Conseil municipal du 26 juin : toute l’opposition a démissionné en bloc

(Un lien vers la vidéo de la partie du Conseil municipal qui fait suite à la démission de Christian Mahé sera prochainement disponible.)

Quelques points à retenir de ce Conseil du 26 juin 2023

« Le service des élections n’accepte pas le nom de Terrien »

Le 9 juin, Mme Corinne Terrien avait demandé, alors que le maire faisait l’appel en début de Conseil, a être appelée sous son nom de jeune fille, Terrien, et non celui de Bourse, qu’elle ne porte plus. Mme Laurence Robin, secrétaire générale de Mairie, lui avait fait une réponse proprement sidérante :

« Vous ne pouvez pas vous appeler Terrien. Au moment des élections, vous vous êtes déclarée Bourse et le service des élections n’accepte pas le nom de Terrien. Il faut attendre les prochaines élections. La Question a été au Sénat et la réponse n’est pas apparue. »

Une telle réponse ferait penser à un vieux gag de Fernand Reynaud si elle n’était profondément insultante pour l’intéressée. Le rectificatif apporté hier par le maire montre que cette réponse était en plus erronée, car l’information était disponible dans le Journal officiel du Sénat depuis le 26 janvier 2023.

Un petit mot d’excuse aurait été de bon goût. C’est à ce type de détails que l’on mesure le degré d’apaisement des relations à l’intérieur d’une commune. Le maire a simplement répondu à Mme Terrien qui lui rappelait qu’il était en tort depuis un an et demi : « En tous cas, je prends note de ce que vous nous annoncez, Madame Terrien. »

« La confiance n’étant plus ni d’un côté, ni de l’autre… »

Dans son allocution de démission, Christian Mahé dit n’avoir pas reçu beaucoup d’éloges, ni de remerciements sur son travail effectué durant trois années. Par contre, d’autres l’ont fait, poursuit-il, citant le présent blog.

Il ajoute : « Il est vrai que mon témoignage dans l’affaire Terrien a fait couler beaucoup d’encre (…) et aujourd’hui cela me coûte cher. J’assume mon choix, même si je dois laisser ma place dans mon poste d’adjoint. La confiance n’étant plus ni d’un côté, ni de l’autre, je préfère me retirer tant qu’il est encore temps. »

Là aussi, un autre maire aurait eu un mot pour celui qui fut présent à ses côtés pour une aussi longue période.

Les « raisons de sécurité » ont été ajoutées a posteriori

Dans ses corrections apportées au procès-verbal du Conseil du 9 juin, M. Boccarossa revient sur l’intervention de la gendarmerie après la clôture du conseil.

« Ce qui est écrit : Monsieur le maire met fin au Conseil pour des raisons de sécurité. (…)

Ce qui a été dit : ‘Le maire : Le Conseil municipal est clos et sera reporté en huis clos. Je demanderai au préfet qu’il soit à huis clos. Merci. Je vous demande de quitter la salle.’

En écrivant dans le compte-rendu que Monsieur le maire met fin au Conseil pour des raisons de sécurité, on manipule des faits et on oriente le lecteur vers un jugement erroné. Car aucune agression verbale ou action violente dans la salle du conseil ne compromettait la sécurité des élus et des 80 personnes présentes. »

Concernant ensuite l’intervention proprement dite de la gendarmerie, M. Boccarossa accuse aussi le maire d’avoir falsifié les faits et d’en donner une interprétation fallacieuse. (cf. vidéo à suivre)

Celui-ci assure n’être intervenu ni auprès des gendarmes, ni auprès du Préfet. « Monsieur le Préfet, dit-il, pour faire le courrier que vous avez lu, n’a pris que le rapport de gendarmerie. Ce que vous contestez, c’est le rapport de gendarmerie. »

M. Boccarossa rappelle pour sa part que tout été consigné sur vidéos, photos et enregistrements audio qui serviront de preuve à la décharge de l’opposition le cas échéant. Le maire couvre sa voix à l’aide de son micro et fait procéder au vote : « approuvé à la majorité moins 7 voix ».

« C’est fou ! »

Lorsque le maire entame le point 1-2 de l’ordre du jour, les 7 élus d’opposition se lèvent et déposent devant lui leurs lettres de démission. Le maire poursuit imperturbable et donne la parole à M. Crenn qui lit un texte sur un ton monocorde dans le brouhaha ambiant et les allées et venues. M. Bernard : « Vous n’avez plus le quorum. » Mme Bretonneau : « Si, vous avez signé en début de séance. » M. Bernard : « C’est fou ! » Normalement, le procès-verbal de ce Conseil mentionnera l’heure à laquelle ils ont quitté la séance et ne peuvent par conséquent plus en être considérés parties prenantes. Mme Bretonneau se lève pour fermer la porte-fenêtre tandis que le maire commente : « On veut juste travailler, c’est tout. »

On apprend ce matin dans Ouest-France que la préfecture a fait savoir hier soir au maire que ce Conseil serait peut-être annulé et/ou reporté, ce dont nous devrions être informés dans la journée d’aujourd’hui. (1)

Outre leurs propres démissions, les élus d’opposition ont remis au maire celles de tous leurs colistiers, sans exceptions, qui refusent ainsi par avance d’intégrer le Conseil pour les remplacer. On se souvient que sous le dernier mandat de Jean-Claude Baudrais, la démission de Bénédicte Dupé avait été suivie par 7 ou 8 convocations de membres de sa liste, qui avaient tous (sauf une) refusé de siéger.

