Discours de M. Baudrais à l’occasion de sa nomination au titre de Maire Honoraire de la commune de Pénestin, le 11 novembre 2021

Je vous présente ci-dessous un document qui a vocation, je pense, à faire partie des archives de la commune de Pénestin.

Ce discours de M. Baudrais a été tenu dans un cadre républicain, un 11 novembre, jour où l’hommage aux morts réunit la nation par-delà les divergences, où les institutions priment sur les opinions. La présence du député Paul Molac symbolisait, il me semble, cette ouverture. A l’orée d’une campagne présidentielle qui clivera sans doute plus que jamais les citoyens de la République, nous avions besoin de ce moment de partage, de nous retrouver par-delà nos désaccords. Dans un village comme Pénestin, on sait pouvoir demander un service à son voisin, même s’il ne pense pas comme soi. On l’invitera même à une fête de famille.

M. Baudrais a paru hésiter. Par moments, il a inclus dans ses pensées et son affection tous les Pénestinois, toutes les Pénestinoises. Rien ne laissait douter de sa sincérité. Il a aussi retracé ses combats, et il a eu raison. Nous voulions entendre sa version des faits, sa synthèse personnelle de ses 25 années aux affaires de la commune. Quels dossiers avaient primé dans son esprit ? Quels résultats le rendaient fier ? Quels faits plus marquants que d’autres restaient inscrits dans sa mémoire ?

Cependant, retracer ses combats, nous faire comprendre le prisme à travers lequel il les a vécus, c’est une chose. Manifester, des années après, de la rancoeur contre ceux qui se sont opposés à lui, c’en est une autre. Reprocher à la commune de Férel des faits remontant à 7 années en arrière et deux changements de municipalité. Lancer des attaques personnelles contre un autre « Maire honoraire » résidant dans la commune, sur un ton de moquerie et sans citer son nom… Etait-ce le moment pour cela ? 

Lister ceux qui ont compté dans l’histoire de Pénestin en en ignorant certains, comme s’il souhaitait user de son influence pour leur dénier une place dans la mémoire collective : était-ce bien à propos ? Comment peut-on méconnaître, par exemple, l’action du Dr Jarrousse, en tant que médecin et en tant que maire ? Nos institutions ont pour rôle de favoriser le débat public : de promouvoir l’idée que débattre dans le respect mutuel avec ses contradicteurs enrichit plus la réflexion que se confiner dans l’entre-soi.

Je n’en dirai pas plus. C’est à vous, lecteurs, qu’il appartiendra d’exprimer vos analyses et vos réflexions à ce sujet. Voici le texte intégral du discours de M. Baudrais. 

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A l’invitation de M. Puisay, M. Baudrais se dirige vers le pupitre. Refusant son aide, il monte assez lestement les quelques marches, suivi de son épouse.

« Monsieur le Sénateur, monsieur le Député, monsieur le Maire, monsieur le Président de Cap Atlantique, Madame, Monsieur, chers amis,

Il y a quelque audace sans doute à prendre la parole (quelques paroles incompréhensibles) qui au cours des siècles ont construit notre société. Je voudrais remercier tout d’abord M. Puisay, le maire, qui me permet aujourd’hui cette intervention. C’est sa démarche auprès de Monsieur le Préfet qui a permis cet honorariat, le Conseil municipal aussi qui l’a permis, et ensuite tous ceux qui me font le plaisir de participer et ceux qui m’ont fait part de leur impossibilité d’être là. Enfin, pour ceux que ma mémoire a oublié, qu’ils sachent que tous les Pénestinois, toutes les Pénestinoises, sont dans mon esprit aujourd’hui. Je vais passer la parole à mon épouse. »

Mme Baudrais prend place à la tribune.

