C’est un peu comme les rages de dents, ça se déclenche toujours juste avant un week-end. « Ah oui, c’est impressionnant ! », reconnaît le responsable des services techniques de la mairie. Le conseiller chargé de la sécurité, Gérard Picard-Brétéché a été prévenu quant à lui hier jeudi à 17 h 30. Ce vendredi matin, dès 8 h 45, il est sur les lieux : plage du Maresclé, côté Sud, vous savez, là où ils veulent faire passer les canalisations de pompage et de rejet d’eau de mer pour le projet Loscolo !
Une large fissure s’enfonce dans l’épaisseur du relief
Je ne peux pas vous dire quand cela s’est déclenché précisément. Jeudi matin, j’ai entendu un ruissellement inhabituel à la hauteur des barrières métalliques dans la partie du sentier qui est goudronnée, en direction de Loscolo. On distinguait aussi des écoulements assez abondants d’eau mêlée d’argile sur la plage. En fin d’après-midi, je passe par la plage pour aller en direction de Poudrantais et là, il y a de quoi rester médusé. Une cascade dévale les 8 ou 9 mètres de hauteur de la falaise en rebondissant de cavité en cavité à l’intérieur d’une large fissure qui s’enfonce dans l’épaisseur du relief.
Ce matin, cela a encore empiré. L’eau qui continue à ruisseler a agrandi les cavités. En haut, on voit que l’espace a été vidé sous le goudron du sentier. On peut s’attendre à tout moment à ce qu’il s’affaisse, au mieux, ou que l’ensemble s’écroule, au pire. Pas sûr que cela tienne jusqu’à lundi…
Face à l’ASVP (agent de surveillance de la voie publique), je plaide pour qu’on évite de fermer le sentier avant le week-end du 1er janvier et qu’on ouvre un passage bordé par des barrières sur la propriété qui se trouve juste en face, en anticipant ce qui était prévu de toutes façons à terme, à savoir reculer de 6 ou 7 mètres la limite de cette propriété. La loi autorise en effet la mairie à procéder par voie de confiscation (ou de réquisition, j’ignore quel est le terme exact).
La décision du policier municipal engage sa responsabilité à titre personnel, explique-t-il
Je suis frappé par sa réponse. En gros : cela demandera plus de temps, et dans l’immédiat, l’urgence est de sécuriser le passage en fermant provisoirement le sentier. La décision, me dit-il, ne s’impose pas seulement à lui dans le cadre de sa fonction officielle, mais aussi à titre personnel. Il ne se sentirait pas à l’aise si on laissait passer ici des gens dont la sécurité ne serait pas assurée.
Rien à redire : c’est argumenté et cela relève d’une réflexion profondément éthique. Bravo ! Cela fait plaisir à entendre au moment où l’approche de la nouvelle année suscite tellement de promesses et de résolutions creuses. A 11 h et demi ce matin, un arrêté municipal était signé, une déviation mise en place, et des barrières apposées afin de bloquer le passage sur la partie du sentier côtier susceptible de s’effondrer.
Reste à comprendre les raisons du phénomène, car si l’eau continue ainsi à s’écouler, non seulement l’éboulement d’une partie de la falaise est imminent, mais ce lieu, auquel nous sommes nombreux à être attachés et dont personne ne conteste la qualité paysagère, risque de subir des ravages qui le laisseront à jamais défiguré. Question : l’eau qui s’écoule et qui creuse la falaise est-elle de l’eau de pluie accumulée dans le sous-sol ces derniers jours ? Dans ce cas, elle devrait finir par se tarir. Mais dans le cas contraire, on peut se demander si l’on n’a pas affaire à la rupture d’une canalisation, qu’il serait urgent de localiser.
La mairie se donne jusqu’à demain matin pour vérifier si l’eau continue à couler au même rythme. Elle assure qu’il sera possible, en cas de besoin, de faire intervenir le service compétent de Cap Atlantique, même un 1er janvier. Affaire à suivre.