Atelier philo jeudi, 18 h 30, à la Médiathèque de Camoël

Associons Pénestin et Camoël, pour dire que ce sont deux villages voisins qui font les choses comme ça leur chante, sans se soucier de ce qui se fait ou ne se fait pas ailleurs. Parfois, c’est désastreux, d’autres fois c’est génial. Connaissez-vous beaucoup de villages de 1000 habitants qui organisent un « Atelier philo » ? Avec un « prof », Frédéric, sérieux, clair, et des « élèves » qui arrivent sourire aux lèvres, visiblement heureux de venir apprendre «quelque chose » à un âge où, pour certains, l’on a enfin franchi le cap de dire avec Socrate : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Enfin mûrs pour s’ouvrir avec bonheur à : « la philo ! »

Cela se passe à la Médiathèque de Camoël, jeudi 18 h 30. Trois séances ont déjà eu lieu entre octobre et décembre dernier. Une douzaine de personnes installent leurs chaises en cercle au milieu des bouquins. Certains prennent des notes, d’autres pas. On interrompt de temps en temps Frédéric Fouque pour demander un éclaircissement ou pour exprimer un point de vue. Ce Pénestinois bénévole n’a pas fait les choses à moitié : ses deux derniers « cours » portaient l’un sur la liberté, et l’autre sur la vérité. Un luxe pour nous de découvrir énoncée par une voix experte l’histoire de ces deux concepts majeurs. Un luxe indispensable, en ces temps où, allez savoir pourquoi, les reculs au départ imperceptibles, puis de plus en plus nets de la liberté s’accompagnent d’un progrès bien visible, un peu partout, de l’erreur et du mensonge, des fakes et du bluff.

La catégorie de vérité est-elle menacée ? C’est ce que pense un immense philosophe de notre époque, Alain Badiou, qui se donne pour tâche de la « sauver ».

Le quatrième atelier, ce jeudi, sera consacré à Spinoza, philosophe hollandais du 17^e siècle. Pourquoi ? Sans doute parce que son œuvre fait une large place aux concepts de liberté et de vérité. Est-il nécessaire, pour autant, d’avoir assisté aux ateliers précédents ? Pas plus que d’avoir lu le journal d’hier pour lire celui d’aujourd’hui, est-on tenté de répondre… On picore de toutes façons quelque chose ou, pour changer de métaphore, on a toutes les chances de trouver son compte, probablement là où on ne l’attendait pas.

Quant à Spinoza, il est de ceux qui tout à la fois exercent une puissante influence sur les générations qui l’ont suivi, et heurtent de front, choquent, contrecarrent, au point, peut-être, de produire des étincelles, les évidences du sens commun. La liberté ? Une pure illusion, tant que nous restons esclaves de nos passions. La vérité ? Plus encore que par l’adéquation d’un discours avec la réalité, elle se manifeste par sa forme, par une sorte de « perfection », nous dit-il, propre aux idées vraies et qui les distingue des idées fausses. Mais voilà une pente bien dangereuse, qui semble exclure la déviance, la folie, la poésie… Bienvenue dans le monde de la philo !