On dit que les Français ne chantent plus, que l’époque des veillées où l’on stridulait en chœur est tellement lointaine que seuls les plus âgés s’en souviennent. Si vous voulez entendre des voix, des voix qui charment, des voix qui vibrent, des voix qui donnent envie de pleurer parfois, autant que des voix pour boire et rire, allez donc en Allemagne, en Italie, en Irlande ! Ou encore en Bulgarie. Mais inutile de chercher dans notre pays qui a d’autres talents, mais guère celui-là.
j’ai cessé de photographier et me suis mis à chanter
À moins que… À moins qu’un jour, un magicien. Un homme qui transmue les énergies éparses en un flux dense, incroyablement concentré, entre lui et une quarantaine d’hommes et de femmes. Un homme petit et mince, aux yeux vifs, habillé tout en noir. Les yeux, justement, noirs peut-être aussi, je ne sais pas : lorsque je me suis trouvé en face de lui, je n’ai perçu que le flux de ce regard qui enjoint et qui encourage, qui guide, qui pointe et qui englobe. Et par mimétisme, j’ai ouvert la bouche, comme quand vous tendez une cuillère à un bébé. J’ai ouvert autre chose aussi, quelque part entre les deux yeux, pour retourner l’intensité souriante de ce flux qui venait de me frapper. Puis, j’ai cessé de photographier et me suis mis à chanter aussi !
Jean-François Pauléat est chef de chœur. Il transforme des gens comme vous et moi, des gens que souvent je connais, d’ailleurs, voisins ou amis, en artistes, en poètes. Leurs yeux, bouffis d’avoir ingéré tant de feuilletons, de pubs et de sketches d’humoristes, retrouvent la fraicheur et l’enthousiasme de l’enfance. Leurs visages deviennent lisses, leurs bouches s’arrondissent… et la magie opère : transfigurés, ils chantent. Leurs voix s’élèvent, s’unissent, vibrent. Les voutes de l’église Saint Gildas résonnent. Le public communie, c’est le cas de le dire ! J’ai rarement vu un public aussi heureux. Un concert, pour beaucoup, c’est une sorte d’obligation vaguement ennuyeuse. « Ah ! ma chère Françoise, je pensais bien vous retrouver ici. Oui, ils sont formidables, hein. Des amateurs, mais vraiment quel niveau ! » Ce dimanche, on en oublierait presque de parler. On en resterait bouche bée.
Les deux chorales, celle de Camoël, « Les voix de l’Estuaire », et celle de Missillac, « À tous chœurs », toutes deux dirigées par Jean-François Pauléat, s’étaient donné rendez-vous devant une église comble. Jean-François, c’est un musicien boulimique. Ce bourguignon infatigable, diplômé du Conservatoire de Rueil-Malmaison, a dirigé dans une vie antérieure quatre orchestres et une chorale dans l’Yonne et la Seine-et-Marne. Installé à Férel depuis quelques années, il enseigne à présent à Nivillac et Paimboeuf, et dirige une harmonie à Saint-Nazaire. Il compose des musiques de film ou de variétés, en intégrant souvent les instruments qu’il pratique : le hautbois et… la flûte à bec.
D’où lui vient sa magie ?
La flûte à bec ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Voilà donc d’où lui vient sa magie… Vous connaissez « Le joueur de flûte de Hamelin » !! Ce jeune homme du 13e siècle qui, d’après la légende, proposa au maire de la ville allemande de Hamelin de libérer sa commune des rats qui y pullulaient et réduisaient la population à la famine. Le maire lui promit 1000 écus et il les conduisit au son de sa flûte jusqu’à la rivière, où ils se noyèrent. Lorsqu’il revint, le maire refusa de les lui payer. Mais non, vous faites du mauvais esprit, cela se passe au 13e siècle !! Le jeune homme joua à nouveau de sa flûte et emmena à sa suite, et jusqu’à la rivière, tous les enfants de la ville. Cette légende, datée précisément du 26 juin 1284, mais impossible à appuyer sur un fait réel – la peste ? la chorée de Sydenham ou danse de Saint-Guy ? un départ en masse pour une croisade des enfants ? – filmée notamment en 1972 par Jacques Demy, illustre sous un angle maléfique les effets magnétiques, hypnotiques, de qui, de quoi ? De la flûte à bec ? Des yeux perçants de Jean-François ? J’ai dû me perdre en chemin en rédigeant cette chronique. Vous savez ce que c’est : on s’enthousiasme, on cherche ses mots, « et du coup, hop ! », comme disent les jeunes.
