Lundi 5 septembre à 8 h 30, les portes s’ouvrent. Parents et enfants entrent par grappes. Les parents saluent Lora, la directrice de l’école Saint Gildas. Certains lui font la bise. Les enfants, eux, sourient, montrent leur nouveau doudou ou se replient timidement. Tous vont vers les salles : à droite la maternelle petite, moyenne et grande section, à gauche, la salle des CP et des CE1, puis dans le couloir celle des CE2, des CM1 et des CM2. Personne n’hésite, personne ne se trompe : on croirait qu’ils ont répété cette rentrée la semaine dernière !
Lora a mal dormi cette nuit. Elle a la trentaine. C’est sa troisième année à Saint Gildas, mais rien n’y fait : la crainte de l’inconnu, les enfants inquiets eux aussi et qu’il va falloir rassurer. Dans une heure, cela ira déjà mieux, c’est juste un cap à franchir. En tous cas, elle ne montre rien de son appréhension et
sourit à tous, petits et grands. Une maman a les larmes aux yeux : « Je pleurerai tout à l’heure en sortant. Mon fils entre en CP. » Mais il était déjà là l’an dernier, en maternelle… « Oui, mais c’est un cap important. Et les études, c’est tellement essentiel dans la vie. »
Deux fillettes se sont retrouvées près des petits porte-manteaux. « Viens voir, il y en a qui sont sortis jouer dans la cour ! » Bientôt, les parents s’y dirigent aussi pour le traditionnel « café des parents ». Les conversations vont bon train. Voici enfin la génération des 30-40 ans, si peu visible habituellement à Pénestin ! 45 familles ont leurs enfants ici. 69 enfants sont inscrits cette année, soit une légère hausse. Ils sont répartis en 3 classes multiniveaux.
Un couple, un peu à l’écart, couve un très jeune garçon du regard. « C’est sa première rentrée, il ne connaît personne. » Courageusement, il avance pas après pas avec une lenteur telle qu’on retient presque son souffle en l’observant. Ses cheveux forment une petite houppe. On le voit enfin parler avec un garçon plus grand. « Ça y est, il s’adapte ! » Mais soudain, une des maîtresses accourt. Il revient toujours aussi lentement, les larmes aux yeux. Ses parents : « Mais pourquoi tu l’as tapé ? » Impossible de le savoir.
Mardi, nouvelle visite à Lora qui a retrouvé le sommeil. Oui, les réformes sont appliquées, l’importance de la dictée par exemple. « Mais ce sont maintenant des dictées préparées sur toute la semaine : il n’y a plus de dictées surprises comme dans le passé. On ne cherche plus à piéger l’enfant, mais au contraire à rendre les choses ludiques. » Dans l’enseignement catholique, on a repris la formule du sociologue Michel Maffesoli, le « réenchantement du monde », en l’occurrence le « réenchantement de l’école », pour désigner cette volonté de faire place à des apprentissages moins rigides et moins contraignants.
Il faut dire que cette formule s’applique au retour du religieux. Or, le mouvement est sensible ces dernières années chez un certain nombre de parents qui apprécient que l’école propose une catéchèse, c’est-à-dire un enseignement de la religion, même si les crucifix et autres symboles religieux sont assez discrets dans les salles de classe. Cela n’empêche pas, bien entendu, l’école privée de collaborer avec l’école publique Jean-Emile Laboureur. Cette année, ce sera particulièrement le cas pour le centenaire de l’armistice de 1918.