Une première Réunion Citoyenne rassemblant des habitants et des élus de 6 communes, dont Pénestin, a eu lieu à Marzan le 7 janvier

80 personnes venues de 6 communes qui réfléchissent ensemble sur les changements qu’elles aimeraient voir « dans nos villages et dans la dynamique inter-communale » : voilà une mise en pratique de l’intelligence collective susceptible de faire émerger quelques idées encore inédites. Il faut pour cela que se crée une alchimie entre un contexte général favorable aux réflexions de ce type, une bonne organisation, et une impulsion.

Un tremplin pour « une réflexion citoyenne de terrain »

L’impulsion est venue de Marie-Laure Thierry, une résidente de Marzan qui s’est lancée il y a peu dans la création d’une Maison des Citoyens de Marzan, puis du Morbihan. Elle s’inscrivait dans le cadre d’une initiative engagée en 2016 par l’écrivain et cinéaste Alexandre Jardin. 200 Maisons ont déjà été créées. Leur objectif : être un tremplin pour « une réflexion citoyenne de terrain », mettre en lien ceux qui agissent localement afin de susciter un partage de leur expérience, faire dialoguer citoyens et élus locaux « pour évoquer de façon concrète les problématiques et leurs solutions ».

“Marilo” est une femme de 40 ans, ergothérapeute de profession, et qui n’est ni élue, ni encartée, ni même « gilet jaune », d’ailleurs. Son engagement est antérieur. Elle n’a même pas créé d’association : son initiative est totalement personnelle. « Je me suis engagée en 2015, au moment des attentats contre Charlie. J’ai d’abord créé des cafés débats qui ont tourné tous les mois dans les différents cafés de La Roche Bernard. J’ai arrêté maintenant, car j’étais seule pour trouver les sujets ! Je prolonge désormais cet engagement avec la Maison des Citoyens et avec ces rencontres citoyennes qui devraient se répéter tous les trois mois. »

Marilo sourit en expliquant que, bien que seule, elle sait maintenant avec l’expérience comment obtenir une salle, trouver un vidéoprojecteur, faire tirer gratuitement des affiches. Elle illustre parfaitement par sa personnalité et son histoire les idées qu’elle défend : oui, chacun peut décider de s’engager pour faire bouger les choses. Pas besoin pour cela d’avoir fait Sciences Po’. Il faut simplement de la volonté, des convictions, et un peu d’intrépidité… Simplement et rien de plus, avis aux amateurs !

« Notre proposition en une phrase »

Ce lundi 7 janvier, donc, dans la Salle Polyvalente de Marzan, on passe rapidement à l’affichage, sur un côté de la salle, des propositions de sujets de discussions. Chacun fait son choix, puis le débat s’engage pour une heure autour de 10 tables thématiques. Une feuille à remplir à chaque table indique : « notre proposition en une phrase », « nos idées et nos réflexions », « les actions concrètes » à engager, « la première action » en vue d’engager le processus, et si le groupe prévoit de se revoir pour une nouvelle rencontre.

Il y a ceux qui souhaitent défendre la biodiversité et dont le programme passe par l’information auprès des écoles, la formation des consommateurs et la prise de contact avec les syndicats agricoles. Ceux qui veulent produire localement : il est question de « free food » et des « incroyables comestibles ». On parle de « faciliter l’accès aux terres agricoles » pour les professionnels partisans du « respect de la nature et de l’animal ». Mais ne les prenez pas pour des hurluberlus ! Pour eux, il s’agit d’éviter de séparer les consommateurs et les producteurs et de montrer du doigt les agriculteurs : « Asseyons-nous autour d’une table et discutons ».

Les taxis solidaires, le partage de loisirs…

D’autres cherchent à améliorer l’aide « aux personnes isolées, réfugiées, en précarité ». Ils proposent de créer un annuaire de « l’existant » (associations, actions…) et de constituer un vivier de personnes qui se proposent pour aider à travers le soutien scolaire, les taxis solidaires, le partage de loisirs. Vous souriez peut-être… Mais nous vivons une époque qui ne se satisfait plus de prolonger le statu quo dans son affligeante pauvreté. Une époque où l’on prend conscience que les catastrophes écologiques et sociales annoncées ne seront – peut-être ! – évitées que si l’on accepte d’ouvrir les vannes de l’imagination et d’explorer des voies radicalement nouvelles.

Il est aussi question de protection animale avec la stérilisation des chats errants, du recyclage des déchets (il va falloir étudier les principes de la « déchetterie inversée »…), des transports, des limites de l’intercommunalité, de la culture, de la gouvernance locale partagée. Des liens se tissent, on se retrouvera dans trois mois, mais c’est encore loin et il se passera certainement beaucoup de choses déjà d’ici là.

Les 8 Pénestinois présents ce soir-là rentrent chez eux en se disant que peut-être cette diablesse de Marilo a su trouver la juste dimension pour une action efficace : 6 à 8 communes qui ont suffisamment de points en commun (elles longent toutes la Vilaine dans ses derniers kilomètres), mais aussi suffisamment de différences pour que la confrontation permette aux expériences des uns d’irriguer celles de tous les autres.

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