Fin du débat sur le projet Loscolo : une enquête en quête de ses propres règles

La pollution lumineuse ressentie de nuit à plusieurs kilomètres à la ronde provient-elle des mytiliculteurs du Logo, des footballeurs du Stade ou des joueurs de pétanque ? Voilà où nous en étions restés dans la partie précédente.

Pierre Blaize pose une deuxième question sur la compensation proposée face à la déforestation d’1,6 ha de la zone Loscolo. Il et prévu de replanter des arbres sur une autre zone dans une proportion de ¾ de résineux et ¼ de feuillus, ce qui ne vise qu’une rentabilité à court terme et ne rend pas justice à la biodiversité détruite à Loscolo. Fabrice Durieux, responsable du projet à Cap Atlantique, reconnaît la justesse de l’objection. Il souhaiterait que l’on parle de la politique menée par Cap pour entretenir la diversité biologique sur l’ensemble de la Presqu’île.

Associer dès maintenant les riverains

Pour sa part, Bénédicte Dupé considère que la compensation globale des 8,5 hectares consommés est insignifiante et elle souhaiterait qu’en échange de l’artificialisation de toute cette zone, une surface égale donne lieu à renaturation et soit entretenue par Cap Atlantique.

Elle déroule par ailleurs le catalogue des contreparties qui lui semblent nécessaires face à la mise en place du projet Loscolo. Il faut, dit-elle, associer dès maintenant les riverains concernés par les nuisances, les pollutions ou les risques (circulation, baignade…), et ne pas attendre que les équipements soient installés. Il faut aussi veiller à ce que les terrains qui seront vendus ne soient pas rachetés par d’autres mytiliculteurs afin qu’ils retournent effectivement à la nature. Enfin, une bande de 100 mètres autour du parc Loscolo pourrait être dédiée à la protection de la biodiversité.

Une résidente s’inquiète des risques associés à la station de pompage qui doit être installée à la plage du Maresclé. Lorsqu’elle demande à quelle distance de la plage elle se trouvera, la réponse donnée par Fabrice Durieux est : 260 m pour le poste de pompage et 185 m pour l’exutoire d’eau de mer. Cela s’entend à partir du pied de la falaise. Je fais remarquer qu’à marée basse (notamment lors des grandes marées, bien sûr), on a pied à l’endroit prévu pour la pompe. Il ne semble pas que celle-ci sera séparée physiquement de la zone de baignade. Je demande s’il n’y a pas de danger qu’un enfant, par exemple, soit aspiré avec plus ou moins de force par la pompe.

Pas franchement rassurant !

Le Maire répond que la question des enfants a déjà été abordée lors de précédentes réunions, et un mytiliculteur considère qu’on parle dans le vide. Pour Fabrice Durieux, c’est plutôt à marée haute qu’il y a un risque, car l’enfant serait aspiré sous l’eau. Pas franchement rassurant ! Il précise que des Croix de Saint André seront installées autour de la pompe pour fournir un avertissement visuel, valable en fait surtout pour les bateaux.

Chloé Denise indique qu’il y a un petit phénomène d’aspiration, ou, pour mieux dire, de courant, mais que les enrochements qui entoureront la pompe l’atténueront. Elle lit le passage correspondant à cette question dans le dossier, et il en ressort que les mesures prévues le sont en termes de signalisation et non de sécurité.

Bénédicte Dupé insiste aussi sur ce point, précisant que ses enfants se baignent et plongent sur toute la largeur de la plage, y compris à l’endroit prévu pour la pompe. Bref, il est possible que les croix et l’enrochement suffisent à assurer la sécurité, mais comme ce n’est pas leur fonction de départ et que leur efficacité à cet égard n’a pas été étudiée, il semble utile de réclamer des vérifications et des garanties.

« La première enquête, la seconde, ou aucune des deux ? »

Un résident demande pour finir si la question des alternatives au choix de Loscolo comme zone d’implantation relevait de la 1re enquête, menée par Mme Souchet, ou bien de la seconde, menée actuellement. J’appuie ses dires en rappelant ce que j’ai déjà écrit dans ce blog : Mme Souchet m’a expliqué que la question des alternatives avait certes son importance dans son enquête, mais qu’elle n’était pas centrale et serait développée dans les enquêtes suivantes. Dans son enquête, il s’agissait selon elle essentiellement de savoir si le projet dans sa forme présente était ou n’était pas un bon projet méritant d’être déclaré d’utilité publique.

Cela ne supposait pas, selon elle, de devoir détailler l’analyse comparative des différentes implantations alternatives. Or, M. Zeller, commissaire enquêteur de l’actuelle enquête publique, m’a déclaré le 14 février, lorsque je me suis rendu à sa permanence, que son rôle n’était pas de réétudier les alternatives, car cela avait déjà été fait par Mme Souchet : il lui suffisait de se reporter aux conclusions de son enquête.

Le résident insiste : les alternatives relèvent-elles de la première enquête, de la seconde, ou bien ni l’une ni l’autre ?… M. Zeller lui répond que Mme Souchet n’est pas là pour répondre et il reprend les principes de sa méthodologie : oui, on peut parler de tout dans le cadre de cette consultation, aucun sujet n’est exclu ; il écoutera toutes les voix sans a priori ; il se formera son opinion au fil des entretiens et des interventions ; il rédigera ensuite ses conclusions motivées et les rendra publiques après les avoir remises à M. le Préfet, conformément aux textes de loi qui régissent l’organisation des enquêtes publiques.

Produire des enquêtes exemplaires en ces temps difficiles

Les textes de loi en question sont clairs et ils ne varient pas d’un iota entre 1983 à 2010 : une enquête publique doit établir la preuve que la solution retenue est la meilleure, à un coût raisonnable, parmi toutes les solutions alternatives. Il est possible que l’emplacement de la friche de Loscolo soit un meilleur choix que d’autres. Le problème est que cela n’a pas été « prouvé ». Preuve… Solutions alternatives… il n’en est pas vraiment question dans cette dernière réponse du commissaire enquêteur.

A l’heure où diverses mesures gouvernementales visent à réduire la portée des enquêtes publiques, ce sont les commissaires enquêteurs qui montent au créneau pour défendre cet exercice de démocratie. Leur crédibilité sera d’autant plus grande, je pense, s’ils se montrent capables de produire des enquêtes exemplaires en ces temps difficiles.

Exemplaires, comme l’a été le public de ce débat riche, dense, précis, et finalement respectueux de la diversité des points de vue. Pour un commissaire enquêteur, cette exemplarité passe par la clarté et la transparence quant aux règles du jeu. N’est-il pas surprenant, inquiétant, même, que ce débat n’ait rassemblé qu’une audience aussi limitée ? Et que la jauge des contributions sur le site de la Préfecture soit toujours sur zéro à 4 jours de la fin de l’enquête publique ?

1 commentaire sur “Fin du débat sur le projet Loscolo : une enquête en quête de ses propres règles”

  1. Loscolo ! Loscolo ! Loscolo ! morne plaine !
    Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
    Dans ton cirque de bois, de broussailles, de marais,
    Le destin promettait de bien sombres projets.
    D’un côté la Mairie, et de l’autre le Peuple,
    Choc des idées, des volontés, et de l’orgueil.
    Tu t’enlises toujours dans ces profonds marais,
    Oh Loscolo, que rester nature, j’aimerai.

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