25 habitants dignes et déterminés réclament que soit enlevée la palissade de PVC gris installée autour du nouveau cimetière

25 personnes étaient présentes mardi matin 1er novembre devant le « nouveau cimetière » face à la pharmacie. Beaucoup d’entre elles, la plupart en fait, ont leurs morts dans ce cimetière. Y compris ceux qui ne sont pas Pénestinois de père en fils et ceux qui n’ont pas encore de cheveux gris. 

« J’ai ici la grand-mère de mon époux, une cousine, un oncle et une de ses fillesCela fait 4 personnes au total », me dit une habitante du centre bourg. Un autre Pénestinois vient là plusieurs fois par semaine se recueillir sur la tombe de sa mère. Il fustige « les assassins du beau ». Sur ce blog, il écrivait en août dernier en commentaire d’un article de M. Boccarossa : « Lorsque cette palissade a été construite, j’ai tout de suite été choqué et m’en suis ému auprès des artisans qui étaient présents. Ils m’ont dit que c’était une imitation bois. Quelle blague !! » ( http://www.penestin-infos.fr/cimetiere-de-penestin-se-recueillir-dans-la-laideur/ )

Un Monsieur âgé d’allure soignée tient entre ses mains une feuille de papier sur laquelle il a écrit au stylo : « Nos morts ont droit au beau. Nous leur devons tant. » On perçoit chez lui une profonde émotion. A sa gauche, les autres protestataires se sont rassemblés autour de la pancarte principale : « Respectez nos défunts. Enlevez cette palissade. » Des mots simples pour une protestation qui vire à la colère. 

Un manque de respect pour ceux qui nous ont quittés

Ce n’est pas banal de manifester un jour de la Toussaint à l’entrée d’un cimetière. Et pas banal non plus de manifester contre la laideur. Mais dans un lieu consacré au recueillement et au souvenir, celle-ci choque d’autant plus qu’elle s’apparente à un manque de respect pour ceux qui nous ont quittés et pour ceux qui viennent leur rendre hommage. Quelle idée ! Encercler les tombes d’une sinistre palissade en PVC gris qui évoque à certains une cour de prison et à d’autres un placard dans lequel on nous aurait enfermés !

« Il fallait faire du végétal ! », s’exclame une dame qui se dit scandalisée d’un tel manque de goût, de jugeote, voire d’intelligence tout court de la part de nos élus. Une haie. Ou des éléments de végétation sur une structure en bois. Pourquoi la mairie n’a-t-elle pas consulté la population, elle qui fait mine d’oeuvrer pour la démocratie participative ? Cela aurait pu donner lieu à une réflexion passionnante dans le cadre d’une commission extra-municipale. Mais au lieu de cela, elle a fait appel à un bureau d’études, encore un, payé avec l’argent du contribuable pour réaliser une « étude ». (On reviendra certainement sur ces « études » pseudo-scientifiques qui pèsent de plus en plus sur les budgets communaux et qui ne font – comme des stagiaires d’IUT ou de BTS qui ont eux aussi compris depuis longtemps la combine – que substituer une série de schémas chiffrés à une véritable réflexion.)

Mais tout dépend du cahier des charges remis par la mairie à ladite agence pour ladite étude, me direz-vous ! La question a été posée par MM. Bernard et Boccarossa, élus d’opposition, lors du Conseil municipal du 12 septembre dernier qui avait à se prononcer sur une régularisation concernant des « frais d’études » pour l’aménagement du cimetière. En voici deux extraits, consultables par tout un chacun sur le site de la mairie.

« Pas d’autres commentaires », conclut le maire

« M. Boccarossa : (…) Vu le résultat, à mon avis, vous devriez l’enlever.

M. le Maire : Nous sommes actuellement en contentieux avec l’entreprise et avec le bureau d’études.

M. Boccarossa : En contentieux pourquoi ?

M. le Maire : Nous n’acceptons pas les choses telles qu’elles sont.

M. Boccarossa : Vous n’acceptez pas parce qu’elle s’est déformée [sous l’effet des fortes chaleurs], mais vous acceptez l’esthétique.

