Ce blog a un an

Ce blog a un an. Le 26 août 2018, j’ai publié un texte intitulé « Voici Pénestin-infos ! », puis le 27 août « La géographie personnelle de Monika à Pénestin ». J’ai revu Monika lors d’un voyage en Allemagne en janvier dernier. Le reportage avait débouché sur une amitié… Quand on fait de l’info locale, on ne se soucie pas seulement de ses lecteurs. On est plus encore redevable à ses personnes-sources, que l’on revoit et qui disent ce qu’elles pensent à propos de ce qu’on a écrit sur elles. C’est un peu comme un restaurateur : certains pensent qu’ils ne reverront plus leurs clients et les servent en conséquence, d’autres s’efforcent plutôt de tisser une relation durable et laissent s’exprimer les attentes, et parfois les jugements, de leurs clients. Il faut un tout petit peu de courage pour affronter le regard de ceux qui ont accepté de se raconter et qui nous ont fait confiance.

Bien sûr, je ne vous cache pas que c’est tout l’intérêt de la chose. Il n’est pas de meilleur juge de mes articles que celui qui s’est demandé quel usage je ferais de ses confidences, qui a eu quelques battements de cœur en voyant enfin s’afficher un titre et des photos, et qui a entamé la lecture avec un mélange de scepticisme et d’espoir. J’étais fier aussi le jour où la maman de Thierry Fériot m’a confirmé que le portrait que j’avais fait de son fils était “tout à fait lui”. Il m’est même arrivé d’apporter mon texte à une personne et de l’observer pendant sa lecture, après un autre de mes tout premiers reportages, « De quoi parle-t-on à l’apéritif ?? » La jeune femme lit et c’est moi qui retiens mon souffle. La même qui m’avait dit une semaine plus tôt que la conversation sous la tente avec sa famille portait sur « le cul » laisse tomber sa sentence : « C’est bien écrit et c’est mignon. »

«  Je suis libre… Presque trop. »

Je suis curieux des gens, et je suis libre… Presque trop. Personne pour me dicter ma conduite, finies les expériences parfois loufoques, comme lorsque j’étais correspondant de L’Écho de la Presqu’île et qu’une jeune « journaliste référente », ignorante, paresseuse et méprisante, m’imposait ses corrections. Ou lors de mon bref passage comme rédacteur dans un autre blog pénestinois, où un comité de lecture de 10 personnes scrutait chacun de mes textes de crainte que mes mots aient quelques conséquences dangereuses. Oui, les mots peuvent beaucoup, mais jamais tout à fait de la façon que l’on aurait imaginée.

Tout cela est fini, mais j’ai acquis ainsi l’expérience qui me faisait encore défaut du journalisme de terrain qui s’intéresse tour à tour au tourisme, à la culture ou à la politique municipale, qui écrit vite et bien et a mis au point pour cela quelques astuces indispensables. Jusque là, j’avais enseigné les techniques du reportage en encadrant des centaines d’enquêtes réalisées par des étudiants, mais sans avoir l’occasion de réfléchir à ce que je ferais si j’étais, moi-même, à leur place. J’avais dirigé quelques publications, comme le bimestriel de mon université, varié dans ses sujets et dans ses rubriques, mais évidemment éloigné du quotidien et de l’humain qui sont devenus depuis l’objet premier de mon travail.

Je suis désormais seul maître à bord. Il faut inventer jour après jour cette chose assez rare en fin de compte qu’est le blog d’informations locales d’une commune de 1900 habitants. Et cela en tâtonnant… Faut-il annoncer les spectacles ? Faut-il être exhaustif ? Faut-il parler du passé ? Écrire des articles courts ou longs ? Explorer les ressources d’une écriture pas seulement journalistique, mais en partie littéraire ?

Quelques personnes, à différents moments, ont su me conseiller, en étant aussi concrètes que le sont les problèmes posés par chaque article, et aussi ouvertes que le réclame la perception du fil conducteur qui représente l’identité même de ce blog. Je leur en suis très reconnaissant et je les remercie ici.

