Et si le bulletin municipal faisait l’effort de respecter tous les Pénestinois quelle que soit leur sensibilité ?…

Faire la critique du bulletin municipal n’est pas un crime de lèse-majesté, ni une marque de mauvais esprit. Lorsque l’on écrit, on se soumet au jugement de lecteurs dotés d’un esprit critique. Je fais de même dans ce blog. A la limite, la publicité et quelques autres genres assez rares échappent au jugement critique. Ce sont des genres qui ont pour but, par définition, de faire l’apologie d’un produit, d’une idée, d’un homme. Certains pourront considérer qu’un bulletin municipal tend lui aussi à faire l’apologie de l’action menée par l’équipe au pouvoir. Mais comme il est réalisé avec l’argent de l’ensemble des contribuables, son point d’honneur devrait être d’échapper aux biais de l’autosatisfaction et de tenir un discours qui s’adresse à tous. 

48 % ont voté contre le projet de M. Puisay

L’édito du maire, dès ses premières lignes, semble l’ignorer : « Chères Pénestinoises, chers Pénestinois, cela fait désormais un an que vous avez accepté notre projet politique… » Ah, non ! 48% de ceux qui se sont exprimés ont voté contre ce projet… Je l’ai déjà écrit (http://www.penestin-infos.fr/il-y-a-un-an-penestin-infos-par-temps-de-confinement/ ), la vocation d’un élu est de s’adresser à l’ensemble de la population en en respectant les diverses sensibilités, et non de réclamer des battus, de la minorité, qu’ils se fondent dans le moule des idées majoritaires. 

Le maire poursuit : « mais seulement quelques mois que nous sommes en responsabilité ». Sous-entendu : regardez ce que nous avons réalisé en à peine quelques mois ! Le Conseil municipal d’installation de la nouvelle équipe date du 23 mai 2020, il y a 10 mois. C’est une grosse ficelle que de prétendre encore, au bout de presqu’un an, que l’on vient à peine d’arriver aux affaires. Là encore, il s’agit d’un manque de respect à l’égard des lecteurs, si l’on imagine qu’ils vont gober de telles exagérations qui font penser aux roublardises d’un voyageur de commerce.

Dans ce bulletin municipal, on a affaire à une polémique concernant les « bulletins de l’opposition », toujours aussi mal nommés, d’ailleurs, depuis l’époque de l’ancien maire. Pourquoi ne pas les intituler « le mot de l’opposition » ou « libre expression » ? Vous constaterez que l’une des deux demi-pages est composée de mots épars et de points de suspension. Un « communiqué de la majorité », sur la page suivante, nous assure à deux reprises, avec un humour qui ne respecte guère, là non plus, l’intelligence de ses contradicteurs, que « nous nous devions de publier (ce texte) en l’état dans son intégralité » (sic).

La polémique sur l’expression de l’opposition

Que s’est-il passé ? La liste d’opposition Le Bon Sens pour Pénestin a pris l’initiative de céder désormais son espace d’expression à des personnes ou à des associations susceptibles de faire partager un point de vue intéressant sur l’action de la mairie. Pourquoi ? Tout d’abord pour favoriser l’expression des citoyens de base, à qui M. Puisay avait beaucoup promis durant sa campagne et a peu offert une fois élu. Ensuite, afin de renouveler un genre qui, à force de donner la parole tous les trois mois sur une demi-page aux élus de l’opposition, finit nécessairement par apparaître convenu, voire… « politicien »

C’est Joëlle Kergreïs qui a accepté pour cette fois-ci de proposer un texte. Joëlle est une personnalité de notre commune à la fois expérimentée, de par sa vie professionnelle passée auprès des entreprises et des collectivités territoriales, et modérée dans son expression, toujours soucieuse de compromis entre les positions antagonistes. L’une de ces personnalités que le maire aurait été bien inspiré de consulter de temps en temps, afin d’éviter le désastreux effet de cour si prompt à anesthésier l’esprit critique dans les cercles du pouvoir, quel qu’il soit. (cf. la reproduction ci-dessous du texte de Joëlle Kergreïs destiné au bulletin municipal)

Que dit le Règlement intérieur du conseil municipal ? « Le bulletin municipal comprendra un espace réservé à l’expression des conseillers n’appartenant pas à la majorité et ce dans les conditions suivantes : une demi page de l’espace total de la publication sera réservé (sic) à chaque liste minoritaire du Conseil municipal. » L’espace réservé à « l’expression des conseillers » devient dans le « communiqué de la majorité » : « un encart réservé à l’expression de la minorité (qui) ne peut être signé que par des élus. » Nous voici donc face à une interprétation restrictive du règlement, qui lui ajoute des contraintes nouvelles. « L’expression » des conseillers, qui peut être une photo, un dessin humoristique – et qui est cette fois-ci une « expression en acte » du respect dû aux citoyens de la commune, à leur compétence et à leur imagination -, se voit restreinte parce qu’on a ajouté cette idée qui était absente du règlement voté par le conseil municipal (cf. la délibération du 12 octobre 2020 qui « donne pouvoir à M. Le Maire pour prendre toutes les mesures nécessaires à (sa) bonne exécution », https://www.mairie-penestin.com/upload/pvcm12102020.pdf ) : l’encart ne peut soi-disant être « signé » que par des élus. 