M. le Maire : Pour l’instant, ce qui nous a été proposé n’est pas à la hauteur de ce qui a été demandé.

M. Boccarossa : parce que vous n’aviez pas demandé une clôture PVC ?

M. le Maire : On avait demandé une clôture PVC, oui.

(…)

« M. Boccarossa : Vous ne dites pas si vous acceptez ou pas cette palissade en PVC !

M. le Maire : Nous n ‘acceptons pas ce qui nous a été livré aujourd’hui.

M. Boccarossa : C’est vague ! Soit c’est l’état de la palissade, soit c’est la palissade elle-même.

M. le Maire : Pas d’autres commentaires. »

En refusant de corriger ses erreurs, le maire risque de s’enferrer

Il ressort de cette discussion que la mairie a bien demandé une palissade en PVC, mais le maire refuse d’informer ses administrés d’une façon franche et claire. Il se contorsionne pour ne pas répondre aux questions qui lui sont posées, tout d’abord sur le contentieux qui l’oppose à l’agence, et plus largement sur l’absence de concertation depuis le début de cette affaire. Plus il s’entêtera dans son refus, plus il risque de s’enferrer, en ajoutant à la démonstration d’erreurs passées celle de son incapacité présente à les corriger. 

Il risque de s’enferrer, certes, mais cela n’arrivera pas tant qu’il bénéficiera de soutiens qui, à ce jour, lui restent acquis. Le vote au Conseil municipal s’est conclu par 17 voix « pour » sur 19. Ces 17 voix incluent les 2 voix de la liste d’opposition de M. Lebas et un bon tiers de l’équipe majoritaire qui critique en privé la gouvernance de la mairie actuelle, mais vote sans gloire toutes ses délibérations (ou presque, le vote sur la vente du presbytère faisant exception). 

Ajoutons à cela que parmi les habitants choqués par cette offense faite à leurs défunts, beaucoup ont renoncé à venir mardi matin, préférant ne pas apparaître publiquement. Sous divers prétextes, ils évitent de mentionner la pression réelle ou supposée qu’ils subissent, pour cause d’intérêts parfois lilliputiens qu’ils croient devoir défendre. Il est vrai qu’être « bien vu » par la mairie ou par l’un de ses adjoints présente des avantages, mais est devenu plus difficile depuis deux ans, tandis qu’être « mal vu » entraîne des mesures de rétorsions de plus en plus rudes, et qu’entre les deux, l’espace s’est creusé. Mais on a toujours besoin d’un permis ou d’une autorisation quelconque, et c’est ainsi que vont les « petites lâchetés quotidiennes » dont parle la philosophe Cynthia Fleury dans un ouvrage bien-nommé : « La fin du courage ».

Un chiffre trafiqué et une explication erronée des raisons du mécontentement

Terminons par l’article de Ouest-France paru ce matin. Le journal ne s’est pas déplacé. Il a utilisé la photo et le communiqué de presse qui lui ont été adressés, puis a interviewé le maire par téléphone.

De cela, il découle un chiffre trafiqué : « une quinzaine d’habitants ». Sur la photo, on voit 18 personnes. Tout journaliste un peu expérimenté sait que cela signifie 3 ou 4 personnes « hors-champ » par rapport à la photo auxquelles s’ajoutent 5 ou 6 personnes déjà reparties au moment où elle a été prise, surtout un jour de fête religieuse et quand les participants sont en majorité âgés. Cela fait donc 26 à 28 personnes, proche du double, ce dont j’atteste en ayant été présent sur place. Par ailleurs, l’article ignore, et pour cause, que la majorité d’entre eux ont « leurs morts » dans ce cimetière. Au-delà de la falsification, c’est la partialité de l’article qui transparaît ici.

Il en découle aussi une explication erronée des causes du mécontentement : « le choix des matériaux choisis (sic) par la municipalité ». Les lecteurs du quotidien rennais ne sauront pas que tous critiquaient le manque de concertation dans l’utilisation de l’argent public et l’incompétence des élus de la majorité, alliée à un manque de respect pour les morts comme pour les vivants. 