« L’information est une condition de la démocratie. »

Je crois à la créativité qui fait souvent défaut à nos médias traditionnels comme Ouest France ou L’Écho de la Presqu’île. Je crois au travail, que ce soit pour étudier des dossiers ou pour peaufiner la qualité de ses textes à l’heure où paresse et incompétence sont devenues monnaie courante. Je crois au contact, à la sympathie, à l’empathie, au respect. Je crois à la transparence et il y a tellement à dire à ce sujet ! La transparence, c’est le contraire de l’opacité, c’est le souci que les informations circulent plus librement que ce n’est souvent le cas, le souci que les citoyens soient informés, parce qu’ainsi, ils pourront mieux réfléchir, discuter et agir. L’information est une condition de la démocratie. Et si elle est de qualité, elle stimule une démocratie plus approfondie, plus « éclairée » comme on disait au 18e siècle.

L’information est parfois un combat. Contre la rumeur, bien sûr, qui occupe la place laissée libre dès que se relâche le travail exigeant et méthodique pour la recherche la vérité. Contre l’ignorance, parfois encouragée par des puissants qui considèrent qu’il est plus facile de mener ses affaires ou ses projets sans devoir répondre à toutes les questions, les suggestions ou les critiques de ceux qui s’estiment concernés par les sujets abordés.

Je ne suis pas naïf et je comprends bien que l’idée d’une transparence totale est illusoire. Les relations humaines ou sociales sont tissées de ces informations données ou retenues, des interprétations qui en sont faites, des erreurs et des ambiguïtés qu’elles occasionnent, des discussions et des négociations que celles-ci suscitent à leur tour. En d’autres termes, on se comprend de travers, on s’engueule un peu, on discute, on découvre des aspects que l’on n’avait pas vus jusque là, on se rabiboche autour d’un verre… jusqu’à la prochaine fois ! Cela dans les cas les plus simples, car les relations entre les individus traduisent aussi des conflits d’intérêts, et c’est alors une autre paire de manches. La négociation se fait plus âpre, sa durée s‘allonge, le consensus est de plus en plus rare.

« Avoir de l’estime pour ses adversaires. »

J’aime l’idée que dans le temps du conflit, on peut développer de l’estime pour ses adversaires. Sans rien leur céder, évidemment, mais en leur reconnaissant des qualités humaines, de l’intelligence, de l’engagement, de la conviction. Certains n’en sont pas capables : ils haïssent véritablement leurs adversaires. Pénestin souffre beaucoup de ce travers, de ce manque d’ouverture à la différence de la part de ceux qui sont supposés représenter la population et œuvrer pour le bien commun.

La période à venir sera celle de la campagne des Municipales. J’ignore encore quel sera mon rôle. Proposer aux uns et aux autres les idées glanées à travers des reportages qui donnent la parole aux citoyens ? Donner la parole aux candidats et à leurs colistiers sur des formats que ne connaissent pas les médias traditionnels et qui permettent de réellement développer une réflexion et des propositions ? La donner aussi à ceux qui considèreront qu’ils ont quelque chose à dire et qui souhaiteront les interpeller ? Un peu de tout cela, mais sachez que pour moi ces Municipales ne constituent pas une priorité, et que je souhaite pouvoir voyager aussi bien que mener à bien des projets dans les domaines de l’écriture et de la musique. À défaut des renforts que j’ai souvent sollicités et qui ne sont pas venus pour aider à la gestion de ce blog, je ne garantis pas un investissement sans failles lorsqu’il s’agira de couvrir dans le cadre des prochaines élections municipales, des projets collectifs certes, mais sans doute aussi quelques ambitions personnelles.

