Parlons franc !

La campagne des Municipales commence à prendre forme. Trois listes, des tracts dans les boîtes aux lettres, des préparatifs qui s’accélèrent, des réunions… Lundi, c’est Pascal Puisay qui tiendra sa première réunion publique à 20 h au bar du Commerce.

Alors, si vous me permettez, je vais mettre les pieds dans le plat ! On sait la difficulté de trouver 19 personnes dévouées et compétentes multipliées par le nombre de candidats dans un village comme Pénestin, dont les listes électorales plafonnent autour de 2000 inscrits. Les listes Puisay et Lebas sont quasiment complètes. Ce n’est pas le cas de la liste Dupé qui peine à recruter. Pourtant, elle a démarré largement avant les autres, il y a déjà presque un an.

« faire du neuf avec du vieux » ?

Analysons. Les listes Puisay et Lebas ont fait leur marché parmi les membres de l’ancien Conseil municipal. Pascal Puisay a récupéré les premier, deuxième et cinquième adjoints, MM. Lizeul et Bauchet et Mme Girard, ainsi que deux poids lourds parmi les conseillers : Mme Seigneur et M. Vallière. Pourtant, il ne fait pas mystère de sa volonté de se démarquer de l’ancien maire, dont il était présenté comme le dauphin. Il faudra bien qu’il nous explique, pour le dire avec des mots crus, comment il compte « faire du neuf avec du vieux ».

Ce n’est pas une tare, me répondrez-vous, d’avoir été membre de l’équipe Baudrais que tous semblent renier à présent. Non, évidemment ! Mais on a pu y prendre quelques habitudes : je ne vous parle même pas de la politique menée, mais d’un fonctionnement, disons « pyramidal », comme beaucoup le disent, avec un maire qui se mêle de tout et n’accepte aucune contradiction, des élus qui subissent, et des citoyens à qui on ne demande leur avis que pour s’asseoir dessus. Un exemple : la réunion publique du 16 mars 2018 où ils étaient invités, sous forme d’atelier, « à proposer des orientations possibles pour l’avenir de la commune ». On n’en a jamais vu de compte-rendu et elle est toujours annoncée, presque deux ans plus tard, comme « à venir » sur le site de la mairie. C’est tout de même un sommet dans le manque de respect à l’égard des citoyens ! Les intentions de P. Puisay sont certainement tout autres, mais son équipe saura-t-elle se mettre au diapason ?

Jean-Claude Lebas, qui était d’ailleurs le Monsieur bons offices de ladite réunion, aura aussi du mal à affirmer sa différence vis-à-vis d’une gestion qu’il a cautionnée en tant qu’adjoint à l’urbanisme, et cela avec une équipe dont on se demande comment elle peut s’appeler « Autrement Pénestin » lorsqu’on y retrouve Mmes Galoup (mandat précédent) et Poncet et M. Pradel, accompagnés – c’est la surprise… – de MM. Le Maulf et Pontillon. Cette alliance avec deux représentants de l’ancienne opposition avait d’ailleurs suscité une vive réaction de M. Garreau (cf. « M. Bernard Garreau, élu d’opposition, a démissionné lundi du Conseil Municipal » le 30.10.2019) qui en a dénoncé l’hypocrisie.  Comme je le notais, le coup d’éclat de M. Garreau n’a suscité qu’un silence prudent du maire et de M. Le Maulf. J’ai tendance à penser que la politique, c’est le débat, la confrontation des idées, et qu’une telle prudence, un silence comme celui-là, font partie des mauvaises habitudes développées sous les derniers mandats, même s’ils n’en ont pas l’exclusivité.

Être élu du peuple est une tâche ingrate

Bénédicte Dupé, comme je le disais, a du mal à recruter pour constituer sa liste.  À la différence de ses contradicteurs, elle ne puise pas dans le personnel politique « ancien ». C’est peut-être là que la situation de Pénestin rejoint celle que l’on connaît à l’échelle nationale. La défection des élus ne touche pas tant les têtes de listes que les élus de base. Être élu du peuple est une tâche ingrate. Beaucoup de coups à prendre, beaucoup de disponibilité, voire de sacrifices, et tout cela pour un résultat pas toujours gratifiant. À Pénestin comme ailleurs, les bonnes volontés ne sont pas légion, et ce simple fait éclaire au moins en partie la situation : face à un réservoir limité, soit on pioche, pour le meilleur et pour le pire, dans un vivier d’anciens élus déjà blanchis sous le harnais, soit on sèche, même si B. Dupé peut se flatter d’avoir su attirer une personnalité comme Raphaëla Le Gouvello que certains auraient imaginée elle-même tête de liste.

