Réponse à “une simple question”

Mercredi dernier 3 août, je m’étonnais : la protection pour les hirondelles de rivage installée en juin dernier sur la plage du Maresclé avait été retirée, alors que les hirondelles étaient toujours là ( https://www.penestin-infos.fr/une-simple-question/ ) Aucune explication : comme d’hab, suis-je tenté de dire. 

Hier matin lundi, du nouveau : 3 panneaux réapparaissent sur la plage. Ils indiquent toujours : « Présence d’hirondelles de rivage – espèce protégée – Merci de ne pas s’approcher ». Efficacité : une colonie de vacances entière (40 à 50 personnes) est installée en fin de matinée autour du troisième panneau, les moniteurs adossés à la falaise. A retenir si le débat resurgit un jour entre panneaux d’information et barrières. Et une suggestion d’activités pour les colos : lire les panneaux et les commenter avec les gamins. 

Le temps n’est plus à prendre la biodiversité à la légère, ni à mettre dans la tête des enfants que tout cela n’a pas d’importance, on fait ce qu’on veut. D’ailleurs, une expérience de sensibilisation au ramassage des déchets est en cours, plage du Maresclé toujours, qui n’a pas envie de devenir la « plage aux tuyaux », déjà balafrée qu’elle est comme un sinistre signe avant-coureur. Originalité : initiative strictement individuelle, vocation à se multiplier. On en reparle bientôt.

Et ce matin, surprise du chef ! Les poteaux et les cordages coco ont été réinstallés ! Etrange : la mairie met des poteaux pour protéger les hirondelles, les enlève alors que la nidification est toujours en cours, puis les remet la semaine suivante. Allez comprendre quelque chose ! Et comme je l’écrivais la semaine dernière, je ne m’attendais à recevoir aucune réponse à la simple question « pourquoi ? » que je posais. Vous savez, cette question, c’est celle à la fois des enfants et des philosophes. C’est celle de l’intelligence qui s’éveille. Faire fi de cette question, l’ignorer, la snober, la mépriser, c’est comme dire à un enfant qui vous agace à force de répéter pourquoi pourquoi pourquoi : « ta gueule, petit con. On t’a concocté un monde pourri alors t’as le droit de te taire ! Silence !! »

Mais la réponse existe : il a fallu contourner les téléphones qui ne répondent pas, et les numéros introuvables, histoire que ces chieurs de citoyens nous laissent bosser en paix. La réponse à la question pourquoi est : « erreur humaine ». Quelqu’un aux Services techniques de la mairie a pris l’initiative de les enlever. Pourquoi (justement!) ? Ben, on sait pas trop. Il a trouvé que ça servait à rien. J’espère qu’un autre ne va pas se mettre à enlever les panneaux de signalisation pour la même raison. En plus, ce n’est pas rien, ça ne s’enfonce pas dans le sable comme dans du beurre, ces gros poteaux en bois, il faut manier une masse du genre costaud autant de fois qu’il y en a : 30.

Des excuses ? Vous rigolez ! Et l’article de la semaine dernière a servi à quelque chose ? Hors-sujet, comme aurait dit le commissaire-enquêteur du projet conchylicole Loscolo il y a 3 ans. Et les hirondelles ? Quelques oisillons ont dû trépasser sous l’effet conjugué de la chaleur, du stress et de la faim. Comme à la Mine d’Or où la méga-pelleteuse a arraché quelques nids, simple dommage collatéral, en même temps que des morceaux de la falaise classée, pour éviter que ceux-ci, les morceaux de falaise, pas les nids, chutent sur les cranes d’estivants. 

Vous cherchez la polémique ? Non non, je pose des questions avant que le silence avale tout et qu’on puisse dire, comme pour la Guerre de Troie de Giraudoux qui n’aura pas lieu (1) : mais non, vous faites erreur, ces poteaux et ces cordages ont toujours été là. C’est un peu comme le PV du Conseil municipal : il n’y a jamais eu de mission Ukraine à Pénestin (PV du Conseil de mai 2022 disponible sur le site de la Mairie). Le philosophe Spinoza avait sa réponse, optimiste, mais il est vrai que cet homme du 17e siècle n’avait pas pu imaginer les réécritures soviétiques ou yanquees de l’histoire au 20esiècle, ni la post-vérité désinvolte et destructrice de notre 21e siècle : « Le vrai s’énonce lui-même et indique le faux. »

(1) La pièce de Jean Giraudoux « La Guerre de Troie n’aura pas lieu » a été créée en novembre 1935. Elle annonçait la Seconde guerre mondiale, et jouait avec un humour cruel de toutes les ressources du camp de la paix pour tenter de l’éviter. Lorsque celui-ci semble « gagner la paix », le personnage d’Oiax revient ivre et provoque Hector, déclenchant la guerre. 

4 commentaires sur “Réponse à “une simple question””

  1. Chez les moines ? Oh, vos billets nous manqueraient ! Et moi qui ai lu cette réponse à la “question” en trouvant sur cela avait goût de trop peu. Spinoza, Giraudoux d’un coup d’hirondelle, c’était chouette !
    J’ajoute aussi que trop peu de gens osent dire ce qu’ils pensent. Alors ce blog, c’est un vrai rafraîchissement !
    Merci
    Béatrice

    1. Merci Béatrice ! Oui, enfin, des moines orthodoxes peut-être. Leur spiritualité n’empêche pas un côté coach sportif chez beaucoup d’entre eux.

  2. Bonsoir. Je lis régulièrement vos papiers mais malheureusement pas jusqu’au bout car vous semblez aimer vous écouter/lire. Un peu plus de consicion-sans être trop simpliste néanmoins- permettrait peut-être une meilleure écoute. Cordialement

    1. J’aime écrire. Et quand je déprime, écrire me fait du bien. Je connais des auteurs qui aiment s’écouter : par exemple Régis Debray et même Sylvain Tesson… Je ne croyais pas aller dans leur direction, mais peut-être qu’à force d’écrire, la rédaction devient plus facile et du coup je cède au plaisir un peu narcissique dont vous parlez. Je vous avoue que je me posais la question aussi. Alors que faire ? Un stage de mutisme, une pause de silence ? Chez des moines peut-être ? Il faut dire que je parle déjà dans le désert : entre ceux qui admettent discrètement qu’ils sont d’accord avec ce que j’écris, mais ne peuvent pas se permettre de le dire publiquement, et ceux qui me laissent m’agiter en rigolant à mi-voix, j’en viens à parler tout seul. Je vous suis d’autant plus reconnaissant de votre parler vrai.

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