Le journal reprend ensuite les mensonges et approximations du maire, laissant apparaître soit une collusion – je pèse mes mots – délétère avec celui-ci, soit une naïveté indigne du métier de journaliste : la palissade est désormais « propre et solide »« La preuve, elle a parfaitement résisté à la première tempête de ces derniers jours. » Cela s’appelle du culot. La tempête en question a été tellement « molle » que le maire lui-même a autorisé la tenue en soirée d’un spectacle pour Halloween à Petit Breton qui a réuni 400 personnes, alors que la Préfecture recommandait d’éviter les déplacements non indispensables. Comment minimiser un « coup de vent » et le grossir dans le même temps pour en tirer argument : c’est un sophisme à la Trump.

Quelle indignité et quel irrespect ! Ouest-France doit des excuses à ceux qu’il a humiliés

La suite de la citation du maire est pire encore : « J’ai d’ailleurs eu beaucoup de retours positifs d’habitants depuis quelques jours. » Voilà un autre sophisme, un pseudo-argument tellement facile à utiliser qu’il devrait faire partie d’un manuel pour édiles sans scrupules : quoi que disent les gens et quel que soit leur nombre, dites que vous en avez vu autant qui disaient le contraire… J’ai donné des chiffres et rapporté quelques témoignages dans cet article : que le maire en fasse autant. 

Et que Ouest-France réapprenne le sens du mot « vérité ». Le journal « sert la soupe » jusqu’à la dernière cuiller : « Le changement sera donc visible bientôt. Ce qui devrait rassurer les quelques locaux mécontents. » On n’en croit pas ses yeux. Un journal écrit par des journalistes qui épouse à ce point le discours d’un politique. Quelle indignité ! 

Et quel irrespect pour ceux qui ont eu le courage d’affirmer que leurs morts ne méritaient pas ça ! « Quelques locaux mécontents » ! Dites « une poignée d’indigènes hargneux » pendant que vous y êtes ! 

On apprend en tous cas dans cet article de Ouest-France que le maire n’a aucune intention de céder. Il continuera sans doute encore longtemps à humilier ceux qui expriment leurs désaccords avec lui. Il le fera tant qu’il bénéficiera des soutiens dont il vient d’être question. 

Ouest-France doit quant à lui, il me semble, des excuses à ceux qui ont exprimé leur colère de façon digne et déterminée et qu’il a lui aussi humiliés.

9 commentaires sur “25 habitants dignes et déterminés réclament que soit enlevée la palissade de PVC gris installée autour du nouveau cimetière

  1. Hi,

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    1. Habituellement, je rejette ce type de message en le renvoyant illico dans la catégorie “indésirables”. Celui-ci est plus futé. Pour 90 dollars, il propose d’acheter un logiciel capable d’écrire en quelques minutes des articles comparables au mien et destinés aux réseaux sociaux : articles attrayants, descriptions de produits, posts, mails, historiques d’entreprises, récits, publicités… C’est de l’intelligence artificielle, et ce logiciel a “appris son métier” en ingurgitant environ 100 millions d’articles de presse et scientifiques. Pour le moment, il ne fonctionne qu’en anglais.

      Pourquoi Lorrine m’a-t-elle choisi pour m’adresser ce message ? A-t-elle trouvé mon article tellement mécanique, prévisible, peu original, qu’une machine aurait été capable de le rédiger à ma place ? A-t-elle au contraire jugé que ses qualités de style constituaient un défi pour son protégé ? Veut-elle nous faire réfléchir sur des temps pas si lointains où journalistes et écrivains seront facilement remplacés par des robots et où le seul critère pour savoir à qui l’on a à faire sera : si c’est trop parfait, cela vient d’une machine ? Les profs ne sont-ils pas confrontés depuis plus de 10 ans à des devoirs, des mémoires et même des thèses qui doivent plus à wikipedia qu’à leur auteur officiel ? Après, on apprend à faire avec : on utilise wikipedia comme un outil et on note la copie sur la valeur de la synthèse effectuée à partir de ces sources et de la capacité à ne pas s’y noyer, ou sur la capacité à raisonner et à exercer son esprit critique face à ce type de données. Attendons-nous à un match humains / machines, qui ressemblera à celui qui a opposé les grands-maîtres des échecs à des machines joueuses qui essayaient de les imiter, ce qui n’a jamais valu en sens inverse…

