J’ai entendu ce matin Pascal Perri, économiste maison de LCI, dire que dans les entreprises, il y a ceux qui parlent de la transition écologique et ceux qui la font. Pourtant, il faut bien parler – et écrire – : pour informer, pour lancer des initiatives, pour s’organiser, et si on veut que l’action soit efficace. Mais il est vrai que lorsque les paroles débouchent sur des actes, c’est mieux.
Je vous proposerai pour ma part, dans les tout prochains jours, une action qui ne dépendra que des bonnes volontés, de la créativité et de l’engagement de ceux qui souhaiteront y participer, et ne demandera rien à personne. Pas de courriers sans réponses, pas de demandes de subventions : on ignorera ceux qui nous ignorent. La création le mois dernier de Capciné, le ciné-club de Pénestin, montre l’exemple de ce point de vue.
La quantité de débris plastiques dans les océans aura quadruplé d’ici 2040
Car il y a de quoi faire ! Hier, c’était le WWF (World Wide Fund for Nature – Fonds mondial pour la nature), qui publiait un volumineux rapport sur la pollution par les plastiques, qui a désormais atteint « toutes les parties des océans, de la surface aux grands fonds marins, des pôles aux côtes des îles les plus éloignées. » Certaines sont déjà dans un état désastreux : la Méditerranée, la mer Jaune, la banquise Arctique…
Du plancton aux baleines, les plastiques contaminent toute la chaîne alimentaire : 386 sur 555 espèces de poissons inventoriés en 2021 en avaient ingéré, souvent sour la forme de nanoplastiques, d’un taille inférieure au millième de millimètres. Imparable ! Idem pour 30 % d’un échantillon de cabillauds pêchés en mer du Nord. Cela vaut pour les mollusques, pour les oiseaux marins, dont 74 %, dans le Nord-Ouest de l’Atlantique, en ont ingurgité. Et cela ne fait qu’empirer : si rien n’est fait, la production mondiale de plastiques aura doublé d’ici 2040 et la quantité de débris plastiques dans les océans aura quadruplé. Quadruplé !!
Cela se passe sous nos yeux. Comme on dit : qui ne dit mot consent… Les Inuit qui se nourrissent de la chair des baleines et des oiseaux marins s’empoisonnent déjà. Dans certaines îles isolées du Pacifique, le poisson qui était jusque là l’aliment principal vient déjà à manquer ou est devenu impropre à la consommation. A la vitesse où vont les choses, bien au-delà de toutes les prévisions, ce sera bientôt à nous aussi de renoncer à nos habitudes, qu’il s’agisse des barquettes de colin pané de la grande surface du coin ou de la lotte à l’armoricaine de votre maman. Cela s’appelle un effet boomerang, un retour à l’envoyeur.
Un traité pour la biodiversité en haute mer, là où les réglementations nationales ne s’appliquent pas
Les lois, comme celle qui interdit en France depuis le 1er janvier les emballages plastiques pour une partie des fruits et légumes, arrivent bien tardivement. Le WWF appelle les Etats à adopter un traité mondial juridiquement contraignant contre la pollution plastique lors de la prochaine Assemblée des Nations Unies pour l’environnement.
Entre temps se déroule à Brest, aujourd’hui, demain et vendredi, le One Ocean Summit (no translation…), une rencontre internationale qui réunira 500 experts avant de rassembler autour d’Emmanuel Macron une vingtaine de chefs d’Etats et de gouvernements. Objectif : faire avancer la négociation en cours depuis 5 ans déjà, à l’ONU, en vue d’un futur traité qui protégerait la biodiversité de la haute mer, là une les réglementations nationales ne s’appliquent pas. Il sera évidemment question de la pollution plastique. Ci-dessous, le document de présentation, disponible sur http://oneoceansummit.fr
Point d’achoppement probable : le document de présentation dit vouloir lutter contre la surexploitation des ressources marines, mais celles-ci « potentiellement colossales, font l’objet de convoitises croissantes », y compris de la France. L’article de tête de Libération ce matin, intitulé « One Ocean Summit : la haute mer, cette terre inconnue », apporte un éclairage intéressant sur cette question.
Des forums en direct sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=pI3DZFhvEQk (appuyer sur la barre de défilement en bas de l’écran). Vous trouverez peut-être mieux…
Sur Reporterre.net, 3 reportages : « L’industrie minière prépare le pillage des fonds sous-marins », « Les 6 enjeux (et oublis) du One Ocean Summit », et « Les océans étouffent sous le plastique ». L’accès est gratuit il me semble.
On regarde tout ça un peu ces prochains jours et on en reparle ?!