11 novembre : fêter l’armistice, c’est fêter la paix

Vous avez peut-être regardé la Grande Librairie avant-hier soir et suivi l’interview d’Edgar Morin, 102 ans, sociologue et philosophe, l’un des derniers résistants de la Seconde Guerre mondiale encore vivants. (1)

Vous aurez été attentifs à ces paroles si rares :

« Je ne sais pas qui avait dit qu’il faut savoir faire la guerre sans haïr l’ennemi. Moi, j’ai fait la guerre sans haïr les Allemands. Je haïssais le nazisme, c’est une idéologie. Je pense que le vrai problème est de ne pas céder à ce processus inévitable auquel conduit l’idée fausse qu’on a affaire à des monstres, toujours, en face de soi, ou des sous-hommes, des animaux, des brutes. Tous ceux à qui on est opposé sont des humains, comme nous. »

L’armistice est le fruit d’un immense désir de paix

Chaque guerre, la 1re et la 2e Guerres mondiales, la guerre d’Algérie, – dont témoignent nos aînés lors des cérémonies du 11 novembre et du 8 mai – a un début et une fin. La « déclaration de guerre » s’accompagne d’un désir de guerre. On promet à ses ennemis de les écraser et de les réduire en poussière. L’armistice, la fin de la guerre, est le fruit d’un immense désir de paix, nourri des souffrances inouïes supportées durant la guerre, durant toute guerre. 

Fêter un armistice, c’est affirmer, aujourd’hui plus que jamais, que gagner la guerre ne suffit pas : il faut aussi gagner la paix. En 1918-19, les vainqueurs ont fait payer la guerre tellement cher aux vaincus qu’une nouvelle guerre était inévitable, 20 ans plus tard. En 1944-45, des hommes courageux et visionnaires, gaullistes, chrétiens-démocrates et communistes, ont mis en place les systèmes de la Sécurité sociale et des retraites, la représentation des salariés dans les entreprises, les mécanismes garantissant le pluralisme de la presse, etc. Je crois que c’est cela qu’on appelle la politique, dans son sens noble.

D’autres, tout aussi courageux et visionnaires, ou parfois les mêmes, ont mis en place les institutions internationales qui ont mené à la création du Marché commun, puis de l’Union européenne, et qui ont rendu possible une longue période de paix jusqu’à aujourd’hui, malgré les difficultés, les déceptions, voire les trahisons.

Ce 11 novembre, on fête un armistice – la paix – alors que le risque d’une nouvelle guerre n’a jamais été aussi élevé. On fête la fin d’une guerre alors qu’une autre va peut-être démarrer. Quel paradoxe ! Une grande voix comme Jacques Attali exposait récemment ce risque de guerre sur une chaîne de radio. Il ajoutait que son déclenchement ressemblera / ressemblerait à celui de la 1re Guerre mondiale : un point de départ relativement lointain pour la plupart des protagonistes, comme le fut l’assassinat du prince François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, puis un jeu d’alliance qui engagera les uns contre les autres les pays du « Sud global », dont la Chine et la Russie, et ceux de l’OTAN rejoints par quelques nations, telles que l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie.

Être capable de saisir l’opportunité si elle se présente

Edgar Morin aussi en parlait, et il ajoutait avec son sourire redevenu presque enfantin, que « l’improbable peut toujours arriver ».

Si j’étais élu, si j’étais conseiller municipal ou adjoint, c’est cela que j’aurais envie de dire demain, devant le Monument aux morts et dans la cour de la mairie, aux enfants des écoles conviés comme chaque année aux cérémonies du 11 novembre : 

« L’improbable peut toujours arriver. »

J’ajouterais peut-être que l’improbable se prépare, même s’il ne se prévoit pas. Se préparer, cela signifie se donner le maximum de chances afin d’être capable de saisir l’opportunité si elle se présente. Cette capacité suppose un long « entraînement » – il y a sans doute d’autres mots plus justes pour dire cela – qui caractérise les grands hommes d’État. Un long entraînement avant le bref instant où tout se jouera.

(1) https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5424303-emission-du-mercredi-8-novembre-2023.html

3 commentaires sur “11 novembre : fêter l’armistice, c’est fêter la paix”

  1. Le 11 novembre 1918 ne fut qu’un armistice.
    Il fut bienvenu après tant de souffrances mais il n’était pas du tout la paix.
    Ce qu’on a cru être la paix a été le Traité de Versailles, six mois plus tard.
    Ce traité de Versailles contenait les ferments du conflit suivant.
    Si qu’on avait su ….

  2. Commentaire sur un autre sujet.

    L’information de la mairie de Pénestin est FORMIDABLE !

    Sur son site internet en lisant le contenu de l’ordre du jour du conseil municipal du 13 novembre et le relevé de décisions du conseil municipal de la même date, vous ne pouvez connaître le contenu de ce qui a été voté (à l’unanimité).

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