« Un homme se penche sur son passé. Je me suis longuement interrogé en 1995. En fait, je ne briguais pas le siège de maire. Ma famille, mon emploi, mes réseaux, existaient à Angers et en Pays de Loire. L’expérience d’élu me tentait. J’envisageais, plus tard, une retraite pénestinoise. Les élections me semblaient un risque. Un rôle de conseiller me convenait. Marcel Bertho et M. Chesnaux m’on proposé de conduire une liste. J’acceptai, fort sans doute de quelques illusions sur mes compétences. Avec le risque important d’un changement d’emploi, et bien d’autres aléas. Le terme« Ensemble » symbolisait cette volonté de solidarité et de convivialité.

Il faut évoquer les noms de ceux qui nous ont accompagnés dans ces 25 ans. Je débuterai cette liste avec Marcel Bertho. C’était l’ami de beaucoup d’entre vous. C’était aussi le mien. Sur son conseil, la commune a acheté ce qui est maintenant l’école Laboureur. Je salue son énergie qui, malgré son état de santé, était toujours présente, lors de l’Erika. Je me souviens de M. Munier, de Bernard Leroux, dont la photo a été longtemps présente dans la Salle du conseil. La mémoire de M. Chesnaux est toujours présente. Il a lancé le progrès dans un contexte administratif de plus en plus centralisateur. Mme Chesnaux, soyez assurée de ma loyauté et de mon respect envers votre mari.

A ces élus, je dois aussi ajouter les noms qui évoquent des souvenirs. Citons Louis Dreno, Ange Bouyer, Joël Métayer, Pierre Lescop, Manuel Josso, Abel Rotureau, Madeleine Josso, Michel Naud et son épouse, Madeleine Brière et ses trois fils, Roger Tago, Michel Minot et son épouse, Jean-Luc Josso, François Bériot et Chantal Andouard. Bernard Porcher et son épouse, avec Le temps des cerises’, Jean Lespert avec Brassens, et ?? avec son ton jazzy, ses cuillers, son harmonica et son piano.

Pour évoquer tous ces noms et en m’excusant auprès de ceux que j’ai oubliés, je vous propose quelques instants de silence.

Les souvenirs sont difficiles. Mais ils évoquent l’émotion. Nous en évoquerons quelques-uns.

L’État va rajouter des solutions sur l’assainissement et l’aménagement. Dès 1995, au lendemain des élections, nous tentions des réponses : l’extension du réseau d’assainissement et le déplacement de la station d’épuration étaient prioritaires. Mes échanges téléphoniques parfois musclés une fois pas semaine avec le directeur de la DASS permettaient le choix de la filière sur un hectare au lieu de 6 ha demandés pour un lagunage. Pénestin doit beaucoup à Mme et M. Ezanno. La cession de leur terrain permettait cette réalisation dont le fonctionnement avec la filière reste exemplaire. En 1998, le projet démarrait. Ces équipements ont permis le raccordement de nombreux secteurs. Le Bile, Loguy, le Lomer n’en bénéficiaient pas. Les autres secteurs en profitent encore.

Demain, l’eau posera beaucoup de questions. J’interviens encore pour que Cap Atlantique reprenne, comme l’avait annoncé le dernier Conseil communautaire du précédent mandat, la réutilisation des eaux d’épuration. A la même époque, une pré-étude environnementale dessinait l’avenir de Pénestin. Elle exprimait les recherches d’équilibre entre environnements, auquel Christian Guibert, moi et d’autres étions très attachés. L’environnement implique des conditions de vie pour ce territoire entre terres sauvages, terres urbanisés et terres agricoles. La commune de Pénestin, c’est aujourd’hui 74 % de terres agricoles ou naturelles, 14 % de zones urbanisées, 1 % de zones à urbaniser, 1,8 % de zones d’activités, et 7,2 % de zones de loisirs. 

J’ai bien entendu les propos d’un maire honoraire [Ici, Mme Baudrais adopte une intonation narquoise. M. Baudrais, concentré sur sa lecture, donne l’impression de l’approuver], il dénonçait un urbanisme inconséquent pendant 30 ans sur Pénestin. Je ne doute pas qu’il aura à coeur de proposer ses solutions. Je regrette pour lui l’achat de deux terrains et de deux habitations qu’il a effectué dans un tel cadre inconséquent. [Mme Baudrais poursuit sur le même ton, l’accentuant même]. Ce territoire exclut la circulation automobile sur le sentier côtier, il est mieux adapté aux exploitations. Il envisage une nouvelle zone et de nouveaux usages. Joseph Lizeul y pratique sans doute le vélo.

