Botanique #10 : les trois visages du prunellier

par Edwige

Le prunellier nous montre trois visages.

Le premier, l’hiver, où il nous nargue de ses longues épines acérées, et ses branches noires se dessinent dans le blanc ou le gris du ciel d’hiver. Il s’entend à merveille avec l’aubépine et la ronce pour former des barrières impénétrables. Il menace ceux qui seraient tentés de les franchir. Nul humain ne s’y risque.

Le deuxième est en mars, un peu avant l’arrivée du printemps. Là, il se fait tout gentil, et il nous en met plein la vue. Ses petites boules blanches qui s’ouvrent très vite en fleurs délicates font le bonheur des promeneurs, d’autant plus que les autres arbres sont encore en sommeil. Lui, il se laisse admirer le premier.

Le troisième vient un peu plus tard, en mai ou juin, et on voit alors notre arbre paré de feuilles et de petites boules bleues foncées, immangeables par les humains, sauf quand elles sont blettes. Les oiseaux, qui guettaient ce moment, se jettent dessus, et voilà des repas assurés pour longtemps. D’autant plus que souvent, ils nichent dedans, car les branches denses et épineuses les mettent à l’abri des prédateurs. Que demander de plus ? Le gîte et le couvert.

C’est une plante rustique et envahissante, de forme buissonnante. Son nom savant est prunus spinosa et elle est de la famille des rosacées. Ses feuilles sont alternes, son bois est dur et sert à la fabrication de meubles. On l’appelle épine noire, contrairement à l’aubépine qu’on appelle épine blanche.

En Allemagne, le prunellier est considéré comme la grand-mère de la terre, parce que c’est le premier arbuste à se réveiller au printemps, et le dernier à faire des fruits, jusqu’au début de l’hiver. En somme, celui qui ouvre et ferme les portes de la belle saison.

3 commentaires sur “Botanique #10 : les trois visages du prunellier”

  1. Ce n’est pas un hasard s’il fait passer quelques idées positives, car son nom scientifique est le prunus spinosa, du nom de celui que Deleuze appelait « le prince des philosophes »…

    1. Non, non, ce n’est pas le philosophe Spinoza qui a donné son nom au prunellier ! Mais il est vrai qu’il a écrit sur la « béatitude ». Ou alors ce sont les axiomes, lemmes, etc. de son « Ethique » que beaucoup de lecteurs ont perçus comme des épines…

      J’ai aussi beaucoup aimé le petit mot de Paul.

  2. Ces prunelliers remplissent ma haie. Selon les saisons elle fleurit et fait des fruits et sert de gîte à beaucoup d’oiseaux, ce qui fait mon plaisir.
    De plus, j’ai remarqué que ces prunelliers ne laissent passer que des idées positives et des gestes aimables, ce qui induit un voisinage très agréable. C’est une qualité de ces arbustes que l’on devrait mettre en valeur !
    Enfin, je me réserve l’un d’entre eux, pour me fabriquer une canne pour mes vieux jours.

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