Toute sa vie, Paul Daulon s’est engagé. Son dernier engagement a été la présidence de l’association « Autre Regard », jusqu’au début de 2018. Une association dont la mission est d’« assurer une vigilance critique et constructive en ce qui concerne la gestion de la commune » et de promouvoir « les valeurs de démocratie, de citoyenneté, de tolérance, de solidarité et de justice sociale », ainsi que « l’adoption de comportements individuels et collectifs de nature à préserver l’environnement ».
Avant cela, il avait travaillé au CEA, le Commissariat à l’Energie Atomique. Il y a animé la section CFDT durant de longues années, s’efforçant de faire contrepoids face à une politique d’essais nucléaires dont les effets sur les populations en Algérie et en Polynésie sont maintenant bien connus. Dans ses dernières années, il a rédigé un petit livret qui reprend les étapes de sa vie professionnelle, destiné à ses proches. Bien que son rôle ait uniquement consisté à effectuer des mesures, il s’inquiétait en effet de n’avoir peut-être pas fait assez pour contrer cette politique voulue directement par le Général De Gaulle. Moi, quand il m’en parlait, je trouvais qu’il avait été courageux de s’y opposer ainsi comme le pot de terre face au pot de fer.
Paul avait le sens de l’amitié. Je l’ai vu parfois rayonnant de bonheur lorsqu’il était entouré de ses amis les plus proches. Huguette lui était indispensable. Lorsqu’elle est partie, il a connu un profond désarroi. Un de ses commentaires sur ce blog en constitue une trace. Il m’a fait plusieurs fois des confidences, sur sa vie, sur ses relations, et je lui en faisais aussi. J’éprouvais une forme de fierté que cet homme plus âgé que moi m’ait pris pour ami. Huguette disait, quand elle nous laissait discuter tous les deux dans la véranda de leur maison du Yoquo : qu’est-ce que vous avez l’air de bien vous entendre !
Je l’avais rencontré pour la première fois en janvier 2018. J’étais alors correspondant de L’Echo de la Presqu’île et j’étais venu l’interviewer sur la situation d’Autre Regard, délicate à ce moment-là. Les défections se multipliaient. D’ailleurs, pendant que j’étais chez lui, un membre du Bureau est venu apporter sa lettre de démission. Une Assemblée Générale tendue s’annonçait deux ou trois jours plus tard, qui devait marquer la fin de sa présidence et son remplacement par une direction collégiale de 10 personnes. Il me disait qu’il avait fait son possible, mais que cela devenait de plus en plus difficile. Lorsque nous nous quittâmes, il me rappela au bout d’une heure ou deux, un peu paniqué. Il m’avait dit des choses qu’il n’aurait pas dû, je ne devais pas les publier. Il avait parlé au téléphone avec les membres du Bureau de l’association, qui tous craignaient les conséquences de ce que j’allais écrire.
Il avait un joli brin de plume
J’ai réfléchi. Deux possibilités s’offraient à moi : soit je publiais ces infos contre sa volonté, on me ferait quelques compliments à la rédaction de L’Echo à Guérande, puis on me paierait mes 9 euros comme d’habitude ; soit je les passais sous silence… et j’avais l’intuition, bien que nous nous voyions pour la première fois, que je me ferais un vrai ami. Je n’ai pas hésité longtemps. Ce jour-là, j’ai appris quelque chose sur le journalisme et sur l’amitié : oui, c’est immoral pour un journaliste de ne pas publier une information en sa possession, mais il y a des choses dans la vie qui valent plus qu’un scoop. C’est pour lui que j’ai fait cela, pas pour son association. Je savais qu’il était désintéressé et d’ailleurs, il ne m’a jamais redemandé un service ou une faveur par la suite.
Paul avait un joli brin de plume. Il tenait le blog d’Autre Regard. Il a aussi écrit à plusieurs reprises, sur penestin-infos, des articles – comme celui sur la grive musicienne, le premier d’une série sur les oiseaux qui n’a pas eu de suite (http://www.penestin-infos.fr/oiseaux-1-la-grive-musicienne/), ou ce compte rendu de la fête de la musique à Tréhiguier en 2019 (http://www.penestin-infos.fr/la-fete-de-la-musique-vendredi-soir-a-trehiguier/) -, ou des commentaires.
Il écrivait de la poésie et il écrivait pour défendre ses idées, pour commenter la vie de la commune, pour participer au débat politique local : clairement engagé dans l’opposition ; engagé tout aussi clairement au service du bien commun. Il luttait contre le système des clans qui gangrène notre commune et dont il subissait plus que d’autres les conséquences lorsque certains, dans la rue, ne répondaient pas à son salut. Nous sommes nombreux à nous souvenir de ces engagements auxquels il a consacré toute son énergie pendant de longues années.
Conservons-lui une place dans la mémoire collective de notre commune !
Paul, ce sont de bons souvenirs des réunions syndicales du jeudi, j’ai encore le son de ta voix douce mais assurée…
Aussi, un 14 juillet au bord du Loing, un déjeuner à Penne avec Huguette, jean et jeannine…
Au revoir Paul .
Michel.
Paul était mon ami. Nous avons partagé de nombreuses idées, politiques, professionnelles, syndicales et autres. Il va me manquer, et restera dans mes bons souvenirs.
J’ai rencontré son fils Sylvain et ses 3 petits enfants, chez lui vendredi dernier, avec quelques autres amis et voisins. Ces moments aident à laisser partir un ami.
Colette
J’ai connu Paul, j’avais 30 ans. Nous avons travaillé ensemble, milité, fait du théâtre. Nous avons ri, pleuré, connu et commenté l’évolution du monde. Tout le monde disait : Paul est gentil. On l’aimait.
Et maintenant Paul est mort. Je suis triste. Tout un pan de ma vie disparait. Paul je ne t’oublierai pas.