Le devenir de Pénestin

A ceux qui s’interrogent sur le devenir de Pénestin, voici quelques réflexions sur le mélange de prévisible et d’imprévisible dont sont tissées les actions humaines.

Le Conseil municipal tenu lundi 26 juin a été, comme on pouvait s’y attendre, invalidé par le Préfet. Après le départ des trois oppositions, ils n’étaient plus que 9, le maire y compris. 9 sur 19, c’est moins de la moitié, comme l’expliquait Frédéric Bernard, colistier de Dominique Boccarossa, à une adjointe aux finances, Mme Bretonneau, qui ne maniait pas la même arithmétique… Le Conseil sera répété samedi 1er juillet à 10 heures. Bon courage !

Ce Conseil comptera 13 membres, dont deux entrants : sauf erreur Bruno Sicard, ostréiculteur, et Ingrid Bizeul, mytilicultrice. Jean-François Vallée devrait passer adjoint en remplacement de Christian Mahé.

On sort du cadre de la démocratie

Ce nouveau Conseil sera monochrome, composé de fidèles du maire. Cela signifie que l’on sort du cadre de la démocratie qui considère que le débat entre des opinions plurielles enrichit la qualité des décisions à prendre. Il n’y a pas d’exagération à dire que le caractère autoritaire du maire conjugué avec le caractère « suiviste » d’un certain nombre d’adjoints et de conseillers fera expérimenter à Pénestin les voies d’une tendance générale de notre époque à l’affaiblissement de la démocratie. Il suffit d’imaginer, à échéance de quelques années à peine, la façon dont certains changements drastiques, rendues nécessaires en particulier par le réchauffement climatique, seront imposés sans ménagements à la population (alimentation, transports, santé publique…), comme ce fut le cas cette année pour la réforme des retraites. M. Puisay n’a sans doute pas réfléchi à ces perspectives, mais il en sera un vecteur efficace.

Le nouveau Conseil sera instable, car soumis à un couperet : dès la première défection, il devra se dissoudre en vertu de l’article L 258 du Code électoral qui prévoit que des élections doivent se tenir lorsqu’un Conseil a perdu un tiers de ses membres. Ceux-ci étant 19 au départ, passer de 13 à 12 membres le fera chuter sous la barre. Cependant, il n’est pas exclu que M. Puisay parvienne à se faire réélire grâce à la maîtrise sans partage qu’il aura des outils d’information : bulletin municipal sans expression des minorités, comptes-rendus de réunions à la discrétion du maire, et surtout renonciation à toute transparence des commissions, notamment la commission d’urbanisme. On observera probablement des pratiques de l’ordre du népotisme, tant il est vrai qu’un pouvoir non soumis à la surveillance de contre-pouvoirs tend systématiquement à devenir abusif.

L’instabilité du Conseil sera renforcée par plusieurs facteurs. Tout d’abord l’âge des élus. Plusieurs adjoints n’avaient pas prévu de rester en poste durant les 6 ans d’un mandat. Joseph Lizeul aura 80 ans en 2026, Michel Bauchet 79 ans. Etc. Il est probable que les défections liées à l’âge se produiront avant cette échéance, peut-être assez vite. 

D’autres résulteront des poursuites judiciaires. Plus de la moitié des élus du nouveau Conseil en font l’objet. La lenteur de la Justice a biaisé le débat politique de ces derniers mois, soumis à un respect strict de la présomption d’innocence. Mais les mois qui viennent verront sans doute aboutir certaines procédures qui pourraient forcer plusieurs membres du Conseil à démissionner.

Un problème de compétence va se poser assez crument à la municipalité

La majorité a perdu avec la sécession des trois dissidentes, puis la démission de Christian Mahé, ceux parmi ses membres qui alliaient de la façon la plus visible engagement sur le terrain et auprès des habitants, compétence et pragmatisme. Cela peut être détaillé facilement pour chacune des 4 personnes concernées. Ceux qui ont repris leurs responsabilités ou le feront présentent peu de garanties de parvenir à les égaler. Dès lors, un problème de compétence risque de se poser assez crument dans la période qu’aborde maintenant la municipalité. 

