La manifestation du 1er mai se déroule cette année dans un contexte de crise économique, sociale et démocratique. L’intersyndicale appelle à faire de la Fête des travailleurs une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites et contre le déni de démocratie exercé par l’exécutif.
Le rejet de cette réforme injuste qui conduit les travailleurs à subir deux ans de travaux forcés, est largement majoritaire dans le pays. Elle est le reflet de la logique ultra-libérale des forces qui sont aujourd’hui au pouvoir en France, qui préfèrent faire supporter aux travailleurs les déficits des régimes sociaux.
Or de multiples réponses ont été apportées pour combler ces déficits. Tout le monde les connait aujourd’hui : l’augmentation des salaires, et notamment des plus bas, l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes conduirait immédiatement à une hausse des cotisations sociales et donc à l’équilibre du système de retraite. De même, l’exonération des charges patronales sur les bas salaires, censée combattre le chômage mais qui conduit à la précarisation de centaines de milliers de travailleurs participe largement aux déficits sociaux.
D’autres réponses comme la taxation des dividendes dont le montant est en augmentation constante, le rétablissement de l’ISF, sont possibles et participeraient à une meilleure répartition des richesses. Mais le gouvernement préfère que les « premiers de cordée », dont certains gagnent en trois heures le salaire annuel de leurs employés conservent leurs privilèges au nom d’un « ruissellement vertueux » que les millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté ne verront jamais arriver.
D’autre part cette réforme conduira à la précarisation de nombreux nouveaux retraités qui en raison du faible taux d’emploi des plus de 60 ans ne pourront réunir le nombre d’annuités nécessaires. Cette réforme injuste se conjugue avec une baisse conséquente du pouvoir d’achat due à l’inflation et au déficit démocratique qui a entaché la promulgation de cette loi : l’utilisation de 49.3, certes constitutionnelle mais anti démocratique est venue exacerber le mécontentement de la majorité des citoyens français.
En effet la constitution de la Vème République conduit à un régime semi-présidentiel, à une « monarchie républicaine » et à une bipolarisation de la vie politique qui mène à une logique de confrontation plutôt qu’à la recherche de compromis. L’apparition de trois blocs, extrême-droite, centre, gauche ne permet plus d’avoir une majorité absolue et conduit à une instabilité des institutions. Le déficit démocratique conduit également à une abstention qui s’accroit d’élections en élections : choisir entre la peste brune et le choléra libertarien devient le choix unique des seconds tours électoraux. Les citoyens votent « Contre » et non pas « Pour ». Ce qui conduit les élus à ne pas avoir de réelle base électorale.
D’autre part notre république est constitutionnellement une République « sociale » : les corps intermédiaires doivent être consultés… Or le macronisme ne pratique pas la concertation sociale, ce qui constitue un déni de la démocratie sociale. N’oublions pas non plus le mépris envers les citoyens qui ont choisi de dire non par referendum à la constitution libérale européenne en 2005, passée « en force » au parlement sous la présidence de Sarkozy.
Il serait peut être temps de réfléchir à une nouvelle Constitution plus démocratique, plus proche de l’esprit révolutionnaire de nos ainés de 1793, un régime d’assemblées où l’exécutif serait nommé par le corps législatif, faisant une plus grande place à la démocratie locale et à la démocratie participative, avec par exemple une élaboration sociocratique des projets locaux ou le mandat impératif permettant de révoquer des
élus qui failliraient à porter la voix des citoyens…
D’autre part le mode de production capitaliste ne peut pas répondre à l’immense défi que constitue le dérèglement climatique et les enjeux vitaux pour l’humanité. Nous devons adapter nos besoins, notre façon de produire, notre manière de consommer… Et nous devons être unis et mobilisés pour limiter, s’il n’est pas déjà trop tard, les effets de ce dérèglement.
Réformes injustes, déni de démocratie, baisse du pouvoir d’achat qui atteint de manière brutale les plus défavorisés, coût de l’énergie, tout cela provoque un ras-le-bol général.
A Pénestin comme dans d’autres petites villes ou villages, les collectifs appellent à une mobilisation locale : on ne veut plus faire 40 km pour manifester à Saint-Nazaire ou à Vannes. Des dizaines de citoyens qui n’en auraient pas eu la possibilité autrement, peuvent ainsi exprimer leur colère sur place.
Nous avons pu ainsi constituer un réseau de citoyens déterminés : du lien social a été créé et permettra peut-être de se mobiliser rapidement pour élaborer des projets locaux ou s’opposer à des projets contraires aux intérêts de la population. Le succès des mobilisations à Pénestin répond de manière exemplaire à un besoin de démocratie locale : manifester n’est plus réservé aux citadins, mais est possible en ruralité.
Le collectif « Péquins de Pénestin », appelle à manifester le 1er mai à 11h place de l’église, manifestation suivie d’un « pique-nique » festif.