Equilibre des activités entre tourisme qui génère commerce, services, infrastructures, constructions, et économies primaires au travers, principalement de la pêche et de la conchyliculture. Je suis parfois désemparé par les propos de certains qui feignent d’ignorer la montée des eaux sur le Branzais et le Lomer et s’indignent face à des projets visant l’avenir d’une activité lucrative, la mytiliculture. Personne n’est forcé à s’engager.

Ces équilibres devraient prendre en compte l’accompagnement des personnes âgées et des nouvelles générations. Cette vie sociale prend en compte les questions des jeunes, les associations, l’animation, les rapports humains. Un titre de champion ou une médaille d’or à Jo Le Ficher et à Pierrick Jauny ! L’accueil des personnes en difficulté, le repas des anciens, l’animation du CCAS, le projet d’ehpad, le logement pour nos aînés, sont des chantiers importants. Katherine Regnault en sera la cheville ouvrière.

Durant ces 25 années, les rénovations ont été nombreuses. Les anciens se souviendront de la démolition de la maison de Kerfalher, d’autres du quai de Tréhiguier. Certains garderont dans leur mémoire les logements de Viner, ceux de Tréhiguier, du Lavoir et des Violettes, ou la médiathèque. D’autres se souviendront du repas des anciens, de l’ehpad, des mesures lors de la canicule. D’autres encore s’intéresseront au camping caravaning, aux chemins côtiers, aux circuits vélo, la rénovation de la salle des fêtes, la mairie, la salle des sports, la réserve communale de sécurité civile, la réduction des consommations d’énergie fossile, la zone artisanale. 

Ceux qui s’intéressent à la vie locale regarderont vivre les associations avec le soutien de la commune. L’animation des jeunes se développe avec Camoël. On regrettera que déjà à l’aube du Brexit, Férel n’ait pas en 2014, sans prévenir Pénestin, respecté ses accords.

J’espère que tous poseront un regard attentif sur la population. Il exprime une volonté de la porter à 2000 habitants résidant à l’année, en leur offrant de bonnes conditions, un bon cadre de vie. Vers 2012 paraissait un écrit intitulé « Pénestin horizon avenir imaginer » Les conseils municipaux ont validé ces dossiers.

Je remercie ceux qui ont suivi les réunions hebdomadaires, je félicite tous ceux qui ont apporté leur soutien à ces opérations. Je ne saurais oublier le comité de jumelage, nos amis de Taberno et de Frangy et un clin d’oeil à Renald. À tous ceux qui ont suivi ce (incompréhensible). Tout ceci forgeait Pénestin pour demain.

Je souhaite que nous gardions tous respect et unité. Je remercie Cap Atlantique, le Conseil communautaire, et Yves Métaireau de m’avoir confié des dossiers importants impactant notre quotidien. Je félicite le Conseil municipal de son adhésion à cette intercommunalité. Toutes les communes ont bénéficié de cette mutualisation. Pénestin aussi : sentiers côtiers, zone artisanale, véhicules électriques. Je remercie Philippe Allain pour son écoute attentive à mes propositions. La compétence de l’équipe de la DAC m’ont été très utiles. Avec Véronique Bisson et Philippe Abagenet, je me suis confronté à l’agriculture pérenne qui me travaillait depuis très longtemps. 

Deux SCOT, c’est beaucoup. Je préférais le premier. La volonté locale pouvait mieux s’y inscrire. Certes, Cap Atlantique a permis également, avec les véhicules électriques et le photovoltaïque, l’aventure de la transition énergétique. Merci aussi pour son accompagnement, avec son ingéniérie mutualisée avec Morbihan Energie et Clément Mahé pour Partagélec. Ceci a permis à Michel Bauchet d’inscrire Pénestin dans un domaine durable.