Jusqu’ici, il a beaucoup été question du débat fondamental pour Pénestin concernant le projet de parc conchylicole de Loscolo. J’ai beaucoup écrit sur ce sujet. J’ai séparé les interventions à caractère journalistique de celles relevant de l’opinion. Pourtant, on m’a parfois reproché d’être partisan. Pour avoir trop donné la parole aux opposants et pas assez à ceux qui défendent le projet, plutôt que pour mes écrits eux-mêmes. Il est vrai que ceux favorables au projet avaient choisi jusque là de ne pas communiquer, et que d’autres m’ont fait faux bond à plusieurs reprises. Je me suis maintenant rattrapé en interviewant longuement Gilles Foucher. Une interview comme celle-là, en deux parties, représente plusieurs dizaines d’heures de travail. Imaginez que j’ai enregistré au total 1 h et 50 minutes d’interview que j’ai intégralement transcrite, puis retravaillée pour lui donner sa forme écrite (20 pages au total), pour éliminer les redites, et pour donner plus de clarté à l’expression.

Gilles a compris ce que les hommes politiques savent bien. Sarkozy préférait se faire interviewer par des journalistes de gauche capables de lui donner la réplique et Hollande par des journalistes de droite dont les réactions le forçaient à se surpasser. Les électeurs de droite acceptent de faire confiance pour leur information à Audrey Pulvar, à Michel Field ou à Jean-Jacques Bourdin. À l’inverse, ceux de gauche écoutent Laurent Delahousse, Julian Bugier, et parfois même Jean-Pierre Pernaud.

« Entre 90 et 100 lecteurs par jour »

Bon, assez parlé ! Quelques chiffres pour finir. Cet article est le 149ème depuis un an. Edwige en a rédigé une douzaine, notamment sur la botanique. C. Dhèbe a écrit 3 textes de fiction. Paul Daulon a publié un texte sur « La grive musicienne », Thierry Fériot sur “Le chênes de Loscolo”, Dominique Boccarossa sur “Les catholiques et l’environnement”. Le reste, environ 130 articles, a été rédigé par moi. Ils sont lus globalement par 90 à 100 personnes chaque jour. Chacune d’entre elles effectue en moyenne 3 lectures dans la journée. Certains articles ont dépassé les 4 ou 500 lectures. Je ne fais quasiment pas de publicité. J’ai édité un petit flyer que j’oublie toujours d’emmener avec moi. La réputation de ce blog se construit essentiellement par le bouche à oreilles.

Il fonctionne, comme je l’ai déjà expliqué, sur un principe de totale gratuité. Il ne coûte rien et ne rapporte rien. J’avais envisagé de m’associer avec des médias qui me rachèteraient certains articles dont je leur accorderais l’exclusivité pour une période déterminée. Je n’ai pas trouvé le temps de prospecter. Cela viendra peut-être un jour, de même que la participation de stagiaires d’écoles de journalisme.

Ce que j’espère le plus dans un avenir proche, c’est que les ateliers d’écriture existants sur la commune, les écoles, l’EHPAD, voient l’intérêt d’offrir à leurs membres, à l’aide de ce blog, un débouché vers un lectorat fidèle et attentif.

Enfin, c’est à vous, lecteurs, que je pense chaque jour en définissant un sujet de reportage ou en choisissant un adjectif plutôt qu’un autre. C’est à vous que j’adresse mes remerciements les plus sincères pour cette aventure qui m’apporte tellement de satisfactions !

2 commentaires sur “Ce blog a un an”

  1. Un jour, si vous voulez, vous pourriez donner la parole aux vacanciers pénestinois, et pas seulement à ceux qui vivent à l’année. Je fais partie de ce groupe de vacanciers propriétaires d’une maison, petite ou grande, peu importe, et attachés de tout coeur à ce village charmeur, charmant, parfois un peu gaulois sur les bords, mais que toute ma famille adore retrouver à chaque vacances. Alors, si vous êtes d’accord, un jour, faites nous une petite place dans votre blog. Marion

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