Pénestin a voté

6 ou 7 tables sont disposées dans la grande salle du complexe Petit Breton. Elles accueillent chacune 8 scrutateurs qui se répartissent les tâches. Approximativement : sortir les bulletins des enveloppes ; les déplier et annoncer le vote ; deux personnes en parallèle pour tracer des petits bâtons par groupes de 5 ; déposer les bulletins en petits tas ; vérifier ; reporter les résultats sur les procès-verbaux… Vous avez certainement déjà fait cela dans votre vie.

La difficulté, c’est qu’il y a cette fois-ci 24 listes. Thierry me dit qu’à sa table, par moments, ceux qui effectuent le décompte prenaient du retard parce que les autres allaient trop vite. Tous sont attentifs, car on n’a en réalité pas le droit à l’erreur. Il faut aussi comptabiliser les bulletins nuls : ceux portant des signes intérieurs ou extérieurs de reconnaissance, les affiches ou autres glissées dans l’enveloppe en lieu et place des bulletins, les enveloppes contenant deux bulletins différents.

C’est au votant de contrôler que le bulletin est en bon état

Ou encore les bulletins marqués d’une tache. C’est un peu délicat : l’électeur n’en est pas nécessairement responsable. Jean-Claude, bon spécialiste de la procédure, me dit que c’est au votant de contrôler que le bulletin qu’il a pris est en bon état. Vous le saviez ? Justement, à la table du fond, deux bulletins sont litigieux, mais les scrutateurs ont débattu et jugé qu’ils étaient valables. Patricia, la DGS (directrice générale des services) de la mairie, est passée et en a pris acte.

Mais le maire revient, disant avoir recueilli les avis en faisant le tour des autres tables. Il indique que les deux bulletins doivent être considérés comme nuls. « Ah ! Et comment on fait ? » « Vous rayez les noms. Je signerai. » Pierre me dit : « Tu as la chance d’avoir assisté au seul incident de la soirée. » Je me demande pourquoi personne n’a défendu la position qui avait été adoptée par le groupe de scrutateurs. Moi qui ai fait partie de multiples jurys durant ma vie professionnelle, j’aurais plutôt supposé qu’un « groupe de scrutateurs », constituait une sorte de « jury » souverain. Non, visiblement, ce n’est pas le cas. Les décisions sont prises au niveau de la commune (donc sous la responsabilité du maire) et non, semble-t-il, du bureau de vote (il y en a deux) ou de la « tablée ».

Entre 20 et 30 personnes circulent autour des tables. C’est le « public », autorisé à assister au dépouillement. C’est un rôle plutôt agréable. Les conversations roulent sur toutes sortes de sujets, une fois épuisé celui pour lequel nous sommes réunis ici. Thierry raconte que dans son gîte, il a reçu dernièrement des Allemands qui étaient un peu bizarres : ils étaient arrivés à vélo et n’avaient pas voulu s’en séparer. Ils les ont gardés avec eux dans leurs chambres ! Son interlocutrice approuve : « Vraiment, ça ne se fait pas ! »

Le « ou bien… ou bien… » qu’il a pourtant inventé

Plusieurs me complimentent pour les derniers articles de ce blog : celui sur Fifi le rocker ou celui sur Alain racontant l’histoire du Saint local, Louis-Marie Grignon de Montfort. Nous en arrivons à discuter du nom désignant les habitants de Pénestin : est-il plus correct de dire « Pénestinois » ou « Pénétinois » ? Alain part interroger une dame âgée de 85 ans qui a passé toute sa vie ici. Les deux acceptions sont correctes, semble-t-il ! Je vous disais bien que l’esprit européen échappe dès qu’il le peut au « ou bien… ou bien… » qu’il a pourtant inventé.

Pierre, né en 1942, nous raconte un souvenir datant de la guerre, alors qu’il devait avoir deux ans. Le lieu où sa mère le promenait dans son landau a été mitraillé depuis un avion. Il paraît qu’ensuite, dès qu’il entendait des avions, il courait se mettre à l’abri en répétant : « avions boum boum ! » Fifi se souvient, lui, au même âge, d’un ciel rempli d’avions. Il ne peut pas en être certain : les enfants perçoivent les quantités et les dimensions en fonction de leur petite taille.

Fifi, toujours, se souvient de l’époque, avant la guerre, où la plage du Maresclé était surnommée la « plage de l’Américain ». Alain, historien incollable, nous précise qu’il s’appelait John B. Gribble. Aux Etats-Unis, il dirigeait une usine de cartonnages. Il avait fait construire sa maison en 1927 à proximité de la colonie OUL que l’on appelait encore « Dunlop », juste en face de l’endroit où sera construit en 1943-44 le grand blockhaus. On invitait parfois Mr Gribble à l’école, et il distribuait des chewing gums, des chocolats et des bonbons aux enfants, comme ses compatriotes le feront à la Libération. Il avait installé sous sa maison un système de récupération des eaux pluviales décrit comme futuriste. Apparemment, il y serait toujours. Mais Fifi se souvient d’avoir vu dans son enfance des tuyaux « en l’air » autour de la maison. Je vous rassure, il les situe bien sur le côté allant vers le Poudrantais : ce n’est pas une anticipation des canalisations prévues pour Loscolo qui reculerait encore la date supposée de début du projet !

Des rillettes de moules ?

Quant au blockhaus, il était le point de départ d’un réseau de galeries que les enfants allaient explorer pour se faire peur. Dans celui du Halguen, on se souvient d’une grande « surboum », comme on disait à l’époque. Mais voici les résultats. Les Pénestinois ont placé Loiseau assez loin devant Bardella. Jadot suit bien. Bellamy est bas. Glucksmann fait un score correct, tout comme Aubry pour la France insoumise. Hamon est à la peine. Lalanne recueille une voix. Un verre de Muscadet, quelques cacahuètes. Pourquoi la mairie ne renoncerait-elle pas au salé pour nous proposer des tomates cerise, des dés de courgette et de concombre, ou même, soyons fous ! comme dirait Géraldine, des fraises et des cerises ? Ça ne coûterait pas plus cher. Et aussi, des petits canapés de rillettes de moules ? Il faudra peut-être attendre les prochaines Municipales.

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