Un comité de suivi qui ne pratique ni l’information ni la concertation

Le comité de suivi du projet Loscolo s’est réuni le samedi 21 septembre. Je n’ai encore rien écrit sur le sujet et il y a des raisons à cela. L’expérience a été pénible. Les échanges ont été âpres. Il faut du temps pour digérer tout cela.

Avec le recul d’une semaine, je commence à voir sous quel angle je vais pouvoir aborder le sujet, en attendant le compte rendu qui sera établi par Cap Atlantique d’ici 10 ou 15 jours. Dans ce qui va suivre, je ne donnerai le nom d’aucune personne, car je ne souhaite pas leur nuire. Ce que j’ai à dire est en effet assez grave…

Une bouteille d’eau, un sachet d’olives et des rillettes de moules

Commençons par le commencement. La réunion avait lieu à 10 h 30 dans la salle du Conseil de la Mairie de Pénestin. Nous étions environ 25 : élus et techniciens organisateurs de cette réunion, mytiliculteurs, associations, riverains. Il faisait beau… et chaud. La prochaine fois, j’apporterai une bouteille d’eau, un sachet d’olives et des rillettes de moules à partager avec mes voisins, car personne n’en a eu l’idée et il faisait très soif. Pourtant, il s’agissait d’une réunion de concertation et l’instauration d’un cadre convivial est particulièrement importante dans ce genre de réunion.

Le tour de table de présentation a été très formel, rapidement expédié ; si vous avez mal entendu le nom de telle ou telle personne, vous devrez attendre trois semaines pour recevoir la liste des participants. Heureusement que Pénestin est un village et que nous sommes nombreux à nous connaître. Le premier intervenant préfère ne pas être interrompu tandis qu’il déroule quelques principes de base : partager l’information, associer tous les acteurs à des « connaissances », ne pas se couper la parole, critiquer de manière constructive, transparence, clarté, ouverture.

Tout cela est bel et bon. Conformément à ce que j’ai écrit dans mon article « Une méthode pour le comité de suivi : transparence, équité, continuité », du 13 septembre 2019, je demande qu’on ajoute un principe de « continuité » et que les informations soient transmises au fur et à mesure qu’elles sont disponibles et pas seulement au moment des réunions. L’animatrice me répond que « les réunions sont nécessaires afin que l’on puisse échanger ensemble sur ce qui peut être transformé et amélioré. » Si vous avez saisi le rapport entre la question et la réponse, n’hésitez pas à laisser un commentaire ! Heureusement que d’autres participants ont mieux compris mes propos et réclament eux aussi à disposer de documents « en amont des réunions », de manière à « ne pas être pris au dépourvu ». L’animatrice leur répond qu’on « essaiera dans la mesure du possible ». Le premier intervenant dit aussi « qu’il fera le possible » (on m’a toujours dit de me méfier de ce genre de phrase, imaginez un garagiste qui vous dirait : « je vais régler vos freins dans la mesure du possible »…) Il raconte avec un sourire en coin (se méfier aussi de ce genre de sourire…) que la veille à 18 heures le document n’était pas encore prêt : « Même nous, on n’a pas toujours l’information qu’on souhaiterait. »

« Avançons ensemble et faisons-nous confiance ! »

Je n’ai guère envie de me laissera attendrir et demande si Cap Atlantique a mis en place un secrétariat : « Si ce comité de suivi a une certaine importance, il est logique que vous vous en donniez les moyens ». Niet, comme disait un de mes voisins. L’intervenant que vous savez explique que ce n’est pas seulement une question de moyens, mais de charge de travail. Certes. Mais quand même ! Trois semaines pour obtenir la liste des participants… L’animatrice ajoute : « Avançons ensemble et faisons-nous confiance ! »

La confiance, cela se gagne, cela se mérite. Je dirai même : cela se conquiert, surtout dans une commune comme Pénestin où l’on fait la course avec un handicap. Un ingénieur, à la formation scientifique sans doute solide, prend ensuite la parole, et ne tarde pas à affirmer que le taux de remplissage de la première zone atteint déjà 50%, « 2 ha sur 4 ha ». Conscient qu’on va bientôt me reprocher de monopoliser la parole, je rectifie tout de même : 1,5 ha sur 4,5 ha. Cela fait 33%, une légère différence. Si les ingénieurs se mettent aussi à trafiquer les chiffres… Mais il se défend : « Si je vous dis 50%, je l’ai pas tiré d’un chapeau. Il y a d’autres entreprises avec qui on n’a pas encore signé de promesses de vente, mais on vous tiendra informés. » Ce scientifique confond donc l’actuel et le potentiel, ses désirs et les réalités, les vessies et les lanternes. Et vous voudriez que je lui fasse « confiance » ?! Mes doutes sur Loscolo viennent justement du fait qu’il faille tellement et si souvent tordre les faits, forcer les réalités, pour justifier son bien-fondé. Ma conviction, simple, est qu’un bon projet s’impose de lui-même sans avoir besoin de calculs ou de tricheries.

