Evidemment, vous devez avoir l’impression que rien ne bouge côté Loscolo. Par exemple, l’arrêté préfectoral DPM (droit public maritime) annoncé pour octobre (!) n’est toujours pas publié… Il y a un problème ? Posez la question en comité de suivi, par exemple, et on vous dira : « mais non, tout va bien : ce n’est pas un retard, c’est le cheminement normal de l’administration. »
Si vous êtes très curieux, comme moi, vous avez écrit à la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer) et le chef du service qui traite le dossier vous a dit il y a un mois déjà au téléphone qu’il avait rédigé un « projet de réponse » adressé pour validation à sa hiérarchie, car Loscolo est un dossier sensible, avec des implications politiques, au cas où vous en douteriez. Depuis, plus rien…
Loscolo fait le mort, comme un serpent
On croirait presque que le dossier Loscolo fait le mort, un peu comme un serpent. Il attend peut-être les futures élections en se disant que le futur maire sera une personne raisonnable, femme ou homme, et qu’il aura le bon goût de décréter un moratoire, le temps de réunir autour d’une table l’ensemble des intéressés. Ce sera toujours une meilleure politique que celle qui s’acharne à avancer coûte que coûte en refusant de reconnaître ses erreurs, comme le futur-ancien maire de Pénestin ou comme les élus de Cap Atlantique chez qui les cartes vont aussi être rebattues.
Car des erreurs, il y en a… Sur le planning, jamais respecté. La superficie, démesurée par rapport aux besoins. Le budget, qui a tout simplement renoncé à chiffrer la renaturation des ateliers existants, sans compter quelques ronds-points et autres aménagements. La mesure de la qualité de l’eau en baie de Vilaine, soi-disant et contre toute évidence en A en attendant de passer en A’. Quant à l’autorisation environnementale elle-même : comment le préfet – l’ancien qui nous a quittés en août pour le Val de Marne -, a-t-il pu indiquer dans son article 5.3 que les rejets d’eau de mer seraient soumis à des campagnes de prélèvements deux fois par an, alors que la directive cadre européenne sur l’eau d’octobre 2000 fait obligation de les réaliser tous les trois mois, et que la jurisprudence a déjà retoqué plusieurs projets pour cette même raison (on ne plaisante pas avec la pollution des océans, sujet « sensible » lui aussi…) ? C’est un mystère pour moi, mais cela ouvre un boulevard pour les recours, et ce n’est qu’un exemple ! Je l’ai déjà écrit, les mytiliculteurs méritaient mieux que cet amateurisme et cette confusion.
Mais en fait, il faut que je vous dise : le projet Loscolo bouge encore, il frétille, il n’est pas mort !! Sans rien dire à personne, mais sans se cacher non plus. Jeudi dernier, une annonce dans Ouest France signée Loire-Atlantique Développement détaillait ainsi le marché public pour des travaux de débroussaillage et de défrichement du parc d’activités de Loscolo. La même annonce était parue sur lacentraledesmarchés.com dès le 13 novembre : petits cachotiers, va ! Mais elle a été très vite référencée sur google.
Les pistes ont été brouillées au comité de suivi
Première chose : il s’agit bien de débroussaillage et du défrichement des arbres de plus de 30 ans. Je ne m’étais donc pas trompé dans mon article « Comité de suivi Loscolo : le temps est une arme » du 26 octobre, et je me demande d’autant plus pourquoi l’ingénieur de Cap Atlantique, M. Koeper, a cherché à ce point à brouiller les pistes lors de la réunion du comité de suivi en parlant d’abord uniquement de travaux préparatoires au diagnostic archéologique, puis, lorsque je l’ai interrogé, en disant qu’il y aurait un défrichement mais qu’il “conserverait les arbres ».
M. Koeper nous a enfumés, il faut que ce soit dit.
Bien, restons calmes et regardons les détails de ce marché public. Date de remise des offres : 5 décembre 2019 à 12 h 00. A part cela, bof, pas grand chose. Il faudrait voir le dossier lui-même réservé aux entreprises qui postulent à l’appel d’offres. Ce doit être possible, avec quelques contorsions.
« La prestation consiste dans un 1er temps à réaliser un débroussaillage de l’emprise de la tranche 1 du futur parc d’activité pour permettre la réalisation d’un relevé topographique. Dans un 2nd temps, le prestataire devra réaliser le défrichement des zones précisées avec l’abattage des arbres indiqués. » Voilà qui est clair. « La surface à débroussailler représente 7,07 Ha pour la tranche 1 et la surface à défricher soumise à autorisation représente 0,7995 Ha ». Ah non, jeune homme ! La tranche 1 fait 6,5 ha : vous ne pouvez pas débroussailler 7,07 ha…
Cela nous mène au-delà du Nouvel An…
Et le planning ? « Travaux de débroussaillage envisagés en Décembre 2019. Travaux d’abattage envisagés en Janvier 2020. (Après la réalisation du relevé topographique, non compris dans la présente consultation) » Bien bien : remise des dossiers de candidature le 5 décembre, sélection des trois meilleurs candidatures, négociation avec elles, choix de l’entreprise, puis 15 jours de « période de préparation » avant l’ouverture du chantier. Voilà qui nous mène certainement au-delà du Nouvel An…
Soit Loire-Atlantique Développement est décidément fâchée avec les plannings, ce qui est ennuyeux pour un maître d’ouvrage, soit ils espèrent pouvoir précipiter les choses alors que les Municipales se rapprochent. Mais cela n’a guère de sens de mettre une fois de plus des choses sur papier alors que la réalité ne suit pas. Par ailleurs, on nous avait toujours dit que les travaux devaient avoir lieu en automne, eu égard au respect des rythmes des animaux constituant la biodiversité du lieu. Est-ce que cela fait une différence ou pas si on décale à présent les travaux en plein hiver – janvier pour le débroussaillage, et février-mars pour le défrichement – ? J’avoue que je ne dispose d’aucune élément pour répondre à cette question qui a néanmoins toute son importance. Si vous avez des infos : – > commentaires !
