zones particulières accessibles, comme zone/temps récréatif. Ca concerne beaucoup plus de gens (quelques dizaines de milliers), pour qui elle relève du fantasme de libertés vacancielles, avec tous excès (de bronzage, de teufs, de baignades, de tripatouillage de coquillages et crustacés..) mais aussi avec toutes activités aussi respectables que les nôtres (flânerie, recharge en vitamines, marche, pêche, découverte de la nature , sports,…), par ailleurs aussi acceptables et attendues pour l’activité économique. Le « retour » des « vacanciers » inévitable et espéré pose d’autres questions liées aux affluences et aux saisonnalités, aux cultures non littorales. D’autres préoccupations aussi en lien avec capacités d’accueil, de déplacement, d’hébergement, de restauration…c’est la question du temps des vacanciers.

 Parfois les temps des uns et des autres se superposent, heureusement, nous nous croisons.

Qui va à la plage, où ?

Il faut bien distinguer le temps des vacances (et de certains WE ?) du temps des riverains.

Mais deux remarques :

  • qui est un « riverain » ? Avec nos temps disponibles et nos moyens de transport, « résidents » serait un terme plus adapté. Jusqu’où est-on « résidents ou résidents proches » ? Moi, de Pénestin, j’aime bien me sentir un peu chez moi dans le port de Vannes, ou sur les quais de Loire… La distance interministérielle actuelle de 100kms n’est peut-être pas totalement aberrante.
  • Il est urgent de prendre le temps, en observant qu’ici-maintenant  on se limite à la réflexion d’organisation pour les semaines qui viennent :
  • D’abord on est secoué par le Covid et extrêmement conscients actuellement de notre rôle individuel pour limiter sa propagation. Les gens ne feront pas, chez eux qui plus est, n’importe quoi. Et vouloir tout organiser avec comme priorité le dimensionnement de la maîtrise (voire de la police) des activités n’est pas le bon moyen, même s’il faut en tenir compte. Vouloir limiter fortement les usages de proximité pour ne pas « tenter » des populations plus lointaines n’est pas non plus acceptable pour les riverains, même s’il faut en tenir compte (perso, je saurai attendre pour aller visiter le zoo de Vincennes ou le Louvre… vu les circonstances). Il faut clairement aussi s’inscrire dans un scenario adaptable, modifiable, de façon souple et acceptée, d’où un besoin de communication fort (qui doit aller au-delà des panneaux d’interdiction…)

(Pour rire, s’il faut limiter plus, tout est possible ! pourquoi pas favoriser familles des personnels soignants, des forces de l’ordre, des enseignants, des gens qui connaissent un ministre…)

Définitivement, on a besoin de cohérence. Une offre de plages cohérentes se fait – avec de petites identités et responsabilités communale certes-à l’échelle d’un territoire plus vaste. Ici, la zone Golfe-Loire serait bonne ; à défaut, la presqu’île guérandaise. Par ailleurs la plage dans ce territoire doit être une possibilité (« une offre ») parmi d’autres : prévoir des aires d’accueil et de repos, de visite, sur la route et à proximité. Cela permettra de défocaliser la plage comme unique site de jouissance, au bout d’un chemin triste et longuet.

  • Mais il faut s’organiser pour vite réfléchir à la suite, au-delà des invasions estivales (ou pas), cette réflexion devant nourrir celles plus vastes sur la double vie des communes littorales, l’occupation des territoires et leurs usages, la préservation des paysages, des écosystèmes et des espèces, et autres métaphysiques de l’économie…. Ça tombe bien, beaucoup d’élus on fait des promesses de débats sur ces thèmes.

Aller à la plage, comment ?

  • “On parle beaucoup ces derniers temps du concept de « plage dynamique », qui suppose que « seules les activités physiques ou de promenade seraient autorisées, dans un premier temps. » C’est la proposition faite notamment par la mairie de Pornichet.”

