M. Nicolas Criaud, maire de Guérande et président de Cap Atlantique, dans Ouest France, le vendredi 16 octobre 2020 :
Réponse de l’Association Cappenvironnement
Lorsque M. Criaud, Président de Cap Atlantique, déclare que le projet Loscolo est lié aux « difficultés d’exploitation des moules en baie de Vilaine », il commet l’erreur de confondre les parcs d’exploitation en mer et les ateliers sur terre.
Lorsque Cap Atlantique suspend l’épée de Damoclès sur les mytiliculteurs possédant des ateliers en bordure de mer en annonçant que « dans les prochaines années (…) toute autorisation nouvelle d’exploitation située à proximité immédiate du rivage (sera) refusée », elle omet de préciser que la loi Littoral devra être modifiée en profondeur – ce qui n’est pas simple – et que les exploitations existantes resteront sur place.
Il est surtout inconséquent d’anticiper des directives européennes encore inexistantes qui devront être ensuite adoptées par le gouvernement français.
Lorsque Cap Atlantique met en garde les mytiliculteurs contre les « risques d’aléas (pollution, submersion marine) sur certaines exploitations existantes, notamment sur les sites du Logo ou du Scal », les responsables et décideurs ignorent peut-être que les ateliers du Scal sont à plus de dix mètres au-dessus du niveau de la mer, alors que les ateliers du Logo en bordure d’estuaire, inondables en crue centennale, sont moins vulnérables que la trentaine d’ateliers conchylicoles situés les pieds dans l’eau entre Damgan et le Tour-du-Parc.
Quant aux pollutions, elles ne s’arrêteront malheureusement pas à l’estuaire. Toute la baie de Vilaine, comme c’est le cas aujourd’hui, est impactée par des polluants non maîtrisés dus à une urbanisation excessive, des assainissements individuels et collectifs défectueux, des industries peu scrupuleuses, ou encore générés par une agriculture intensive qui oublie de dire merci à une terre nourricière.
Lorsque Cap Atlantique estime que « les conflits d’usage (nuisances sonores, lumineuses et olfactives ») seront limités, elle feint d’ignorer l’impact réel de cinquante tracteurs qui circuleront en même temps au même endroit, selon les horaires de marées, parfois à quatre heures du matin, au milieu d’une zone touristique en pleine saison estivale. Elle feint d’ignorer tout simplement le « cumul des nuisances » qui fut pourtant une troublante interrogation lors de l’enquête publique. Et pour couronner l’ensemble, l’impact lumineux sur un espace de huit hectares urbanisés rayonnera comme un lever de soleil sur tous les hameaux alentour.
Lorsque Cap Atlantique prédit « un coût estimatif de 5,86 millions h.t. », on peut s’inquiéter de constater qu’il a augmenté d’un million en une année. On peut craindre d’avoir eu raison en annonçant durant l’enquête publique que les coûts étaient sous-estimés. Demain, on peut annoncer sept millions. Après demain on verra bien.
Lorsque Cap Atlantique dit avoir la « certitude que le projet répond aux attentes de la majorité des professionnels », on s’étonne qu’une moitié (peut-être moins) soit une majorité.
Lorsqu’ils prétendent « respecter l’indispensable dimension d’intégration environnementale » ils imaginent que le paysage en proche littoral y gagnera en beauté en supprimant dix hectares d’espaces naturels et que les riverains y gagneront en qualité de vie. Quant à la belle plage du Maresclé, elle sera réduite d’un quart pour la pêche à pied et la baignade.
Les élus ont une certitude : ils veulent le bien de la profession. Les professionnels ont aussi une certitude : ils doutent que ce soit pour leur bien.
Lorsque Cap Atlantique affirme « qu’aucune action publique, et notamment de préemption ne sera initiée pour contraindre les mytiliculteurs à s’engager dans ce projet », on attend de nouvelles délibérations et des votes pour annuler les précédentes.
Enfin, lorsque Cap Atlantique et le maire de Pénestin, M. Puisay, décident d’organiser « une large consultation dès les prochains jours, pour connaître d’ici fin 2020 le nombre de professionnels ayant l’intention de s’installer à Loscolo », ils démontrent une incompétence en réalisant un projet avant même de savoir s’il sera adopté par les professionnels. Ils démontrent surtout qu’aucune étude sérieuse sur le sujet n’a été réalisée depuis 2005 pour adapter le concept à la réalité d’aujourd’hui.
Depuis l’origine ce projet est nul, décidé par des nuls. L’idée de vouloir concentrer en un seul lieu un maximum de mytiliculteurs avec leurs ateliers, lesquels étaient disséminés le long du littoral,
c’est le meilleur moyen de concentrer toutes les pollutions inéluctables produites par ces activités.
Penser l’inverse c’est réservé aux faibles d’esprit ou aux gens mal intentionnés. Un projet qui dépassera 5 millions d’euros à répartir sur les 40 ateliers existants aurait permis d’en faire des ateliers modèles, voire d’en surélever certains si nécessaire (125.000 euros par atelier). Mais nos décideurs sont plus malins, et plus un singe monte haut, mieux on le voit….. !!! ???
Encore plus même par atelier, car ils ne sont pas 40, ni même 33 comme on le dit souvent, mais 25 chantiers sur Pénestin. C’est ce que montre un article à paraître demain, développant les réponses de Frédéric Bernard à l’interview de M. Puisay dans Ouest France le 14 octobre.
Merci à M.Boccarossa pour cette réponse claire et précise qui démêle l’accumulation des arguments tentant de justifier ce projet.
Il est vrai qu’un simple “particulier” a du mal à comprendre qu’à ce stade du projet les décideurs en soient à initier “une large consultation”, de plus sans en préciser les modalités qu’elles soient de réalisation, d’analyse ou de conclusion.