Faut que je vous dise. Avant la Gratiferia, dimanche, j’étais passé à l’Eglise. Alain Pérais, l’auteur de l’excellent bouquin sur les « 250 ans de la paroisse de Pénestin » toujours en vente au Bateau Livre et chez Carrefour, donnait une conférence sur Louis-Marie Grignon de Montfort (1673-1714), un prêtre de la région qui fut canonisé en 1947 par le pape Pie XII. C’est lui qui créa la congrégation des « Filles de la Sagesse » dont l’ancien couvent se dresse toujours près du cimetière dans le centre de Pénestin. De 1815 à 1909, elles assurèrent l’éducation des jeunes filles de ce bourg alors isolé derrière ses marais, et surtout… très pauvre.
Un beatnick avant la lettre ?
La pauvreté, le soin et l’assistance portés aux pauvres, c’est le fil conducteur de toute la vie de ce saint, autant que de ces Filles de la Sagesse. Alain Pérais nous raconte avec sa verve habituelle que lorsque Louis-Marie jeune se rendit à Paris pour y entrer au séminaire, il partit à pied, refusant le cheval qu’on lui proposait, et distribua dès le départ les 10 écus de sa bourse et même une partie de ses vêtements. Etait-il un beatnick avant la lettre ? En tous cas un original qui ne fait pas semblant et ne fait rien à moitié, à l’inverse des faux-dévots moqués par Molière à peine 30 ans plus tôt dans son Tartuffe.
Alain a son style bien à lui. Ce n’est pas lui qui parle de beatnicks et de Tartuffe (encore qu’il aurait pu !), mais il raconte le bon « job » trouvé par Louis Marie pendant ses études à Paris, veiller les morts. Puis son arrivée à Saint Clément, à Nantes où il se dit : « Ben non ! C’est pas mon truc ! Moi, ce que je veux, c’est évangéliser les campagnes. » Et comme les gens ne savent ni lire ni écrire, eh bien, il les fera chanter. Et Alain d’entonner un cantique qu’une partie de l’assemblée a tôt fait de reprendre en chœur. Louis-Marie Grignon de Montfort en a écrit 164, et beaucoup ont survécu jusqu’à aujourd’hui.
Des sœurs au sourire malicieux
Une cinquantaine de personnes est rassemblée pour l’écouter, dont le père Stéphane, recteur de la paroisse, et trois sœurs de la congrégation des Filles de la Sagesse. Elles ne connaissent pas seulement les cantiques, mais aussi les dates, les lieux, de cette histoire, et il leur arrive de reprendre le conférencier avec un sourire malicieux.
Alain Pérais poursuit son récit. Louis-Marie est envoyé à Poitiers où il réforme l’hôpital, puis à nouveau à Paris, à la Pitié Salpétrière. Il est « viré » au bout de 4 mois. « Il n’entre ni dans les cadres, ni dans les moules. » Les moules ?! Non, non, dormez tranquille, il ne s’agit pas de mytiliculture. A force d’avoir des ennuis avec ses évêques, il décide d’aller voir le Pape. Il part à Rome à pied, comme il se doit. « Je voudrais enseigner l’évangile dans les pays lointains. » « Pas question, lui répond le Pape, il y a suffisamment de boulot en France. C’est là qu’est votre mission. »
« Il met le souk dans la boutique »
Il revient gonflé à bloc. « Le chef a dit que je pouvais. » Personne ne l’empêchera plus de militer, pardon ! d’évangéliser, surtout en Bretagne. Et en chansons : « Chrétiens, chantons à haute voix ! » A Campbon, il « met le souk dans la boutique ! » Non, ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est Alain Pérais ! « Y’en a qui s’occupent d’entretenir leurs châteaux pendant que l’église est dans un état déplorable ! » (Ça, c’est de tous temps. (moi)) Sa réputation est faite.
Elle lui vaudra une statue dans l’église de Pénestin. Mais elle lui valut d’abord l’intervention de Louis XIV en personne qui fait détruire le calvaire de Pontchâteau. Le motif ? « Risque que ce calvaire donne asile à des gens de mauvaise volonté plutôt qu’à entretenir la dévotion du peuple. » Voilà qu’on l’assimile à une racaille maintenant ! Sacré Louis-Marie, va !
Cet article très intéressant me fait regretter d’avoir manqué cette conférence.
Ais-je manqué l’information ou a-t-elle été mal faite ?
Très souvent à Pénestin l’information circule mal et les habitants manquent des manifestations qui pourraient les intéresser.
Je milite pour le renouveau des gardes champêtres et de leur tambour. La version moderne pourrait être un haut parleur sur un véhicule municipal qui tournerait sur toute la commune.
Les cirques le font bien !
C’est quand même bien les chatelains qui engraissaient le clergé…. Alors que
Beaucoup de curés enfoncaient et humiliaient les pauvres !