Elvina a 30 ans, elle vit à Billiers. Sandra, 27 ans, est de Ambon. Max, 27 ans, de Pénestin. « En fait, ce qu’on veut, c’est changer le monde. » La voix d’Elvina ne tremble pas et le ton est presque celui de l’évidence. Elle poursuit : « Si on fait ses achats en Ourses, ce n’est pas juste ‘je viens, je consomme ‘. Ce n’est pas qu’un service. Il y a un truc humain. On prend le temps de la conversation, il y a un échange. Je suis impatiente d’arriver à vendredi pour aller au marché de Muzillac. La plupart des marchands chez qui je vais d’habitude prendront les Ourses. »
Tous en sont persuadés. Le lancement d’une monnaie locale sur les Pays de Questembert, Muzillac, La Roche Bernard et Pénestin est un véritable événement. Il a eu lieu ce week-end au marché bio de Muzillac. OURSE, cela signifie : « Organisons Une Réappropriation Solidaire de l’Économie » Cette monnaie n’a pas vocation à se substituer à l’euro, mais à être une monnaie complémentaire et citoyenne. Chacun dispose d’une liste des commerçants qui acceptent l’Ourse. On les appelle les prestataires et ils adhèrent à une charte : chez eux, on sait qu’on achète local, durable, éthique.
J’interroge Max, le Pénestinois. « Demain matin, est-ce qu’on va voir une différence à Pénestin ? » Affaire de géographie personnelle semble-t-il ! « Ça ne va pas se voir tout de suite. Mais on pourra aller chez Patricia, Brigitte, Lili, Coline et acheter ses légumes ou payer sa bière en Ourses. » Traduisez : à l’épicerie bio du centre bourg, à l’ancienne chapelle et à L’Annexe de Tréhiguier, au Bateau Livre. « Au début, ça va faire drôle. C’est comme jouer au Monopoly. Mais ce qu’on ressent avant tout, c’est de la fierté. On va devenir des consomm’acteurs. »
Lui et Sandra participent au groupe de travail depuis 6 mois à peu près. Avec l’aide de la graphiste Joëlle Mouriaux Demeter, ils ont conçu les billets, préparé les affiches et les dépliants pour présenter le projet. Pour la plupart des membres, le déclic a été le documentaire de Mélanie Laurent, « Demain ! », qui présente une série d’options constructives face à un avenir bien sombre. Ils ont découvert l’économie. « Au début, on n’y connaissait rien. » Maintenant, ils en parlent avec passion. Une monnaie sans flux, sans données électroniques : ni chèques ni cartes bleues. Une monnaie sans spéculation, surtout. De l’économie réelle à 100%, ancrée dans le local.
En 2008, en Grèce, au plus fort de la dernière crise financière et des mesures drastiques imposées par le FMI à leur pays, des villages ont créé des monnaies locales. C’était une sorte de troc amélioré. Mais grâce à elles, ils ont pu continuer à échanger les produits de base alors que le chômage atteignait des sommets et que les salaires et les pensions en euros avaient été laminés. Ils ont même pu créer des emplois, rémunérés en monnaies locales. D’autres sociétés en crise comme l’Argentine et le Mexique ont mené des expériences similaires.
Max : « Notre pouvoir d’achat, c’est un pouvoir politique. On part de la consommation et on s’en sert comme d’un levier pour changer les choses. Maintenant, on est dans le concret. Il faut essayer pour voir si ça marche réellement. C’est une affaire de confiance, il s’agit de donner une impulsion. » Elvina est partie rattraper son petit garçon qui s’est faufilé sous une table. C’est pour lui, certainement, qu’elle veut « changer le monde ».
Une réunion publique aura lieu le vendredi 12 octobre à 18 h 30 au Bateau Livre.
Toutes les informations sur la page facebook « ourse.mlc ».
Pour adhérer, acheter des Ourses, un numéro qui ne fonctionne que par sms : 06 81 35 98 99.
Et bien bravo à tous les amis! Très belle initiative et en souhaitant longue vie à l’ourse! 👍👏🏼👏🏼😃