Mais reconnaissons qu’avec lui, les répétitions du lundi soir à Camoël, auxquelles participent bien des Pénestinois, doivent avoir un parfum d’aventure qui compense l’effort de sortir par les froides soirées d’hiver. Mais non, je ne vous parle pas de drague, vous me gâchez ma chronique !! Non, l’aventure par exemple de ces voix de basse qui se risquent jusqu’au sol1, « mais après, quand il faut remonter jusqu’au do moyen, c’est là que j’ai du mal : il faut sacrément que je me concentre pour y arriver ! » « Je pensais qu’on descendait jusqu’au mi. » « Mais toi, tu n’es pas une vraie basse, tu t’es éraillé la voix à force de chanter du Johnny ! » « Ce n’est pas faux. D’ailleurs, quand c’est trop bas, je chante l’octave au-dessus. Jean-François m’a dit que je pouvais. » « Il paraît qu’il y en a qui chantaient faux quand ils sont arrivés. » « Ouais, c’est un vrai magicien, Jean-François. » « Tu connais le joueur de flûte de Ham… » « NON !! »
À la rentrée prochaine, je m’inscris !
Journée inoubliable.
merci JEAN FRANCOIS
merci A TOUS CHOEUR
merci LES VOIX DE L’ESTUAIRE
Magnifique texte, vous avez su mettre les mots pour exprimer ce que nous ressentons lors de ces précieux moments où Jean François nous transmet son amour de la musique… Il nous emmène dans l’apprentissage du chant avec toujours beaucoup de patience, de gentillesse…. et d’humour…. Nos répétitions sont de vrais moments de bonheur. Et lors de concerts comme celui de Dimanche à Penestin, on a le sentiment de vivre un moment unique et inoubliable, notre regard fixé et captivé par ce “petit bonhomme qui s’agite devant nous” (comme il nous le dit souvent) , pour nous emmener dans son univers musical.
Un membre de la chorale “À tous chœurs” et tellement heureuse d’en faire partie.
Un enchantement ! Un réel plaisir que l’on n’a de la peine à quitter! Et oui…On voudrait bien rester plus longtemps sous le magnétisme de Jean-Francois…et j’ose le dire… sous son charme ! Discret et efficace ! Et je peux vous dire, que dans le public, le professionnalisme de ce chef de chœur, son enthousiasme, la façon dont il tire le meilleur de ses choristes, avec un humour bien à lui, ne donne qu’une envie…les rejoindre ! Merci Jean-Francois ! Merci Marie ! Et merci les choristes !
Membre de la chorale “A Tous Choeurs” de Missillac, j’ai le plaisir et l’honneur de chanter sous la direction de Jean-François, et je suis très heureux de cet hommage parfaitement mérité, et je vous en remercie. Je serais heureux de si je pouvais récupérer les photos de cet événement.
C’est toujours avec un grand plaisir les mardis soir pour chanter sous la direction de Jean François des moments ou on oubli ces soucis
Quelle PLUME!!!! Quel enthousiasme….aussi convaincant que les yeux du chef de chœur…au grand cœur pour transmettre autant à ceux qui l’entourent!!! Ça donnerait bien envie de la rejoindre cette chorale au grand cœur!!! Merci pour ce bel article. 😍🥰❤️
Michèle H CHORALE A TOUS CHOEURS
on oublie tous ses soucis les mardis soir en répétitionst à chaque concert ou on essaye de transmettre la joie et le plaisir de chanter SOUS LA DIRECTION de jean François merci pour tous c’est bons moments