Je vais faire court pour aujourd’hui. Je ne vous raconte que quelques détails significatifs de ce comité et je reviendrai par la suite sur d’autres aspects beaucoup plus graves. L’animatrice continue à contredire les participants. A l’un d’entre eux, poli, calme, qui trouve comme beaucoup d’autres que le projet est surdimensionné : « Mais Monsieur, cela ne change rien par rapport au problème que vous avez évoqué initialement, c’est-à-dire la circulation des tracteurs. » Et juste après : « Qu’on redimensionne ou pas un bassin, cela ne change rien au nombre de parcelles. » (Ne cherchez pas, il n’y a rien à comprendre…) Après un technicien qui manipule les chiffres comme le font malheureusement parfois certains politiques, voici donc une politique qui se lance tambour battant dans des questions techniques qu’elle peine à maîtriser !

« Ça fait partie des études en cours »

Pire, à un président d’association qui s’inquiète de l’aménagement de la route du Maresclé et des problèmes de sécurité, elle répond : « Ça fait partie des études en cours ». (Vous aurez noté, évidemment, que les études étaient supposées précéder l’avis du commissaire enquêteur et l’arrêté du préfet.) Le pauvre président d’association laisse dire, dépité, convaincu que ces réunions sont réservées à ceux qui s’expriment mieux que lui. Ses questions, nos questions, restent sans réponses, alors pour ce qui est de la concertation… C’était pourtant le sens même d’un comité de suivi : consulter les associations et les riverains, leur permettre de s’exprimer et de confronter leurs avis, dans le respect mutuel, avec les professionnels.

J’ai cherché ce week-end sur internet quelques éléments concernant l’animation des réunions dites « participatives ». L’animateur d’une telle réunion est défini comme un « facilitateur ». Il favorise l’expression de chacun, fait émerger les avis et les propositions, questionne, rebondit, recadre si nécessaire. Il « garantit » le respect des normes, des limites et des règles de fonctionnement. Et pour cela, il se donne pour conduite de ne pas donner son avis, de ne pas influencer la parole des participants.

Les services de l’Etat eux-mêmes ont-ils été correctement informés ?

Conclusion – et je suis conscient de la gravité de ce que j’avance ici – : le comité de suivi du projet Loscolo qui s’est tenu à Pénestin le 16 septembre n’était pas conforme aux règles de fonctionnement d’un comité de suivi. Il en avait l’apparence, le goût, l’odeur, mais c’était une caricature. Est-ce l’inexpérience des organisateurs en matière de démocratie participative ? En tous cas, les dégâts de cette première réunion sont tels qu’on en arrive à se demander si, au-delà des citoyens, les services de l’État eux-mêmes ont été correctement informés. Des études sérieuses leur ont-elles été transmises sur les moyens de garantir la sécurité de la cohabitation entre tracteurs, estivants et riverains sur certains axes routiers ? Ou encore sur la topographie des fonds sous-marins à l’emplacement des futures canalisations pour le pompage et le rejet d’eau de mer ? (cf. mon article « La société GEOFIT Expert réalise des relevés au Maresclé pour le projet Loscolo » du 27 septembre 2019)

C’était pourtant une excellente idée de rassembler autour d’une même table politiques, techniciens, mytiliculteurs, associations et riverains. J’affirme ici que tous ont joué le jeu, sauf les politiques et les techniciens.

Que faire alors ? Les organisateurs actuels sont-ils prêts à corriger leurs méthodes de travail, qui confinent à une scandaleuse impréparation, et leurs réflexes de défense face à toute expression venue de la base ? Sont-ils prêts à respecter les règles qu’ils ont eux-mêmes rappelées en début de réunion ? Une chose est certaine : il est indispensable de réintégrer dans notre fonctionnement des valeurs d’écoute et de respect. Faudra-t-il, pour redresser la barre, rappeler à Pénestin les commissaires enquêteurs, qui avaient tous deux souhaité la mise en place de ce comité de suivi, mais sur des bases sans doute bien différentes ? Faire venir un représentant de l’Autorité environnementale ? Ou même de la Préfecture ? La question est posée. Je crois que ce comité a une vraie raison d’être et qu’il ne faudrait pas continuer ainsi à le maltraiter.

3 commentaires sur “Un comité de suivi qui ne pratique ni l’information ni la concertation”

  1. Ping : Vérité et mensonge en politique : la 4e lettre ouverte du "Bon Sens pour Pénestin" - penestin-infos

  2. ceci confirme cela :le maire actuellede penestin n est il pas un des maire voire le maire ayant perdu le plus de proces a propos de l environnement loi du littoral baffouée etc….etait il normal que la 1ere reunion d enquete publique ne fut connue des penestinois que tardivement tout se passe ds l opacité c est tellement plus pratique!!!!!!!

  3. Un des points positif a été d’apprendre que lors de d’Assemblée Générale Extraordinaire de l’association du Hameau MYtilicole de Loscolo-Pénestin, les mytiliculteurs avaient voté, à l’unanimité la suppression dans leurs statuts de la demande de création d’un descente à la mer pour les tracteurs au Maresclé. Le président, a transmis à Mme Echard (tu étais en copie) le Compte rendu, la 1er page des statuts de l’Association, ainsi que la liste des présents. Voilà, l’attitude que je souhaite voir auprès des autres acteurs afin que confiance ce gagne.

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