 Ça peut-être un critère/définition pertinent pour rassurer les autorités car permet d’imaginer une police faisable, dans un premier temps… Un quidam immobile est un suspect à contrôler….repérable aussi par la population qui bouge…

Ça favorise des groupes d’utilisateurs particuliers (et c’est bien pour eux). Notons que ça entretient une représentation du littoral « ludique et pleine santé » assez curieuse -dénotant une réflexion typée campagnarde de l’intérieure ou citadine aisée. Ça renvoie aussi à une typologie d’usagers consommateurs susceptible de créer une forte tension côté monde touristique non autorisé ou pas tout à fait prêt (hébergements, consommation de bouche, équipements et évènements de masses?)

NB :  La plage est ce qu’elle est. (Une plage « dynamique » pour un écologue ou géographe est une plage qui bouge, et au plan de l’érosion et de la sédimentation, voire de la biologie, à Pénestin, on a ce qu’il faut comme plages plus ou moins sableuses dynamiques…). L’usage de la plage est une liberté individuelle, plus ou moins contrainte.

Ce qu’on vient y chercher ou y faire peut-être « dynamique » (plus ou moins, ou pas), c’est une prédisposition personnelle ou de circonstance. Pourquoi une personne serait-elle davantage privée de plage parce que sa préférence est l’isolement non dynamique, l’observation, la méditation ??? Pourquoi s’asseoir pour sortir son sandwich serait non interdit place de l’église, et mal vu (de loin) ou interdit pour un couple isolé loin sur la grève ??

Des règles (malheureuses) imposent (malheureusement) des contrôles ou un suivi. Imaginer des moyens suffisants pour, en permanence, rassurer les gens ou interdire tous excès manifestes est à ce moment utopique, comme l’est aussi l’idée qu’on pourrait plus longtemps interdire ici ou là. La municipalité, ou la gendarmerie, ou le préfet, penseront forcément qu’interdire certains temps économisera des forces. Il faut alors réfléchir aux temps intéressants pour les usages des usagers « socialement prioritaires »..Perso, je préfère me baigner entre 7 et 22h00, tous les jours, et quand l’eau est propre….

(Pour rire, s’il faut limiter plus, tout est possible ! Pourquoi ne pas ouvrir les plages que quand il pleut, ou quand il y a au moins un vent de force 4, ou qu’il fait moins de 15°… ou permettre le jogging après 19h00..).

Notons que sur le littoral notamment, les moyens d’assistance et de secours sont maintenant dimensionnés nominalement, et qu’aucune contrainte particulière ne peut être mise en avant à-priori pour limiter les usages.

Observons que chez nous, en rapport avec type d’activité, espace disponible, risque de trop de contacts, possibilités d’accès et de suivi,… la météo et les marées sont des atouts considérables pour organiser ce qu’il faudrait organiser.

(Pour rire, s’il faut limiter plus, tout est possible ! Limiter tous accès et usages 3h avant et 3h après la BM diviserait les emmerds quasi par 2)

Quel âge pour aller à la plage ?

  • “Il faut penser à la situation des enfants pour qui le besoin à la fois de sociabilité et d’activité physique est devenu impérieux. La garantie concernant la distanciation physique dépend des modes de surveillance que vous pourriez proposer.”

Les enfants ont une activité scolaire. Si on doit leur reconnaitre une « priorité » par moment, c’est en dehors des créneaux scolaires.

Les jeunes enfants sont toujours accompagnés, toujours à-priori distants des passants (au moins de ceux non équipés de chien sans laisse).

Les enfants plus âgés mais assez pour se retrouver seuls sur la plage sont citoyens à part entière de la plage.

Notons que certaines activités relèvent d’une pratique encadrée ou encadrable, avec des forces structurées (autour des Fédérations sportives, des professionnels, des syndicats, du monde de l’hébergement et de l’éducation…). A elles il faut d’abord faire confiance. Leur donner priorité reste discutable.