N’oublions pas non plus que la mairie a bénéficié sans vouloir l’admettre durant ces trois années de la compétence exceptionnelle de deux de ses opposants, Dominique Boccarossa et Frédéric Bernard, qui ont constitué une force de proposition telle qu’on en trouve rarement, et parallèlement, malgré les obstacles, une force de contrôle et de critique qui a évité à la majorité de commettre de nombreuses erreurs parfois graves. La perte globale de compétences à laquelle nous sommes en train d’assister risque de se traduire par des errements, des bévues, des gaspillages, dont il faut espérer qu’ils n’auront pas de conséquences trop importantes pour la commune. 

Ce défaut de compétence vaut aussi pour le maire. Le premier Conseil municipal sans opposition tenu avant-hier, de façon illégale et inutile, en constitue sans doute un symbole. Le maire s’est laissé aveugler par l’idéologie, il a manifesté l’impulsivité qu’on lui connaît et montré une méconnaissance inquiétante des textes. Il a été encouragé dans son erreur par Mme Bretonneau dont le rôle auprès de lui n’a fait que croître ses derniers mois. Le maire est certainement capable de bonnes intuitions et il est susceptible de se faire seconder par des fonctionnaires compétents, tant à la mairie qu’à Cap Atlantique, mais on connaît sa tendance aux décisions hâtives et sa difficulté à dialoguer. Ne risque-t-il pas de devenir à lui-même, à défaut d’opposition, son principal ennemi ?

Je pense que les risques de dérapage d’un pouvoir qui tend à devenir irrationnel sont suffisamment sérieux pour nous obliger à être exigeants avec eux. Je me permettrai donc de leur poser à chacun une question et d’y insister sans relâche jusqu’à obtenir une réponse. On pourra me trouver désagréable, mais il n’y a dans ces demandes nul acharnement mis à part la conscience d’un citoyen. Nous vivons dans un village où l’on ne peut s’ignorer. Ou plutôt si, on peut, et c’est triste. J’ai entretenu avec M. Puisay des relations cordiales jusqu’en avril 2020, puis entre mars et juin 2022. C’est lui, pas moi, qui a mis fin à deux reprises à ces relations. Il en est de même avec Mme Bretonneau avec qui j’ai eu plaisir à converser lorsque l’occasion se présentait, depuis un colloque à Guérande en juin 2020 jusqu’au jour, en mai dernier, où elle a décidé de ne plus me saluer.

Notre époque réclame la présence aux avant-postes de décideurs de haut niveau

De M. Puisay, je voudrais savoir quelle a été son action depuis trois ans à la vice-présidence de Cap Atlantique à la transition écologique, quels efforts il a fait pour compléter ses compétences dans ce domaine, quelles sont ses convictions profondes, quels objectifs il s’est fixés et quels moyens il a obtenus pour les atteindre, quelles priorités il a définies, quelle est la nature de ses échanges avec les techniciens des services de Cap Atlantique, qu’a-t-il appris d’eux, que leur a-t-il apporté lui-même. On connaît un peu son rôle aux transports Lila, mais y a-t-il insufflé une problématique associant l’aménagement régional, l’écologie et l’évolution générale des transports à moyen et long terme. Quelles sont ses responsabilités concrètes dans le domaine du climat, puisque son titre est « vice-président à la transition écologique chargé de l’énergie, du climat et de la mobilité » ? Nous vivons déjà et nous nous apprêtons à vivre des épreuves d’une telle gravité, avant même la fin du mandat municipal en 2026, que la simple idée qu’un homme engagé dans la vie politique ait accepté une responsabilité de cet ordre sans y être totalement et profondément impliqué est insupportable. Notre époque réclame la présence aux avant-postes de décideurs de haut niveau. Le paraître et le semblant n’y ont plus leur place. Il est temps pour M. Puisay de répondre aux exigences de vérité qu’il évoquait durant sa campagne. Je ne demande pas mieux que de me laisser convaincre par un discours de vérité, même et surtout s’il s’accompagne d’humilité, et si c’est le cas, je m’en ferai l’écho avec honnêteté et sincérité. Dans le cas contraire, la colère d’Achille sera une référence faible pour qualifier mon état d’esprit.

