Les ‘Pépites de Pénestin’ de retour sur scène à partir de samedi soir

Sylvie a fait du théâtre quand elle était ado. J’allais dire : comme tout le monde… Mais elle en a refait l’expérience dans sa trentaine. Elle vivait en Allemagne avec son mari, militaire, et elle a tenu un rôle dans l’unique séance qui fut donnée du « Dindon », de Georges Feydeau, dans sa petite ville. Elle se souvient de la salle et je soupçonne qu’elle a conservé dans sa mémoire une multitude de détails bien au-delà de ce qu’elle m’en raconte. Bref, ce fut un moment exceptionnel, une satisfaction rare, la sensation d’un bonheur sans entraves, comme il en survient parfois dans les rêves. Le fait même de n’avoir joué qu’une seule fois contribue à ce que cette représentation soit unique de tous les points de vue. Ce Dindon avait peut-être la saveur d’un défoulement aussi transgressif qu’indispensable.

20 ans plus tard, Sylvie « boucle la boucle ». Elle intègre en 2012 les Pépites de Pénestin, commence par de petits rôles, constate qu’elle se sent à l’aise sur scène et ne perd pas ses moyens, accepte des rôles plus importants, et se retrouve aux côtés de Madeleine, Marie-Claire, Monique, François et Serge à choisir chaque année une pièce, à en imaginer la mise en scène et la mise en espace, à construire son personnage, à apprendre son texte. Bref, à consacrer tout son temps libre au THÉÂTRE.

Marteaux et tournevis en main…

« J’aime tout dans le théâtre. Chercher des trucs pour les décors, se costumer, répéter avec les autres… », indique-t-elle. Et c’est vrai qu’il faut tout faire : à quelques jours de la première, une partie de la répétition consiste à bricoler les décors, marteaux et tournevis en main. La première, c’est samedi soir et ce sera parti pour 5 séances. Un rendez-vous automnal que les Pénestinois connaissent bien…

La pièce s’intitule « Drôle de viager », elle est signée Jérôme Dubois. Le viager est l’un des passages obligés du Théâtre de boulevard, mais soyez certains que cette fois encore, les rebondissements et les surprises vous décoifferont. Quant aux acteurs, ils paieront de leur personne et feront bien plus que se décoiffer ! Mais je n’en dis pas plus…

C’est un bonheur de les voir aller et venir entre la réalité et la fiction. François plaisante encore lorsque vient son tour. Il rassemble ses esprits en quelques secondes et le voici transformé en « Jacky la Breloque », récemment installé à Pénestin (car le texte de la pièce s’adapte selon les lieux), marié à Jeanine, « envahissante et agaçante » selon le descriptif de l’auteur, qu’il finit par congédier de façon théâtrale : « Je te rends ta liberté et je prends la mienne ! »

Jeanine, c’est Madeleine, capable de papillonner avec les mains alors qu’elle déclame, dans son rôle de « folle » : « Vous ne lui dites pas [à Jacky] que je le cherche. Vous lui dites juste que vous m’avez vue ! » Il y a des phrases, comme celle-là, que l’on doit adorer répéter.

Ses personnages ont déteint sur lui

Celle-là aussi, dans la bouche de Serge qui incarne « Gérard » : « Vous êtes jaloux de mon corps. C’est pour cela. Ah ! Ah ! Ah ! » Serge, c’est un cas… Il ne pouvait pas faire autre chose que du théâtre, avec sa taille de presque géant et ses sourcils en diagonale. 30 ans déjà qu’il pratique les planches. Ses personnages ont déteint sur lui, au point que quand il vous dit « Salut, ça va ? », vous êtes tenté de lui répondre « Être ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups ?… »

Serge n’est que jeu. Le théâtre a modelé ses phrases autant que son physique. Il voudrait vous faire croire que c’est juste un moyen d’entretenir sa mémoire. Vous n’êtes pas dupe ! S’il vous dit qu’« arrivé à la retraite, il n’y a que deux choses, les petits-enfants et le théâtre, qui peuvent vous empêcher de vieillir trop vite », vous traduisez : « Je crèverais si je devais me contenter d’être moi-même, de jardiner, de regarder la télé, alors qu’au théâtre, je porte trente masques, je suis tour à tour trente personnages différents. Et je m’amuse !! »

20 heures 30, j’interroge les acteurs : « Vous n’avez pas l’air de vouloir rentrer chez vous ? » François me répond : « Viens donc prendre un verre de rosé avec nous ! » Vous savez, Sylvain Tesson, qui vient de recevoir le prix Renaudot pour « La panthère des neiges », a tendance à dire que notre monde s’est banalisé, qu’il cultive l’ennui, qu’il a perdu la dimension de l’aventure. Eh bien, je vous suggère de pratiquer le théâtre amateur ! Vous y trouverez peut-être l’occasion de rire, de chanter, de vous asseoir sur les genoux les uns des autres, de vous regarder dans les yeux, de crier. Et de vous échapper du quotidien, de dépasser vos limites !

Les Pépites de Pénestin, salle polyvalente Petit Breton, dans « Drôle de viager » de Jérôme Dubois, précédé de trois scénettes de Marcel Pagnol.

Entrée 6 euros. Demi-tarif pour les moins de 12 ans.

Samedi 16 novembre, 20 h 30

Dimanche 17 novembre, 15 h

Vendredi 22 novembre, 20 h 30

Samedi 23 novembre, 20 h 30

Dimanche 24 novembre, 15 h.

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