Tout cela est proprement insupportable !

Voilà encore une occasion ratée pour le maire de prouver son ouverture d’esprit. Il s’est montré dans cette affaire, excusez-moi du terme : borné. Et cette façon de manier un humour de pacotille pour soustraire une liberté à l’opposition municipale, cette façon d’ignorer ceux qui n’ont pas voté pour lui, ces tours de passe-passe pour donner l’illusion d’un temps limité depuis son élection : tout cela est proprement insupportable ! 

Lisez ce bulletin municipal. Vous serez capables de l’analyser autant que moi. Un article sur les antennes relais qui, afin de gommer l’action des riverains réunis en collectif, s’égare dans une analyse « objective » des dangers des fours à micro-ondes. Une consultation menée sous couvert de démocratie participative (!) sur la présence des chiens et des chevaux sur les plages, qui a consisté à répondre par oui ou par non à une unique question. Un projet de PLU « que nous vous proposerons prochainement », sans un mot pour indiquer si la population sera associée à sa préparation, comme le prévoit pourtant la procédure… 

Dans tout cela un point commun : le manque de respect quant au fait que les habitants de la commune ont un cerveau et savent s’en servir, au fait qu’ils ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et une bouche pour s’exprimer !! La presse et l’information ont pour rôle de défendre la démocratie lorsqu’elle n’est pas respectée. Cet article s’y emploie avec des mots plus crus que d’habitude, car il faut bien que les choses soient dites : une commune n’est pas une entreprise, un maire n’est pas un « chef » ou un « patron », il est au service (et à l’écoute !) de la commune et de ses habitants. A l’orée d’un nouveau confinement qui confère un rôle accru aux maires, il est grand temps que celui de notre commune accepte de se comporter enfin comme celui de tous les Pénestinois. 

Voici le texte que le bulletin municipal a refusé de publier : 

Les attendus des citoyens vers ceux à qui ils donnent mandat… 

Ils peuvent se résumer ainsi :

– Stratégie, «quelle commune nous dessinerez-vous ?»

– Respect des administrés, «quelle oreille nous prêterez-vous ?»

– Bonne gestion, «sans folies de grandeur et sans petites économies mesquines».

Définir une stratégie : pour se projeter, il faut poser de bonnes bases, pour bien définir d’une part ce qui est structurant à moyen et long terme (révision sérieuse du PLU, atlas de la biodiv,…) et d’autre part ce qu’on pourra réaliser durant le mandat. Le tout, dans le dialogue notamment au sein de commissions associant différents acteurs : économiques, associatifs, compétents…; c’est indispensable pour que les projets puissent être conduits sans blocages, avec rigueur et  efficacité, dans le respect des obligations.

Respecter les administrés : en particulier en ce qui concerne la transparence et la concertation. Dire ce que l’on fait ne suffit pas. Il faut déjà faire ce qu’on a dit et surtout, comment on compte le faire. Étudier, Écouter, Dialoguer avant de Décider. On peut considérer cela comme du temps perdu, pourtant combien d’investissements mal étudiés, trop vite ficelés, insuffisamment discutés ont conduit à des échecs et trop souvent à des surcoûts, voire des gouffres pour les collectivités.

Bien gérer : c’est savoir prioriser, donc avoir une stratégie, éviter le saupoudrage dans le cadre d’un budget forcément contraint. Faire au mieux des priorités annoncées avec les moyens dont on dispose et les faire de telle sorte qu’elles soient bien conduites.

Autant de sujets, que nos élus du «Bon sens pour Pénestin» portent et tentent de faire entendre au sein du Conseil Municipal, trop souvent dans un climat peu constructif.

Si je peux formuler quelques souhaits pour Pénestin, ce serait plus d’anticipation et plus d’écoute dans la conduite des projets, car pour bien les réaliser il faut du temps.

Au final, cela éviterait aux Pénestinois de revivre encore un mandat clivant comme ceux qui les ont tant marqués depuis des années.

Joëlle Kergreïs Pénestinoise 

Armelle Peneau-Mirassou et Dominique Boccarossa – Conseillers municipaux de la liste Le Bon Sens pour Pénestin 

1 commentaire sur “Et si le bulletin municipal faisait l’effort de respecter tous les Pénestinois quelle que soit leur sensibilité ?…”

  1. Ayant commencé à voter dans cette (ma )commune en 2008, mais y residant depuis plus longtemps encore, je suis consterné que la gouvernance n’y change toujours pas . Mépris et arrogance semble être la devise des municipalités successives mais quasi identiques.
    Votre article est bienvenu quand je me souviens du maire précédent , entouré de la quasi même “cour “, qui avait organisé une manifestation à la suite du massacre à Charlie- hebdo . “je suis Charlie” ……ben voyons.

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