De Mme Bretonneau, je n’attends pas d’explications sur son rôle d’adjointe aux finances de notre commune. Je fais confiance à la chef d’entreprise qu’elle a été. Mais chaque bulletin municipal, dont le dernier actuellement en cours de distribution, nous rappelle en page 2 que vous êtes aussi chargée des « violences faites aux femmes ». Etant femme vous-même, s’agit-il d’une mission que vous avez demandé à exercer ou que vous avez simplement acceptée ? En quoi consiste-t-elle concrètement ? Votre intérêt pour la cause des femmes est-il en rapport avec votre engagement en politique ? Quels types de dossiers avez-vous été amenée à traiter (dans le respect de la discrétion nécessaire à ces sujets à l’échelle d’un village, bien entendu) ? Quelles sont vos convictions concernant le statut des femmes dans le monde actuel ? D’où vous viennent-elles, car ce type d’engagement a nécessairement une dimension personnelle ? Existe-t-il des documents permettant de se faire une idée de ce qu’a été votre action depuis trois ans ? Avez-vous remis par exemple des rapports annuels ? Si oui, où sont-ils consultables ? Vous savez qu’il y a un sous-entendu dans ma question, que je n’expliciterai pas ici. Pouvez-vous, à nous citoyens aussi, nous parler « VRAI » ? Y compris pour exprimer des regrets ou des doutes le cas échéant. Mon exigence de citoyen est la même à votre égard que vis-à-vis de M. Puisay, puisque vous nous représentez vous aussi. Il est indispensable pour cela que l’on sache qui vous êtes. J’attends autant de votre réponse, plus encore peut-être, que de M. Puisay, et vous pourrez compter sur ma parfaite honnêteté. 

Des initiatives qui ne vous demanderont pas l’autorisation d’exister

La période qui démarre se scinde en deux phases. Dans un premier temps, nous allons nous désintéresser de vous, les politiques, nous allons redécouvrir qu’il y a une politique qui ne passe pas par les budgets et les institutions, mais par la vie quotidienne. Des initiatives vont fleurir qui vous ignoreront et ne vous demanderont pas l’autorisation d’exister. Plus votre pouvoir sera lointain et mieux nous nous porterons. Il y a beaucoup à attendre de cette période où nous allons respirer, réinventer notre identité mieux que votre « revitalisation » sans âme du centre bourg, et imaginer un avenir fait de luttes pour notre survie à tous et contre l’autocratie qui s’annonce. Une survie qui est aussi désir de vivre et de s’épanouir, le philosophe Spinoza appelait cela « conatus », demandez à Frédéric qui n’a rien demandé à personne pour organiser des conférences passionnantes… à Camoël. 

Puis dans une deuxième phase, il y aura des élections, nécessairement, dans 6 mois, 9 mois, un an tout au plus. Certains parmi vous veulent partir. Les pauvres ! Eux aussi ont le droit de respirer. Alors on reparlera de politique. C’est tout pour aujourd’hui. Ah, si, un mot ! L’expérience de ce blog arrive quasiment à son terme. Ces 5 années ont été passionnantes. Je vais passer à autre chose.

6 commentaires sur “Le devenir de Pénestin”

  1. PENESTIN INFOS va nous manquer !

    Merci pour votre style littéraire, votre engagement, vos informations locales, vos promenades émouvantes, vos réflexions philosophiques, vos bulletins météos, vos alertes environnementales, …. merci, merci !

  2. Tout est dit – et bien dit – dans l’article.
    C’est quand même, après seulement trois années de gestion de plus en plus chaotique, un beau fiasco pour le “semblant” de majorité. Alors qu’il aurait été si simple au premier édile de mettre en pratique ses “bonnes et louables intentions de campagne” de dialogues et de concertations…
    A croire que tout cela n’était en réalité que du vent ou qu’il n’ait dû céder, par manque d’autorité, aux pressions extrémistes de certains “piliers” du conseil pour que rien ne change.
    Quel gâchis mais surtout quel mépris pour les habitants !
    Il reste maintenant aux “gens de bonne intelligence” qui ne doivent pas manquer à Pénestin de travailler ensemble en toute transparence pour préparer les prochaines échéances afin de redresser la barre.
    Pour conclure plus légèrement : pour le blog, et même si, Gérard, tu songes à autre chose, j’espère qu’il restera en ligne ! ne serait-ce que pour conserver trace et témoignage des cinq années qui viennent de se passer.
    Restons positifs !

      1. Quel dommage d’arrêter là…. Vous avez sûrement de bonnes raisons, mais vu qu’il n’y a plus d’opposition officielle, comment allons nous tenir au courant de se qui se trame dans le dos des honnêtes penestinoises et penestinois qui veulent vivre en harmonie ?
        En tous cas merci pour la qualité de vos articles

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