Mercredi 12 juin, Mme Rozenn Guégan, maire de Sérent depuis 2023, publie un communiqué annonçant sa candidature aux prochaines Législatives dans la 4e circonscription du Morbihan (Ploërmel, La Roche-Bernard, Josselin). Elle avait déjà été candidate en 2022, battue par Paul Molac (député de la circonscription depuis 2012). Son suppléant sera un certain Pascal Puisay, maire de Pénestin. Ils sont tous deux membres du parti « Horizons » créé par Edouard Philippe en octobre 2021.
Mme Guégan, 49 ans, est titulaire d’une maîtrise de droit public et d’un DESS d’analyse financière et d’évaluation des politiques publiques (Université de Rennes). Elle suit actuellement un cycle de perfectionnement à Sciences Po Rennes intitulé « Executive MBA Transitions territoriales ». Après une carrière de consultante en finances locales et de gestionnaire administrative et financière, puis de gestionnaire et de chargée de mission à l’Université de Bretagne Sud (Vannes-Lorient), elle a entamé une carrière politique en devenant conseillère départementale du Morbihan en 2021.
Dans sa déclaration, elle indique notamment :
« Il est urgent de recréer un lien de confiance entre les Français et leurs représentations politiques. En tant que maire d’une commune rurale, je connais bien les réalités et les attentes de nos concitoyens. Je veux être leur porte-parole à l’Assemblée nationale. Nous devons dépasser les clivages stériles pour renouer avec l’esprit de concorde qui fait la grandeur de la République. »
« Je suis résolument tournée vers l’avenir, avec la défense du pouvoir d’achat, des services publics, la justice fiscale et la transition écologique que je souhaite inscrire au coeur de mon projet politique. »
« Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. »
Plusieurs personnes, à Pénestin et dans les communes environnantes, se sont étonnées du choix de M. Puisay comme suppléant de Mme Guégan. Certes, le député-suppléant « n’occupe aucune fonction, n’a aucun pouvoir et ne perçoit aucun émolument. » (Wikipedia) Mais il reprend les fonctions du député s’il démissionne (dans certains cas), s’il décède, s’il entre au gouvernement, s’il est investi par le gouvernement d’une mission de plus de 6 mois, devient membre du Conseil constitutionnel ou Défenseur des droits. A noter qu’il peut représenter le député en titre lors de réunions ou de manifestations, et cela nous intéresse.
Dans une campagne électorale où il est beaucoup question de la capacité des uns ou des autres à assumer telle ou telle fonction (M. Mélenchon s’est le premier dit « capable », il y a quelques jours, de devenir Premier ministre), il est légitime de rappeler les compétences indispensables à l’exercice des fonctions de député ou de député-suppléant et d’interroger les candidats sur leur effort pour les acquérir ou les développer. L’article 24 de la Constitution trace les contours du « métier » de député : « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l’action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. »
Entendons-nous bien : cela ne signifie pas que chaque député doit présenter les qualités d’un expert en matière de droit ou de politiques publiques. Le Parlement est l’enceinte où se confrontent les opinions, non les rapports de cabinets d’études. Une femme de ménage y a tout autant sa place qu’un avocat ou un médecin, c’est ce qui fait notre fierté vis-à-vis de nos institutions républicaines. Mais chaque député est représentant du peuple et cela réclame qu’il satisfasse un certain nombre d’exigences.
1 – La confrontation des opinions est le coeur battant de la démocratie. Elle suppose que l’on consacre du temps à écouter des opinions différentes des siennes. Elle suppose aussi une règle absolue : toute expression qui vous est adressée mérite réponse de votre part. Faire silence, ne pas répondre de façon argumentée à un interlocuteur qui s’est lui-même exprimé de façon argumentée, c’est dénier à celui-ci les qualités de raison et de légitimité qui en font un représentant du peuple au même titre que vous.
M. Puisay a entamé son mandat de maire de Pénestin en faisant l’éloge du « silence » dès son premier édito. A peine élu, il a tiré un trait sur ses promesses de campagne dans le domaine de la démocratie, tant représentative que participative. Il dissout les bureaux municipaux qui permettaient un échange entre majorité et minorité afin de préparer les conseils municipaux. Il renonce à publier des comptes-rendus des réunions de commissions. Aucune commission extra municipale n’est créée, malgré ses promesses. Son autoritarisme est tel que 3 conseillères municipales de sa majorité démissionnent fin 2022 en lui reprochant de ne jamais les avoir écoutées. Ce sera ensuite le tour d’un adjoint de la majorité, puis des 4 élus de la minorité de jeter l’éponge. Seuls 2 des 4 colistiers restants acceptent de rejoindre le conseil, lui évitant de justesse une dissolution et de nouvelles élections. Désormais, lors des conseils municipaux, le maire ne demande plus qui est contre et qui s’abstient, mais uniquement « qui est pour ? » [question subsidiaire : est-ce légal ?]
« Pour ceux qui se sentent en insécurité, je ne peux que m’interroger. »
La liste des formes que prend son mépris du débat démocratique serait encore longue. Fin 2022, lorsque près de la moitié des habitants de la commune signe une pétition pour protester contre la vente à l’évêché du presbytère de Pénestin, il se contente de répondre sur un ton sarcastique que l’autre moitié, qui n’a pas signé la pétition, lui est donc favorable. Les sarcasmes se poursuivent sur les réseaux sociaux face aux personnes de bonne volonté de la commune. Dernier en date, à propos d’un défibrillateur absent pendant 6 mois : « Pour ceux qui se sentent en insécurité, je ne peux que m’interroger. » Ses silences sont pire encore, sur les investissements par exemple (maison médicale, club nautique, système de vidéoprotection, clôture du cimetière…) (http://www.penestin-infos.fr/conseil-municipal-du-8-avril-2024/ )
Le cimetière justement. Depuis une première manifestation digne de 25 personnes, il y a un an et demi, qui protestait contre une laideur telle du matériau et de la couleur choisies qu’elle offensait le recueillement de ceux qui vont y visiter leurs morts, les protestations se sont multipliées face aux palissades trouées et aux planches traînant par terre. Aucune réponse, aucune discussion, aucun débat… Officieusement, on apprend que la mairie est en contentieux avec l’entreprise (certains disent que c’est faux…) et qu’un expert a demandé de ne toucher à rien. Dans ce cas, ce n’est plus seulement de l’écoute qui est demandée à un maire, mais un minimum de poigne : Vous, Monsieur l’expert, me demandez à moi, maire de Pénestin, de laisser en l’état pendant plus de 6 mois – 6 mois ! – un tel désordre dans le lieu où nous enterrons nos morts !? Maintenant, on arrête de rigoler. Je vous donne 3 jours pour remettre votre rapport et je fais tout remettre en place. C’est tout le respect que je dois à mes administrés. Et à nos morts.
Respect : voilà justement un mot que l’on aurait aimé entendre dans la bouche d’un maire dont on se demande s’il va à présent transposer à l’échelle de la circonscription, voire du débat politique national, les déficiences qu’il a montrées dans ses fonctions de maire.
A suivre.
Ping : M. Puisay, maire de Pénestin, possède-t-il les qualités pour être député-suppléant auprès de Mme Guégan (Horizons), candidate aux Législatives ? (2) - penestin-infos
Nombreux sont ceux qui partagent ce constat clair et concis; tu l’as écrit et partagé; la mémoire et le rappel des faits, c’est bien utile. Merci.