Mais au fait, tout ça à propos de limiter la propagation Covid, et de protéger donc les populations les plus fragiles : Et si on n’ouvrait (localement, à certaines périodes ??) les plages en priorité que pour nos aînés, bien accompagnés s’ils en ont besoin ?

  • Etc.

Zonation

Réfléchir à l’aubaine pour la préservation de zones sensibles (au piétinement, au dérangement, au bruit). Des zones amochées commencent à recevoir des tapis végétaux intéressants biologiquement, pour le paysage, et peut-être utiles pour limiter l’érosion.

S’il faut zoner passages et usages, ça concerne :

  • Les accès (dès qu’ils font moins de 2-?-m de large). Rq : contrôle « facile » des passages ainsi que des moyens de transport amenant les usagers,
  • Les sites de proximité des accès où il peut paraître correct de privilégier les moins mobiles d’entre nous,
  • L’identification de zones plus vastes, plus acceptantes, que d’autres

Un élément utile sur nos côtes est la marée : s’il faut limiter les temps de certaines activités/passages, pourquoi ne pas utiliser ce critère temps/espace ? Ex. tel usage privilégié ou limité 2h00 avant et après la BM 

Sens de circulation : à envisager très localement, pour aider à respecter l’éloignement des individus ou groupes, et leur qui étude. A ne pas penser, à terme, que comme facilitation des contrôles, ni pour le confort de certains usagers très riverains. Peut-être un point important sur côte à falaise avec nombre d’accès limités.

Quelles limites et quel accompagnement des autorités ?

Besoin de communication, de pédagogie. Sur le Covid, ne pas mollir, on sait maintenant faire !

Il faut prendre au sérieux cette saleté de maladie arrivant par ce petit virus.

Mais il faut aussi ouvrir des horizons, afficher notre confiance. Même si on sait que ce peut être provisoire, qu’il faudra peut-être reconsidérer les modalités, restreindre des activités, des zones ou périodes, avant de retrouver quelque chose qui ressemble au monde d’avant ou à celui qu’on veut pour après.

Pour la police, proposition s’il y a des oreilles pour l’entendre : privilégier le punitif rapide visant les actions à risque ou perturbant :

  •  l’axe sanitaire lié à la crise, pour fait réellement à risque.
  • la préservation des zones, milieux, paysages, écosystèmes, espèces qui n’ont pas choisi d’être là, et qui nous donnent beaucoup
  • la garantie des pratiques et usages autorisés 

Au-delà, pour la prévention et la pédagogie, il faut aussi du monde. Rappeler la nécessaire politesse due aux milieux et espèces (dont les riverains) qui nous accueillent.

Il est nécessaire de suivre l’application et les effets des  mesures mises en place, d’en rendre compte ; et d’utiliser les bilans pour les adapter sur des périodes finies.

5 commentaires sur “PlagesVid(es)J54”

  1. Les plages et chemins côtiers sont interdits depuis très longtemps aux chiens, chevaux, engins
    à moteurs à deux roues et plus, etc … et nous savons que ces premières mesures d’hygiène et de sécurité rappelées par des panneaux disgracieux ne sont pas respectées par de nombreux contrevenants mis également en garde sur les dangers émanant de l’érosion rappelés par des affiches qui polluent l’environnement.
    Forts de l’enseignement du passé, il convient que chacun s’amarre à sa fonction et en évitant de faire “des vagues” qui ne compliqueront que la situation ni exposer des dépenses supplémentaires de signalisation puisque il est démontré que toutes indications visuelles ne remplacent pas l’autorité des agents de police et de surveillance…. à la condition qu’ils descendent de leurs voitures et soient visibles …sur le sable !
    Qu’elles soient municipales ou préfectorales , autorités ne riment pas avec responsabilités
    alors que sanitaire se conjugue très bien avec arbitraire …

  2. rouvrir les plages, mais à tout le monde !
    sinon, la ” dynamique” , cela s’appelle du favoritisme .
    Oui, tout le monde est capable d’être raisonné .
    Quand sur facebook , je lis ” parisiens , restez chez vous” , la moutarde me monte au nez .
    Le ” vivre ensemble” , ce n’est pas ; vivons entre nous . Entendre” on a choisi de vivre au bord de mer ” faut il encore pouvoir !
    J,habite ici a Penestin, dans le rayon d1 m en bord de mer …que je ne vois pas , puisque mon rayon donne sur la falaise . Peu importe , je pense à ces familles coincées dans leur appart en ville et qui vous lisent ! eux , n’ont pas la verdure de Penestin.

