Botanique #2 : plein feu sur l’arroche, un arbuste venu du Sahara

Edwige et Gérard

Qu’y a-t-il de commun entre nos côtes et le désert du Sahara ? Le sable ! Les arroches venues d’Afrique ne s’y sont pas trompées, elles prospèrent sur tout le littoral atlantique.

« Arroche » : voilà un nom qui sonne espagnol (ou portugais) avec ses deux « r » qui s’entrechoquent. Comme Alicia de Larrocha, grande pianiste espagnole morte en 2009. Il existe aussi une danse dénommée « arrocha » au Brésil. Lascive, nous dit-on. Vous voulez écouter ? Voilà : https://www.youtube.com/watch?v=ENOt8VPGozo

Mais le verbe « arrocher » existe en français. Originaire de Champagne, il signifie « jeter des pierres ». À qui ? À des coqs, le jour et le lendemain de la Toussaint… Une tradition qui s’est perdue. Mais à Pénestin, il arrive parfois que certains veuillent arrocher leurs adversaires politiques, leur « jeter la pierre », quoi ! Bon, ne nous égarons pas.

L’arroche, donc, doit son nom à une étymologie qui passe par l’ancien français « arace » ou « arape » et remonte au latin « atriplex », qui signifie… « peu nourrissant ». Voilà qui est concret et pratique. Et pourtant, l’arroche se mange (voir ci-dessous).

On en trouve chez nous ? Oui, plein, sur toute la côte. Vous allez pouvoir frimer avec vos invités si comme moi vous n’y connaissiez pas grand chose au départ : « Oui, euh, là, ce sont des arroches maritimes, de leur nom botanique atriplex halimus, halimus signifiant « en lien avec la mer », « maritime »quoi ! Elles font partie de la famille des chénopodiacées, du grec khên, l’oie et poús, le pied, ce qui signifie que leurs feuilles sont en forme de patte-d’oie. »

On distingue sur cette image les feuilles alternes et les fleurs en grappes.

L’arroche pousse sur des sols pauvres, la plupart du temps sableux. C’est le même arbuste que l’on retrouve sur nos littoraux et en Afrique sur les sables du Sahara. On l’utilise d’ailleurs pour reconquérir certains milieux désertiques. Il a été d’abord acclimaté autour du bassin méditerranéen, puis introduit avec succès sur le littoral atlantique. Comment, par qui, pourquoi ? Je n’en sais fichtrement rien, mais ce serait intéressant d’arriver à en savoir plus…

On les reconnaît comment ? Ce sont des arbustes qui mesurent entre 1,5 et 2 mètres, avec un feuillage très touffu dont les rameaux se dressent à partir du sol. Leur couleur est argentée-bleutée et s’accorde avec celles du ciel et de la mer. Leurs feuilles sont petites, ovales et “alternes”, c’est-à-dire qu’elles ne poussent pas face à face sur la tige. Elles persistent toute l’année. Comme elles sont coriaces, mais que les rameaux, eux, sont souples, les arroches constituent de belles haies brise-vent. La floraison a lieu en août et septembre, les fleurs formant de petites grappes jaunes.

Utilisation culinaire

Les feuilles de l’arroche sont comestibles. Riches en protéines, en vitamines A, C et D et en chrome, elles peuvent être consommées crues en salades ou cuites à la poêle ou à la vapeur. Les nomades d’Afrique du Nord les mangent bouillies dans l’eau. En Tunisie, elles servent à la préparation d’un couscous spécial dans la région de Gafsa, le bethboutha.

Chez nous, elles sont aussi appréciées des oiseaux qui viennent les piqueter. Au Sahel, elles constituent un complément alimentaire appréciable pour le bétail.

Utilisation médicinale

Dans la pharmacopée naturelle des habitants des déserts, les feuilles écrasées d’arroche sont utilisées pour assécher et soigner les plaies.

Les racines ont aussi leur utilité : elles servaient autrefois de brosses à dents, usage auquel la loi Littoral semble avoir mis un terme en conduisant à la quasi disparition du camping sauvage et du mitage caravanier…

Certains la considèrent comme antidiabétique. Ajoutez quelques feuilles dans votre punch le soir à l’apéro : on ne sait jamais…

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