  2. Pour apaiser les tensions et plutôt que d’enlever cette clôture pour la remplacer par ??? – ce qui couterait encore plus cher à la commune (et donc aux habitants) – la solution ne serait-elle pas tout simplement de la doubler d’une haie – type thuyas par exemple, la saison s’y prêtant – qui aurait déjà l’avantage de la cacher mais de ramener très rapidement aussi de la verdure dans le cimetière.
    Ceci dit, choisir une clôture en pvc (fabriquée à partir du pétrole à l’heure où l’on parle de plus en plus d’écologie) n’est pas très finot – si je puis m’exprimer ainsi. Quant à faire appel à une “agence” pour une simple séparation, les Pénestinois (ou leurs élus) sont-ils à ce point dénués de toute idée ???

    1. “haie type Tuya “. Mais c’ est justement ce type de haie qui a été enlevée pour y installer cette horrible clôture pvc !
      Cce genre de haie ne se fait plus depuis les années 1970. Une haie multi forme avec quelques bancs intercalés serait plus judicieuse . Et il faut enlever la verrue pour avoir la place . Quant aux carrés engazonnés , à l’ entrée , on peux y planter des arbres , c’ est effectivement la saison .

      1. Je me suis autorisé quelques modifications dans votre commentaire : je n’ai rien ajouté, ni modifié, mais j’ai retiré une phrase et deux parties de phrases. Je rappelle que les commentaires peuvent avoir une certaine vivacité dans l’expression d’une position ou l’exposé des arguments, qu’ils peuvent exprimer des critiques sur des propos ou des actions, mais que les attaques contre les personnes n’ont pas lieu d’être. Elles étaient d’autant moins justifiées que vous vous adressez à un anonyme. Si vous ne vous reconnaissez pas dans le commentaire sous sa forme actuelle, faites-le moi savoir et je le supprimerai.
        Gérard Cornu

          1. On me demande parfois de faire des efforts supplémentaires de clarté. Je passe votre message, mais j’ai passé une demi-heure à essayer, sans succès, de comprendre ce que vous voulez dire, et même ce dont vous parlez.

  3. Plutôt que d’avoir fait appel à une agence, pourquoi ne pas avoir fait le tour des cimetières des communes alentour, en y retenant les bonnes idées, en échangeant conseils et recommandations avec les municipalités voisines ?
    Quant à cette palissade en PVC, elle me fait l’effet d’une palissade de chantier comme on en dispose pour délimiter des zones en travaux.
    La municipalité de Pénestin est-elle si pauvre pour ne pas proposer mieux ?

    1. Merci pour ton message. Consulter les municipalités voisines, oui, mais en premier lieu les habitants de Pénestin, notamment ceux qui ont leurs morts dans ce cimetière. Tous fréquentent aussi d’autres cimetières et auraient pu apporter eux-mêmes des éléments de comparaison.

      Ensuite, on peut se demander si les élus de notre commune sont vraiment préparés à prendre des décisions comportant une dimension esthétique, finalement, assez nombreuses quand on y réfléchit. Le goût demande un effort, un intérêt, une envie de se former et de se cultiver : on peut s’étonner qu’aucun élu (de la majorité) ne fréquente le Ciné-club de Pénestin, et qu’ils soient si rarement présents aux manifestations du Bateau Livre. Enfin, le goût a une dimension collective, il correspond à un consensus obtenu à l’issue d’un débat. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Kant, dans sa “critique du jugement esthétique”. Mais il est vrai que la municipalité actuelle, comme la précédente, confond culture et animation (animation = quels activités et spectacles proposer aux estivants afin de les aider à occuper de façon distrayante leurs journées et leurs soirées)

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