Les covides parlent aux covides

par Thierry Fériot

Deux avril      

– Ici radio covid : les covides parlent aux covides. Chers compatriotes, quelques nouvelles du front : cela se passe plutôt  bien, d’ailleurs, il est bien fiévreux chez nos ennemis. Malgré tout, j’attire votre attention sur quelques tentatives de résistance : certes, pour l’instant cela ne porte pas à conséquence, mais ne tombons pas dans les excès  de certains bipèdes, arrogance et suffisance. En effet, les efforts de nos soldats qui ont permis une propagation inexorable s’affaiblissent relativement après la décision de  l’état-major ennemi de confiner sa population. Il appert que certains médecins testent de nouvelles molécules. Encore une fois, soyons lucides et poursuivons avec rigueur. Nos savants travaillent sur une mutation de nos combattants qui les immuniserait  d’éventuels remèdes. Donc, ayons toujours un pas d’avance, si je puis dire.

– Vous y comprenez  quelque chose, vous, lieutenant, demanda le sergent covi 77266.

– Taisez vous donc ! Je ne peux pas entendre les instructions. 

– Oui bien moi, je suis crevé ! Cent cinquante infectés en une semaine : je crois bien que je mérite une pause.

– Eh bien, s’ils trouvent un remède pour nous éradiquer, nous nous reposerons à jamais. Vous y croyez, vous, lieutenant ?

– Tout est possible, et j’ai entendu dire que le moral est très important chez les bipèdes. Ils organisent entraide, messages de soutien, chants, activités artistiques. Même le personnel soignant habituellement dénigré est applaudi. 

– Vous croyez  que c’est important ?

– Apparemment, oui.

– Ils sont quand même étranges, capables du pire comme du meilleur. Je suis bien content de n’avoir aucune sensibilité.

Pendant ce temps, un poète regardait la nature s’ouvrir au printemps : les bourgeons des arbres et arbustes apparaissaient. Un léger frémissement, une lueur d’espoir naissait sur l’humanité.  t feriot

4 commentaires sur “Les covides parlent aux covides”

  1. Bien vu la transposition de l’épidémie et de la guerre. Obéir et surtout ne pas poser de questions, accepter l’absurdité et les décisions arbitraires, comme le “tri” de ceux qui peuvent vivre et ceux qui peuvent mourir….. Du déjà vu, non…
    Brigitte

  2. 1870 La Débâcle (Racontée par Zola en 1892). Commandement complètement dépassé par la situation. 139 000 morts en 6 mois.
    1914 Autre débâcle. En 1 mois les Français ont perdu 80.000 hommes, dont 27.000 pendant la seule journée du 22 août. Des pantalons rouges mais pas de cannons.
    1940 Encore une…Mauvais équipements. 6 semaines de combats, 60 000 morts.
    2020 Impréparation, retard sur la défense, équipements volatilisés…
    Décidément…

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