Poursuivons l’analyse. B. Dupé semblait disposer de réserves parmi les militants associatifs, souvent expérimentés et motivés par les affaires publiques. Or les deux principales organisations qui les rassemblaient, Autre Regard et Les Amis de Mès et Vilaine, se sont beaucoup divisées ces dernières années. Cela a commencé avec le départ d’Autre Regard de MM. Pontillon et Le Maulf il y a deux ans sur fond, déjà, de calculs électoraux : ils craignaient qu’une candidature issue de leurs rangs perde des voix en ne se distinguant pas assez nettement de Mès et Vilaine, supposée fonctionner comme un repoussoir. En rejoignant à présent M. Lebas, ils sont allés au bout de leur logique. 

D’autres défections ont encore eu lieu, lorsque le dernier président d’Autre Regard, Paul Daulon, a cédé la place à une direction collégiale, puis lorsque le groupe de la GLP (gouvernance locale partagée) a commencé à absorber ses forces vives, a ensuite perdu une partie de ses soutiens, en a regagné d’autres, en a reperdu à nouveau. L’avance prise dans la préparation d’un projet de démocratie participative a fondu, les réunions destinées à définir « les fondamentaux » se sont étirées et multipliées. Certains reprochent amèrement à la GLP son souci excessif de la méthode et son refus de s’engager plus clairement sur de vrais sujets comme Loscolo. Pour des raisons d’agenda, a-t-il été dit…

Et puis, peut-on fonder un projet politique sur des techniques d’animation ? Celles-ci ont toute leur place quand il s’agit de faciliter l’accès à la parole de ceux que l’on n’entend pas d’habitude. C’est un beau projet, un projet humain ou social. Mais la technique est un moyen, pas une fin, elle n’a pas vocation à occuper une place aussi centrale.

Reconnaître ses erreurs, écouter les reproches

Bénédicte Dupé, autant que Pascal Puisay et Jean-Claude Lebas, aura beaucoup à prouver dans la confrontation avec les habitants de la commune. MM. Puisay et Lebas devront démontrer qu’ils sont capables de rompre avec un passé si proche qu’il leur colle aux basques et qu’il ôte beaucoup de crédibilité à leurs projets. Mme Dupé aussi doit tirer un trait sur le passé récent, reconnaître ses erreurs, écouter ceux qui ont des reproches à lui faire. Si la GLP et certains de ses outils ont fini par susciter chez certains un rejet aussi profond, qu’elle en tire les conséquences ! Il est facile de comprendre que si l’on vise une forme d’émancipation, ce n’est pas cohérent de le faire au moyen de méthodes perçues comme infantilisantes.

Pour Mme Dupé, c’est aujourd’hui sa survie politique qui est en jeu. Et son retrait de la compétition serait, quoi qu’on pense d’elle et de son projet, un appauvrissement de l’offre proposée aux Pénestinois. La situation est critique et c’est dans l’épreuve que certains politiques se révèlent. Plus que d’une stratégie, c’est d’un électrochoc dont la campagne de Mme Dupé a besoin. Elle se doit de communiquer avec les gens directement, sans filtres et sans artifices, si elle veut rendre crédible son projet de démocratie participative pour Pénestin.

Encore faut-il que les « gens » (pour parler comme Mélenchon !) le veuillent vraiment. Il est tellement plus facile de râler, de critiquer, de refaire le monde à coups de « yaka » et de « faukon ». Et de remettre parallèlement un chèque en blanc à une équipe qui ensuite se passera de vous pendant les 6 prochaines années.

La politique est en train de changer, tout comme le monde dans lequel nous vivons. Les défis s’amoncellent. Les « boomers » (la génération du baby boom) et les autres ont une responsabilité devant l’histoire et devant leurs enfants. Ils ont le choix entre s’intéresser, ou bien s’intéresser et réclamer des explications franches et sérieuses à ceux qui veulent les représenter, ou bien s’intéresser et franchir le pas : s’engager. Rester chez soi, aller à la pêche ? Non Monsieur, non Madame… Il y a tellement de talents – vous, peut-être – dans une commune comme la nôtre ! Et si cela ne vous correspond pas, parlez-en donc à vos voisins et vos amis !

2 commentaires sur “Parlons franc !”

  1. Belle analyse qui montre bien les enjeux de 2020 et les contradictions des uns et des autres … mais au delà des futures 3 listes, que veulent vraiment les Pénestinois ???? qui, de mon point de vue extérieur (mais néanmoins concerné en y ayant, outre une maison, des racines familiales très anciennes), ont raté le coche depuis plusieurs décennies, s’enfermant de plus en plus dans un diptyque limité “station balnéaire populaire – mytiliculture” – sans compter les querelles de clocher à répétition qui n’en ont pas donné une bonne image. Dans cette situation qui n’offre guère de perspectives attractives cotés emploi aux jeunes générations (voir les chiffres des recensements qui stagnent). Pénestin finira-t-elle comme un commune-résidence des 3e et 4e âges, se réveillant simplement de sa léthargie que durant deux mois d’été ?

  2. Merci pour ce “parlons franc” qui présente bien le paysage de ces élections à venir. Il pourra éclairer beaucoup de Penestinois. Espérons qu’il amène des clarifications de part et d’autre et des motivations également.

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