M. Frédéric Bernard, mytiliculteur au Lomer, répond à l’interview de M. Puisay parue dans Ouest France le mercredi 14 octobre

L’interview de M.Puisay est reproduite à la fin de ce texte, de même que l’extrait du Conseil municipal du 27 janvier 2020 sur les questions de préemption.

M. Puisay « constate qu’une trentaine d’autres professionnels ne sont pas dans ce recours ». C’est tromper le lecteur. Si l’on ajoute ces 30 professionnels aux 12 engagés dans le recours, cela voudrait-il dire que nous sommes 42 chantiers ? C’est faux. Sur Pénestin, il y a une quinzaine de chantiers d’expédition et de commercialisation et une dizaine de chantiers de production. Nous ne sommes donc pas 42, mais autour de 25.

Le Groupement La Pénestin (GIE), qui veut se déplacer à Loscolo, représente 1 chantier, même s’il regroupe 7 entreprises. Le GIE et l’autre entreprise volontaire pour intégrer Loscolo représentent à eux deux 30% de la production pénestinoise, et non 50% comme on peut lire sur les documents qui veulent justifier le projet.

Encore des paroles sans écrits ?

M. Puisay dit qu’il va « vérifier si tous les mytiliculteurs inscrits sur (le) recours sont bien d’accord avec ce recours. » On peut se demander ce que cela signifie : lui ou d’autres personnes vont-ils appeler un par un les signataires du recours pour essayer de les en dissuader ? Que vont-ils leur promettre pour qu’ils changent d’avis ? Encore des paroles sans écrits ? C’est méprisant et scandaleux !

M. Puisay pense que « Loscolo est un bon projet, d’avenir et écologique car on va renaturer certains secteurs. » Il serait plus convaincant s’il était plus précis sur les secteurs à renaturer. Il est peu probable que le Scal sera renaturé un jour (à moins que l’on veuille exproprier ceux qui y ont leurs maisons d’habitation). Seul le Logo est concerné, à la condition, bien sûr, que les mytiliculteurs qui y sont installés veuillent le quitter.

La pointe du Bile et le Lomer sont en zone Aca (zones agricoles réservées à la conchyliculture). Le Logo et le Scal sont en zone Acb (aucune possibilité d’extension ni de modernisation). Il est souhaitable qu’elles soient transformées en zones Aca pour permettre aux entreprises qui n’ont ni la volonté, ni la capacité financière de se déplacer à Loscolo, de se développer sur ces zones. Les évolutions se feraient dans le cadre du PLU en révision. Si la nouvelle municipalité a réellement la volonté de développer la profession, au lieu de juste se servir de son image, elle doit nous autoriser cette liberté d’entreprise.

Par ailleurs, nous ne sommes pas contre la création d’une réserve foncière pour les années futures. La profession veut avoir la maîtrise de son avenir.

M. Puisay indique que la vocation de Loscolo est « uniquement conchylicole ». Il faut qu’il sache que la cohabitation entre mytiliculteurs et ostréiculteurs ou avec toute activité de nurserie/écloserie est très compliquée. Par exemple, les larves contenues dans les huîtres ont des conséquences néfastes pour les moules.

M. Puisay dit qu’aujourd’hui certains chantiers sont obsolètes, et on a du mal à saisir ce qu’il veut dire lorsqu’il affirme que le projet Loscolo « sera plus pointu que ce qui se passe actuellement au Lomer et au Logo ».

Tout d’abord, il faut préciser que tous les chantiers qui ont leur agrément sanitaire répondent forcément aux normes en vigueur.

Pour les installations, on ne nous a pas laissé le choix de nous développer.

Depuis des années, tout l’argent public est bloqué à cause du projet Loscolo.
Cet argent pourrait contribuer à adapter et développer les zones existantes à moindre coût. Par exemple pour Le Logo, une réserve commune d’eau de mer.

De plus, une incertitude plane sur le fait de savoir si on va nous forcer à rejoindre Loscolo, comme le laissait supposer le projet de préemption au Logo et au Scal (délibération du conseil municipal du 27/01/20), ou celui de renaturation du Logo et du Lomer (mémoire du Préfet du Morbihan du 07/08/20),  auquel cas des travaux sur ces chantiers  seraient inutiles.

