Bilan de la mission Ukraine confiée à Gérard Cornu

Ce texte, rédigé à la demande du maire de Pénestin, a été présenté au Conseil Municipal du 23 mai 2022.

M. Puisay, maire de Pénestin, m’a confié le 30 mars 2022 une mission concernant la coordination de l’accueil de réfugiés ukrainiens dans notre commune. J’ai considéré le 17 mai qu’elle était arrivée à son terme et je l’en ai informé.

Sur le contenu, j’ai acquis suite à mes conversations avec des responsables de la DDETS (direction emploi, travail et solidarités, Préfecture), l’agence Soliha et l’association Criollia la quasi certitude que les dossiers déposés par une dizaine de familles ou personnes de notre commune n’aboutiront pas. Seule la proposition du camping d’Inly de loger 5 ou 6 personnes dans un bungalow devrait aboutir, car il s’agit d’un hébergement « autonome » et non « citoyen » (dans une famille). 

Ces logements autonomes sont désormais privilégiés par les autorités afin de répondre au problème posé par le nombre inédit de« ruptures d’hébergements », de part et d’autre, dont les causes sont : la promiscuité, l’absence de langue commune et surtout la charge financière pour les familles, sachant que l’allocation versée aux réfugiés n’est que de 200 euros par adulte et 100 par enfant. 180 dossiers de logements autonomes ont été mis à part à l’agence Soliha. Les autres – les nôtres ! – ne seront pris en compte que : « le cas échéant »… Et leur validation sera soumise à des critères sévères : engagement sur une durée minimale de 6 mois, entrées de logement séparées…

Il serait imaginable de proposer des hébergements par un autre biais, en passant par une association basée à Piriac et très active dans la partie Loire-Atlantique de la Presqu’île où se trouvent environ 200 réfugiés ukrainiens. Mais cela signifierait sortir du dispositif de la préfecture du Morbihan et je ne pense pas qu’une mairie puisse faire ainsi sécession. Ma mission de coordination n’a donc plus de sens s’il n’y a pas d’Ukrainiens hébergés à Pénestin. 

Cette issue est décevante. Mais j’espère avoir fait œuvre utile en proposant sur penestin-infos une analyse assez approfondie des causes d’échec de la cohabitation et en émettant des propositions pour l’améliorer. J’ai également expliqué à mes interlocuteurs à quel point l’absence totale de communication en direction des familles était dommageable. On m’a promis que mes remarques seraient remontées lors des futures réunions à la préfecture. J’en profite pour remercier et féliciter ces Pénestinois dont la main n’a pas tremblé au moment d’offrir aide et réconfort à ceux qui sont frappés par le malheur à l’autre bout de l’Europe. Puissions-nous ne pas être nous aussi soumis un jour à la haine et jetés sur les routes de l’exil !

Sur la forme, la procédure consistant à mettre fin moi-même à cette mission au lieu de soumettre au maire ma démission est conforme au statut d’interlocuteur (plutôt que collaborateur) sur lequel j’avais insisté dès le premier jour. Le maire avait accepté cette proposition qui signifiait que je ne recevrais pas de consignes de sa part : il était convenu que j’agisse pour résoudre des problèmes se posant aux familles, que je rassemble des informations et fasse des propositions qu’il serait libre de suivre ou non.

Le maire a respecté la liberté que supposait ce statut et je m’en suis tenu quant à moi au principe de loyauté que j’avais formulé dans un texte récent. Je lui ai adressé plusieurs mails présentant une synthèse détaillée de mes initiatives, des contacts que je prenais et de l’état de mes réflexions. Comme je le lui ai indiqué, je crois souhaitable que ces synthèses soient accessibles aux élus de ce Conseil.

De même qu’un gouvernement ou un ministère reconnaît ses limites lorsqu’il fait appel à des compétences extérieures dans le cadre de missions d’études ou de réflexion, une commune a beaucoup à gagner à confier ainsi à des citoyens non-élus et pas nécessairement proches de la majorité des missions relevant des affaires publiques. Alors que les commissions extra-municipales annoncées tardent à se mettre en place (j’en ai moi-même proposé deux et n’ai pas reçu de réponses), ce type de mission constitue un petit pas en direction à la fois d’une approche plus participative de la démocratie et du recours à des expertises non représentées parmi les élus. 

Gérard Cornu

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