Partageons ensemble quelques sentiments sur ces 25 années d’engagement. Mon ambition a toujours été de fédérer les hommes autour de projets d’intérêt général, dans un profond respect des valeurs individuelles. Cet engagement explique mes mandats. Il m’a permis de dépasser les inquiétudes et les incompréhensions au cours de nombreuses nuits blanches. Quelques combats juridiques m’ont souvent interloqué. Des permis et des autorisations supervisés par les services de l’État, validés par une décision des tribunaux, mais annulés par une décision supérieure, m’interrogent sur la notion d’acte fondateur. Quelques absences de décisions ou des erreurs de dates aussi sur leurs conséquences. Echapper au paradoxe créé par l’obligation préfectorale de trouver une solution pour le camping caravaning sans en offrir les moyens était sans doute une impasse.

J’espère pour moi que la sagesse liée au grand âge vaincra ces incertitudes ou le risque de schizophrénie. J’ai malheureusement pu à plusieurs reprises constater que c’est plus facile d’être spectateur critique qu’acteur engagé et impliqué. Force de parole n’est pas toujours force de raison. Fausses informations, menaces, insultes, ont été le prix de mon engagement à résister aux utopies, idéologies et démagogies. Le tintamarre ne révèle pas la source du bruit qui ne fait que se cacher.

Grand salut aux quatre équipes municipales qui ont accompagné cette volonté de résistance, en soutenant dans leur grande majorité des projets ambitieux, mais nécessaires. Merci à chacun d’entre vous. Une pensée accompagnera de façon appuyée l’ensemble du personnel municipal, dont l’engagement au quotidien contribue au bon fonctionnement de la commune et au bien-être de ceux qui y sont attachés. Les équipes ont largement (incompréhensible) mon engagement impérieux et mes décisions. Elles ont subi parfois des situations d’urgence avec réactivité. Je salue leur présence et leur disponibilité. En fait, vous êtes également ceux qui ont participé à cette aventure. Certains depuis longtemps. Arnaud, c’est l’apprentissage. David, Laurent et Patricia vos premières expériences. On a appris ensemble, avec Laetitia, la nouvelle vague des cérémonies officielles. Gilles, Marcel, Yves, vous m’avez guidé dans la connaissance du territoire et de ses démarches quotidiennes. Merci à Patricia : elle s’est aventurée dans les terrains difficiles du marché public et des ressources humaines.

Un seul mot encore : bravo à toute cette équipe en y intégrant la police et le corps des sapeurs-pompiers et l’office du tourisme. »

[ M. Baudrais reprend la parole ]

« A ma famille ! Où je n’étais pas toujours présent. A vous tous, merci de m’avoir confié ces petites occupations [ rires dans l’assistance ]. Pour l’avenir, sachez que Le Havre et son maire, le maire du Havre, retiennent toute mon attention de maire honoraire. Pour que (incompréhensible) enfin de la décentralisation.

Je souhaite un joyeux demain à Pénestin. Bravo ! Merci à vous ! »

Applaudissements. M. Baudrais répète à plusieurs reprises : « A vous ! A vous ! »

PS. Il subsiste certainement quelques erreurs dans cette retranscription, malgré le soin que j’y ai apporté. Merci de proposer vos corrections, si vous le pouvez, à celles que vous relèverez. 

1 commentaire sur “Discours de M. Baudrais à l’occasion de sa nomination au titre de Maire Honoraire de la commune de Pénestin, le 11 novembre 2021”

  1. “Je suis parfois désemparé par les propos de certains qui feignent d’ignorer la montée des eaux sur le Branzais et le Lomer et s’indignent face à des projets visant l’avenir d’une activité lucrative, la mytiliculture”
    dit-il , lui qui a défendu mordicus ce projet inconsidéré dit des ” hauts de Vilaine ” , en niant la proximité de la mer ! c’est pourtant bien cette proximité qui a condamné les hauts de Vilaine ! et qui se retrouve dorénavant en zone de submersion. Alors selon les projets , la mer monte ou s’ éloigne.
    opportunément, on dit une chose ou son contraire, il ne suffit qu’ avoir la volonté de toujours avoir raison .

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