« Petites dégradations » de la démocratie locale

Ce matin, un article confus dans Ouest-France : « Club nautique, sitôt baptisé, sitôt dégradé ». On y apprend que le club nautique de Pénestin a subi « des dégradations » dans la nuit de jeudi à vendredi. Oh, “de petites dégradations”, est-il précisé plus loin. Et le maire n’a pas déposé une plainte, mais une « pré-plainte » en gendarmerie. Cela valait-il la peine d’alerter la presse ?

Certaines des lettres apposées sur sa façade ont été « partiellement recouvertes de peinture ». Les lettres en question composent le nom de Claude Chesneau, maire de la commune de 1965 à 1989, dont l’actuel maire a souhaité qu’il soit associé à l’avenir du Club nautique (1). Aucune lettre n’a été arrachée, ni détériorée. Les autres lettres n’ont pas été touchées.

Un « marché » pour « chiffrer le coût des caméras »

Le maire saisit l’occasion pour rappeler que le conseil municipal a lancé récemment un marché pour « chiffrer le coût de caméras de vidéoprotection dans la commune ». Et que « si on en avait eu à cet endroit, on pourrait peut-être retrouver l’auteur de ces dégradations. »

Un marché ? Pour chiffrer le coût des caméras ? Vérifions. 29 janvier 2024. Seul le « relevé de décisions » est disponible sur le site de la mairie. Le « compte-rendu » n’y est pas encore.

Point 9 de l’ordre du jour – « Demande de subvention auprès de la Préfecture du Morbihan (…) Mise en place d’une vidéoprotection. » – Total : 293 070 euros ht, dont 60 000 demandés à la DETR (dotation d’équipement des territoires ruraux). Votés à l’unanimité des 13 présents.

– Ceci n’est pas un marché, mais une demande de subvention. 

– Il ne s’agit pas de chiffrer le coût des caméras, puisqu’il est déjà chiffré : 293 070 euros ht.

A quand une caméra dans le bureau du maire, pris ici sur le fait dans un cas de désinformation.

Pas si grave, me direz-vous, alors qu’à la mairie on vous explique depuis quelques semaines, soit que le chiffre a été grossi, pour obtenir une plus grosse subvention, soit que le chiffre existe, qu’il correspond au devis le plus élevé, et que c’était une “connerie” de le prendre comme base du calcul ? Une raison pour en ajouter d’autres à présent, de conneries ? En tout cas, cela a été voté en l’état. On attend de voir si le « compte-rendu » du Conseil municipal sera plus honnête que cette déclaration dans la presse.

Mais ce n’est pas tout. Le maire note par ailleurs « une recrudescence de tags, de cambriolages et « petites » dégradations dans la commune » et mentionne deux tentatives d’effraction au Club nautique depuis fin 2023.

Etonnant sens de la hiérarchie : placer des cambriolages – merci pour ceux qui les ont subis… – entre les tags et les « petites » dégradations ! Et ces cambriolages : sont-ils « petits », eux aussi ? Nombreux ? En augmentation ? Vous appelez cela de l’information ?! Sur un sujet comme celui-là où l’on s’apprête à lancer de nouvelle dépenses, qu’attend-on d’un maire ? De la précision, de la cohérence. Pas des “imprécisions” et des “incohérences”, comme l’écrivait le Préfet à propos du PLU présenté par M. Puisay.

1,9 millions, et non conforme à la réglementation

Et puis, remontons au Club nautique lui-même (infos fournies lors de la conférence de Gérard Le Maulf le 4 mars dernier). En 2019, un projet est présenté, d’un coût de 760 000 euros tout compris, financé à 70 % par des subventions. En arrivant aux affaires, l’actuel maire décide qu’il n’en veut pas et engage un projet dont le budget total atteint désormais 1,9 millions d’euros… et qui n’est pas conforme à la réglementation. Mme Seigneur confirme ne pas avoir été associée aux discussions dans l’équipe majoritaire à ce sujet. M. Le Maulf nous avoue qu’il en est réduit à rechercher une bonne partie de ses informations dans la presse. Je confirme pour ma part n’avoir plus été invité aux réunions du Club nautique après celle de 2019 dont j’avais rendu compte (http://www.penestin-infos.fr/nous-voulons-simplement-accueillir-le-public-dignement/ ) Le « bijou » sera inauguré le 13 avril.

Et dans la foulée, reparlons des caméras (http://www.penestin-infos.fr/voir-sans-etre-vu-non-etre-vu-sans-le-savoir/ ). Jusqu’en 2020, la commune comptait un policier municipal présent toute l’année, et qui recevait en haute saison le renfort de deux autres policiers municipaux (+ la gendarmerie). Depuis l’arrivée de M. Puisay, les 3 policiers municipaux sont désormais présents tout l’année. Le surcoût a été calculé lors de la conférence de G. Le Maulf (merci, si possible, de me le réindiquer).