Tout cela, en tous cas, n’a pas échappé aux militants de Cappenvironnement. Il y avait ce matin une visite de terrain organisée pour les entrepreneurs par Loire-Atlantique Développement, et ils étaient donc trois à aller à leur rencontre munis d’un tract plaisamment intitulé « Loscolo en breton, ça veut dire ‘galère’ ». Il s’agissait en effet d’avertir les entrepreneurs, dans leur propre intérêt, des galères au-devant desquelles ils iraient en répondant à cet appel d’offres.
Premier point : ils sont avertis qu’un recours en annulation a été déposé vendredi et qu’un « référé suspension » (qui a « toutes les chances d’aboutir ») le sera dès le démarrage des travaux. Deuxième point : ils sont informés que le dossier est fortement verrouillé et que les entrepreneurs seront tenus responsables de tout, dégâts, vols, dégradations. Or, le dossier qui leur est fourni manque singulièrement de précisions pour les aider à remplir leur mission. Rien sur les zones humides, rien sur les haies périphériques. Et on retrouve les « arbres mitoyens », ces arbres qui ont à présent 30 ans, mais ne les avaient pas nécessairement encore lorsque les différents plans ont été établis en 2011 et 2016. Le défrichement pourra s’appuyer sur les relevés du géomètre. Mais le débroussaillage ? Ces arbres n’apparaissent sur aucun plan, mais il ne faudra pas les confondre avec les arbustes à débroussailler, sauf à tomber sous le coup des sanctions prévues au Code Forestier.
L’annonce pour l’appel d’offres pourrait désormais s’intituler : « On recherche des kamikazes pour défricher ‘Loscolo-la-galère’ » !
Vous êtes très sévère, vous avancez des chiffres combien de mytiliculteurs sont pour , combien sont contre, rien dans votre article, vous êtes contre ce projet cela est votre choix et respectable,mais la population de Penestin est -elle pour ou contre? Peut être que les futures élections vous éclaireront ,enfin la population aura voté en son âme et conscience et loscolo en fera partie.
Vous dites qu’il n’y a rien dans mon article sur les mytiliculteurs pour ou contre Loscolo, ni sur les choix de la population de Pénestin. C’est vrai, car ce n’était pas le sujet. Cependant, je suis prêt à essayer de répondre à la question que vous posez et que vous n’êtes pas le seul à poser…
Selon la brochure Cap sur Loscolo disponible sur le site internet de Cap Atlantique, la mytiliculture à Pénestin représente 34 entreprises, pour une production annuelle de 4000 tonnes de moules de bouchots et un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros. Sur les 34 entreprises, on dit en général que 13 seraient partantes pour s’installer à Loscolo. Ces 13 sont regroupées en 3 “groupements”. “La Pénestin” par exemple, regroupe 8 (7 ?) entreprises qui ne sont pas toutes productrices et compte de 3 à 5 salariés selon internet (à rectifier s’il y a des erreurs). Son président indique souvent qu’en terme de production, les 3 groupements / 13 entreprises représentent 50 % du tonnage total. Cependant, il y a une incertitude sur les intentions de l’une des entreprises, ce qui ferait descendre les chiffres à 2/12 pour un tonnage qui passerait en-dessous de 50 %. Une entreprise / groupement a besoin de 0,5 ha pour s’installer. Le total représentera 1,5 ou 1 ha selon le cas.
Vous me direz que je ne parle pas des pour et des contre. En effet, les entreprises de mytilicultures s’expriment plutôt en termes de décisions managériales que d’opinion… Quant à la population de Pénestin, il n’a jamais été fait de sondage, bien sûr. Un article de Ouest France l’été dernier montrait que des habitants pris au hasard n’avaient souvent pas d’opinions tranchées. Quant à ceux qui ont fait l’effort de s’informer, on se fera une idée de leurs opinions en parcourant les observations rédigées lors de la dernière enquête publique (http://www.morbihan.gouv.fr/Publications/Enquetes-publiques/PENESTIN/Communaute-d-Agglomeration-de-la-Presqu-ile-de-Guerande-Atlantique2). Ces opinions, souvent critiques, tranchent avec celles de la plupart des décideurs, favorables.
A partir de là, on sort de l’exposé factuel. Il est d’ailleurs difficile de s’en tenir à des faits sans entrer dans l’analyse. Les chiffres fluctuent selon les sources. Les affirmations ne sont pas toujours fondées. Une question importante par exemple : le projet Loscolo va-t-il créer des emplois ? Certains vous diront que oui, mais la production ne pourra plus guère augmenter pour des raisons physiques : la mer ne peut pas nourrir plus de moules… Sur ce simple exemple, vous comprendrez qu’il est difficile de s’exprimer de façon purement factuelle. Je pense que la bonne démarche consiste à se poser des questions, puis à y chercher des réponses en rencontrant les gens (beaucoup) et en se documentant (beaucoup)…
Gros Dossier, un peu complexe à suivre.
Mais dans tout ça, où est l’avis et les positions des Mytiliculteurs, Ostréiculteurs, Conchyliculteurs ?
Combien sont concernés par ce projet à Loscolo ?
Affaire à suivre ! !
Beau travail.
C’est clair,c’est complet
Merci de nous tenir ainsi au courant.
Et bien sur merci à Capenvvironnement pour son action.
Bravo, belle analyse.
Tous mes encouragements à continuer.