    1. Le but était de faire des propositions pour un “dispositif” et des “aménagements” permettant la réouverture des plages. J’ai retiré de votre message une phrase désobligeante et une autre hors-sujet.

  3. Je trouve scandaleux de fermer les plages et d’ouvrir les commerces, mais cette phrase : “l’énorme bêtise faite, en confinant les gens qui ont choisi de vivre sur le littoral” me chiffonne. Comme si ces gens-là avaient un droit supplémentaire que les autres n’auraient pas. Les autres, c’est-à-dire les touristes, les vacanciers, les promeneurs, les randonneurs, les rêveurs, les voyageurs, les aventuriers… J’ai passé toute mon enfance et mon adolescence dans une banlieue parisienne, près des usines Flins, et j’y ai rencontré un grand nombre de personnes de qualité. Très peu de ceux-là ont eu d’autre choix que celui de rester vivre là où ils ont grandi. Le littoral, pour eux, c’était exclu dès le départ. J’ai beaucoup pensé à eux, confinés dans des petits appartements, devant des murs d’immeubles. C’est pourquoi quand on parle de “choisir de vivre sur le littoral”, c’est bien joli mais encore faut-il avoir le choix.

  4. À PARIS (MÊME EN HAUT DE LA TOUR EIFFEL), ON NE VOIT PAS LA MER…

    L’interdiction des plages, parcs et forêts est un absolu non-sens, puisqu’elle aboutit inévitablement à diminuer les surfaces disponibles pour des activités qui, exercées avec précaution, offrent bien moins de risques que le rétablissement des transports en commun dans le métro ou l’entassement de 450 passagers pendant de longues heures dans les aéronefs d’Air France. Certes cette “prohibition” n’est pas arrivée par hasard et elle a été prise à Paris à la vue des débordements parisiens en tous genres, avec des comportements de bobos incapables de la moindre discipline personnelle (selon Orange, un million de franciliens en ont profité dès le confinement annoncé pour quitter de toute urgence pour la mer et la campagne la capitale ou ses abords immédiats sans que, pour la plupart, l’exiguïté de leurs résidences principales ne le justifie).

    En clair, en dehors de Paris et de quelques autres grandes métropoles qui rencontrent les mêmes problèmes, les résidents sont parfaitement capables, à condition qu’on les informe correctement, de jouir en sécurité des grands espaces à proximité desquels ils ont choisi de vivre ou qu’ils fréquentent régulièrement. Et nul mieux qu’eux et leurs élus ne sait quelles dispositions de bon sens prendre pour éviter les abus, surtout “externes”. En tout cas, ce n’est certainement pas à l’Élysée, à Matignon ou au Palais Royal à partir d’une capitale sans littoral et largement étrangère aux choses de la mer, comme d’ailleurs à celles de la forêt , qu’on est le mieux placé pour dire aux quelque 65 millions de Français qui ont choisi de vivre ailleurs ce qu’ils doivent faire.

    Quant à la conception de la plage “dynamique”, elle correspond bien à la manie actuelle d’habiller de mots ronflants les initiatives les plus ordinaires. Depuis des milliers d’années que l’homme vit au bord de l’océan, s’il ne l’a jamais maîtrisé, du moins a-t-il acquis l’expérience que sur tout l’espace maritime comme ailleurs on ne fait pas n’importe quoi. Et ses riverains ne font pas partie de ces races versatiles, qui prétendent le matin que le masque est inutile, avant de rendre dès le soir son port obligatoire!

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