Le Conseil ayant perdu plus du tiers de ses membres, on devrait donc s’acheminer vers de nouvelles élections, au titre de l’article L258 du Code électoral qui stipule : « Lorsque le conseil municipal a perdu, par l’effet des vacances survenues, le tiers de ses membres, il est procédé à des élections complémentaires dans le délai de 3 mois à dater de la dernière vacance. »

L’inconnue réside dans la possibilité pour le maire de compléter son effectif en faisant appel aux 4 derniers membres non élus de sa liste. C’est ce qu’il indique à Ouest-France à la fin du Conseil. Il semble ou fait semblant d’ignorer que l’eau a coulé sous les ponts depuis 2020 et que ceux-ci ne lui sont plus tous acquis. Deux, peut-être, selon les rumeurs. Peut-être même pas. Ce qui est certain, c’est que l’application de la règle du tiers se jouera à une voix près.

Ce silence…

Dans la cour de la mairie, les démissionnaires évoquent pêle-mêle l’absence de débat et la fatigue de parler dans le vide, les abus de tous ordres, l’autoritarisme, le manque de transparence. C’est « sans issue », explique M. Boccarossa. Tout se rejoint, la plainte pour agression sexuelle (présumé innocent), l’insulte faite aux Pénestinois le 9 juin en faisant évacuer la Salle du Conseil, les élus y compris, par la force publique… 

Et ce silence. Ce silence qui est certainement la marque de fabrique de ce demi-mandat… Comment cet homme a-t-il pu faire illusion, convaincre, séduire, se demandent ceux qui ont suivi son parcours depuis le début et qui ont tous laissé quelques plumes dans la confrontation. Ceux qui l’ont suivi et ont travaillé pour lui avant de prendre littéralement la fuite, puis de subir ses vengeances petites et grandes, s’en veulent de leur naïveté. Tous partagent une même souffrance. Tous en sont venus à se croire coupables des maux qu’ils subissent.

Ce n’est pas un jeu de renoncer à un mandat du peuple. Pour en être arrivés là, il a fallu que le débat démocratique soit profondément bafoué et que les représentants des Pénestinois subissent nombre d’humiliations. La démission est un point ultime, un dernier mot au-delà duquel on sera absent. On aura déserté le terrain que l’adversaire (désolé de devoir employer un tel mot) se croira libre d’occuper. 

Mais en prenant un tel risque, on ouvre le chemin d’une renaissance. Peut-être. Question d’y croire.

(1) Ouest-France, dans un article posté à 19 h 42, confirme que le Conseil a été invalidé par la préfecture. Il se tiendra à nouveau samedi matin. Le maire indique par ailleurs que deux colistiers sur les 4 restants ont accepté de siéger au Conseil. Il considère pouvoir poursuivre son mandat avec un Conseil réduit à 13 membres appartenant tous à sa majorité.

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Une réunion publique aura lieu la semaine prochaine où les opposants des trois groupes échangeront avec la population.

5 commentaires sur “Conseil municipal du 26 juin : toute l’opposition a démissionné en bloc”

  1. J’ai enseigné 12 ans à l’ENACT (Ecole Nationale des Cadres Territoriaux)…
    J’ai rencontré nombre de spécialistes du droit territorial et du statut des la fonction publique territoriale et il est certain qu’un(e) fonctionnaire n’à juridiquement pas le statut pour intervenir en conseil municipal;

  2. Une chose m’avait déjà surprise dans de précédents articles et m’interpelle une fois de plus : comment se fait-il que la secrétaire de mairie – la prénommée Mme Robin – puisse intervenir en plein conseil en se permettant même d’être incorrecte avec des élus/élues… A ce que je sache elle n’est qu’une employée et étant non élue, elle a l’obligation, au même que tous les citoyens pouvant assister à un conseil municipal, de s’abstenir de toutes réflexions, commentaires et autres. Serait-ce un nouvel exemple de la dérive et de l’incapacité du maire à faire respecter son autorité ? D’ailleurs sa place lors des conseils ne devrait déjà pas être aux cotés du Maire, mais derrière lui !!
    Pour la suite des évènements, et quand bien même ce qui reste du conseil municipal arriverait à se tenir la tête hors de l’eau en étant juste au-dessus de la perte du tiers de ses membres, comment pourra-t-il tenir trois ans ? …
    Pour le reste j’ai apparemment fait preuve de prémonitions dans mes précédents commentaires.
    En espérant pouvoir assister à la réunion publique….

      1. Une Secrétaire de Mairie à le devoir de réserve et ne doit intervenir que sur l’ordre du jour d’un conseil municipal…. Elle prend partie do c c’est une faute, et pas la première (cela n’engage que moi et non l’auteur du blog)

  3. merci pour ce nouveau post des infos du conseil municipal de penestin
    en ce qui concerne cette réunion publique n hésitez pas a nous donner plus d informations afin que chacun puisse y participer

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