L’article de ce matin est-il la réponse apportée par le maire à vos 22 commentaires sur ce blog ?

Les 19 caméras envisagées constituent un coût qui vient s’ajouter à celui des deux policiers annualisés. Cela répond-il à un réel besoin ? On sait en effet que les dérives du budget de la commune atteignent des niveaux inquiétants. Le moins qu’on puisse dire est que le maire gaspille, dans la communication maladroite de cette fin de semaine, ses chances d’apporter les preuves de l’utilité de ces caméras. Par ailleurs, les 22 commentaires postés sur ce blog, parfois très bien informés, démontrent que le projet de la mairie inquiète beaucoup de monde. L’article de ce matin dans Ouest-France est-il la réponse que le maire leur apporte ?

Dans la relation politique entre un élu et des citoyens, il y a un niveau de base qui relève de la « confiance ». Confiance, c’est-à-dire que lorsque le maire s’adresse à nous, dans la presse, dans son bulletin municipal, lors de ses vœux, on tient pour acquis qu’il est sincère et honnête (je fais ici référence à la théorie du philosophe allemand Jürgen Habermas qui vient de publier “L’avenir de la démocratie”). Chaque coup de canif donné à ce « contrat » implicite porte atteinte à cette confiance. Chaque défaut de confiance, de respect, voire de politesse, de l’élu vis-à-vis des citoyens de son territoire lézarde l’édifice démocratique, fondé sur une relation de proximité. Je dirai même qu’il le dégrade.

(1) M. Puisay affirme que M. Chesneau aurait “lancé ce club nautique”. On me dit que c’est faux : M. Chesneau n’aurait fait qu’autoriser ce projet lancé par d’autres, ainsi qu’en atteste la mémoire familiale conservée par un certain nombre de vieux Pénestinois. Certains d’entre eux manifestent d’ailleurs une sourde colère face à ce parrainage tardif du club nautique par M. Chesneau.

6 commentaires sur “« Petites dégradations » de la démocratie locale”

  1. Je trouve que Movèzz Lang n’est pas si mauvaise langue que cela, car il aurait pu ajouter que Monsieur Chesneau (maire de l’époque) était bien plus préoccupé par la transformation de ses terrains agricoles en terrains constructibles. C’est ainsi qu’il aurait accumulé une immense fortune. D’ailleurs, je pense qu’il aurait été plus opportun de nommer l’ouvrage qui dessert sa propriété et le camping Inly “Rond Point Chesneau” le camping lui appartenant à l’époque . Le développement de la plaisance était bien son dernier souci . Je ne sais même pas s’il s’est déplacé une seule fois pour la remise des prix au terme de régates .

  2. Et si cette pseudo dégradation avait été faite uniquement pour justifier le grand plan de surveillance vidéo généralisée ?

    1. Nous n’en sommes pas là, heureusement !
      Néanmoins, face à une récupération / déformation de l’histoire qui n’est pas sans conséquences sur les enjeux du présent, je crois qu’il faut se replonger dans les sources et les témoignages pour rétablir la vérité historique. Je m’y consacre en ce moment et suis demandeur de toutes informations complétant celles fournies hier par “Movvèze Lang”.

  3. Pour donner le nom d’un homme pour le club de voile, nous avons des élus, pas très malins, machistes ou trop vieux (en restant poli) ? Ils sont à contre-courant, alors que plusieurs villes rebaptisent les rues par des noms de femmes.

    Je comprends la réaction de ce barbouillage, le 8 mars, jour de la Femme.

    Toutes les femmes pourraient porter plainte contre se machisme.

  4. Dès dimanche les « tags »étaient effacés. La dégradation est donc éphémère et plus vite gérée avec un chiffon qu’avec des caméras .

  5. À Pénestin, les premiers bateaux de plaisance ont fait leur apparition dans la baie de Poudrantais vers les années 50. Ils appartenaient à différentes familles qui venaient en vacances sur cette plage. On pourrait ainsi citer les noms de Thara, Bougaran, Thierry, Le Parmentier, Ladmirault , Petit Breton, Duclos, Herpin, Vallée, Aubert. Les premières régates ont été organisées par le commandant Bougaran, aidé principalement par M. Le Parmentier et M. Ladmirault. Les prix étaient décernés sur la terrasse de ce dernier. En même temps que le développement des résidences secondaires, on a observé l’apparition des dériveurs et des premiers catamarans. Il est alors devenu indispensable de créer un club de voile. Le maire de l’époque, Monsieur Chesneau, a accepté la construction de ce club. N’aurait ‘il pas été plus judicieux de baptiser le nouveau club d’un des noms précédents cités, particulièrement celui du commandant Bougaran (cela me paraît tellement logique). C’est très dommage que la population intéressée par ce club n’ait pas été consultée..

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