Les besoins ne sont plus les mêmes aujourd’hui

Au fil du temps, la commercialisation a aussi évolué. La production s’écoule de plus en plus en été. De fait, on n’a plus comme dans le passé le problème de la salinité. On fait des réserves d’eau pour le lavage des moules. On fonctionne en circuit fermé, avec un système de purification qui a l’agrément des services vétérinaires. Les besoins ne sont plus les mêmes aujourd’hui.

Il y a 20 ou 25 ans, la saison pour la récolte était beaucoup plus longue. Elle allait de juin à février, on traversait quasiment tout l’hiver. Aujourd’hui elle s’arrête en octobre/novembre.

J’aimerais savoir si M. Puisay a déjà visité les chantiers des différentes zones pour parler comme il le fait. Étant installé au Lomer, je ne l’y ai jamais vu. La majorité des professionnels attendent d’un maire qu’il visite les chantiers existants pour appréhender les problématiques et les besoins, en faisant l’effort de connaître la mytiliculture, qu’il apprenne de la profession avant d’en parler.

M. Puisay dit : « Le département ne préemptera que sur des mutations entre professionnels. » Nous ne voulons pas de ces préemptions.

Par ailleurs, on disait il y a 20 ans, que le déplacement vers Loscolo serait gratuit pour les mytiliculteurs. Depuis, on a commencé à dire que leur participation aux frais serait de 20%, puis 40, puis 50%…

M. Puisay dit que « les mytiliculteurs voulaient un écrit. Cap Atlantique, en responsabilité du projet, leur prépare un document. » Cet écrit n’a toujours pas été produit et arriverait trop tard. Surtout après la signature du permis d’aménager.

Il aurait été souhaitable que la concertation avec l’ensemble des professionnels, qui sont tous impliqués malgré eux par les préemptions et la renaturation (sauf le Bile), autant que la fixation des caractéristiques du projet, aient lieu avant son lancement.  Car il existe, en plus du risque financier, un risque de contentieux au civil avec les riverains.

Ouest-France, mercredi 14 octobre 2020 :

Extrait du procès-verbal du Conseil municipal du 27 janvier 2020 :

4 commentaires sur “M. Frédéric Bernard, mytiliculteur au Lomer, répond à l’interview de M. Puisay parue dans Ouest France le mercredi 14 octobre”

  1. Cap Atlantique c’est aussi M. Puisay. Comme tous les autres maires de la Presqu’île, il est vice- Président. Il pouvait éviter le fardeau en ne signant pas le permis d’aménager et attendre la fin des procédures.

  2. Résumons : un fardeau pour le maire, la discorde pour les mytiliculteurs, des impôts pour les pénestinois.

    Merci qui ? Cap Atlantique !

    1. Oui, c’est vrai, tout ce qui relève de la voirie, des ronds-points, etc. est à la charge de la commune. Cap Atlantique engage des dépenses et nous, on n’a plus qu’à suivre et tous les surplus seront pour nous. Mr Boccarossa disait un million supplémentaire tous les ans… C’est nous qui allons payer ? Vraiment, merci Cap Atlantique !!! C’est un scandale et un mystère, pourquoi est-ce qu’ils s’acharnent, les uns et les autres, à poursuivre un projet alors que les mytiliculteurs n’en veulent pas et les riverains non plus ?

      1. Pourquoi s’acharnent-ils ? Sans doute parce qu’en tant que “politiques”, ils refusent de reconnaître qu’ils ont tort (ou leurs prédécesseurs , selon les mauvaises habitudes, face à un projet vieux de 20 ans et logiquement obsolète. Les événements actuels autour de Loscolo et ce que l’on pourrait appeler “une fuite obstinée et aveugle en avant” amène aussi à s’interroger sur le poids réel de Pénestin et de M. Puisay au sein de cette organisation “Cap Atlantique” qui est d’ailleurs, quand on y réfléchit bien, un “canard à trois pattes” réunissant 15 communes somme toutes disparates et aux intérêts différents, voire divergents. Et ce n’est pas son poste de vice-président qui changera les choses pour les Pénestinois.

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