Quel est le niveau de dangerosité des oiseaux morts trouvés sur nos plages ?

Une note détaillée a été ajoutée le samedi 10 septembre au matin, en réponse à la publication d’éléments nouveaux par la mairie de Pénestin.

Le lundi 5 septembre, M. Jean-Paul Tual, riverain du Loguy, remarque la présence de 7 ou 8 oiseaux morts sur la plage du Loguy en direction du Halguen. M. Tual organise des opérations de nettoyage des plages depuis plus de 20 ans avec l’aide de l’organisation « Surfrider », et j’en ai déjà rendu compte à deux reprises sur ce blog. L’observation des laisses de mer et l’état des cadavres permettent selon lui de supposer que ces restes d’oiseaux sont là depuis deux à trois semaines. 

M. Tual écrit à la Ligue de Protection des Oiseaux et à la mairie de Pénestin pour les en avertir. Il n’a pas pu le faire auparavant, car il était absent de Pénestin. Le lendemain, mardi 6, il trouve deux autres oiseaux entre le Loguy et le Lomer. Cela fait donc une dizaine au total. Il contacte à nouveau la mairie, par mail, dès 8 heures du matin. Il se dit :

« très surpris que ces cadavres jonchent les plages depuis au moins 3 semaines (…) Ils ont pu être approchés par des humains, des charognards et autres. Sachant que la transmission du virus est essentiellement due au contact avec les oiseaux morts, comment autant d’inertie a-t-elle été possible ? »

Il conclut en demandant des explications à Monsieur le maire de Pénestin.

« la mairie procédera à leur enlèvement avant transfert chez l’équarrisseur »

Dans les heures qui suivent, et sans que l’on sache s’il y a là un lien de cause à effet, la mairie publie une information sur son site, dans la rubrique « Actualités », ainsi que sur sa page facebook. On y lit notamment :

« Si vous en découvrez [des oiseaux morts], merci de prévenir la mairie qui procédera à leur enlèvement avant transfert chez l’équarrisseur. Les équipes de la réserve communale sont mobilisées quotidiennement pour procéder au ramassage. »

Une remarque : la formulation « sont mobilisées quotidiennement » laisse entendre à tort que la mobilisation en question est déjà engagée et dure depuis un certain temps. Or, la mission de la Réserve a débuté hier, en même temps qu’était diffusé le message. Une première équipe s’est rendue sur le littoral ce matin et a rapporté une quinzaine d’oiseaux morts. 

Je crois me souvenir par ailleurs qu’un message plus bref se trouvait déjà dans la rubrique environnement / faune et flore. Selon des sources fiables, les services municipaux ont ramassé au cours des dernières semaines 35 oiseaux morts (rien ne dit cependant que ces décès soient tous imputables à la grippe aviaire.) (1)

Pourquoi une dizaine d’oiseaux morts sont-ils restés si longtemps sur les plages ?

Reste à comprendre pourquoi une dizaine d’oiseaux morts ont pu rester sur les plages situées entre le Lomer et le Halguen durant deux à trois semaines et quel était le niveau de dangerosité de leur présence.

L’affiche de la préfecture du Morbihan reproduite sur le site de la mairie, sa page facebook et ci-dessus indique :

« Le virus de l’influenza aviaire (…) n’est pas transmissible à l’homme. »

Puis :

« Le public doit éviter tout contact avec les oiseaux sauvages, y compris les plumes et les déjections. (…) Ne pas ramasser ou toucher les oiseaux sauvages malades ou morts. (…) »

Ces deux citations semblent contradictoires, car si le virus n’est pas transmissible à l’homme, de telles précautions ne sont pas indispensables. Néanmoins, l’expérience nous enseigne que les choses sont toujours plus complexes que ce que l’on croit percevoir au premier abord, et s’il y a une raison qui justifie d’associer ces deux énoncés, nous serions heureux de la connaître. 

Une contamination vers l’homme uniquement en provenance d’oiseaux domestiques

Enfin, j’ai tenté de me faire une idée à propos de la dangerosité du contact avec des oiseaux morts de l’influenza aviaire en recherchant sur internet. J’avoue ne pas y être parvenu. Une seule « certitude » : il y a eu des cas de contamination vers l’homme à l’époque du H5N1, en 2014, mais uniquement provenant d’oiseaux domestiques (volailles, canards, oies…) et sur des humains en contact proche et prolongé avec ces oiseaux. Je me sens obligé d’ajouter « sous réserves tout de même ».

On peut espérer que l’action de nos élus s’appuie sur des données plus complètes que celles que je présente ici. Dans un souci de préservation de la santé publique et de la qualité du débat démocratique dans notre commune, je joins ma voix à celle de M. Tual pour demander au maire de Pénestin, dans l’intérêt de tous, des informations plus complètes que celles publiées par ses services jusqu’à présent.

M. Tual m’a raconté une anecdote peu banale. En 1999, après le naufrage de l’Erika, il était seul à nettoyer la plage du Loguy. Dans toutes les communes environnantes, l’Armée avait été déployée. Il interroge alors le maire, M. Baudrais, et lui demande pourquoi on ne fait pas de même à Pénestin. « Pénestin n’a pas besoin de l’Armée » : telle fut la réponse de M. Baudrais. J’espère avoir aidé ici à comprendre que l’action publique réclame du sérieux, de l’humilité et de l’écoute.

(1) Note ajoutée le samedi 10 septembre à 7h :

Par l’intermédiaire de son site web et de sa page facebook, la mairie de Pénestin répondait hier matin 9 septembre au présent article sur les oiseaux morts de la grippe aviaire paru le 7 septembre sur penestin-infos. On ne peut que s’en réjouir. Cela vaut mieux que la stratégie du silence utilisée jusque là : traiter par le mépris les voix discordantes, ne pas alimenter la discussion afin qu’elle s’éteigne d’elle-même. Mais on le verra malheureusement : le mépris est toujours là.

Pas vraiment de réponses, ni d’arguments, d’ailleurs : juste un tableau des oiseaux ramassés jour après jour et espèce par espèce, sur le site de la mairie, accompagné sur facebook d’un texte de 3 lignes. On nous dira probablement que cela n’a rien à voir avec l’article de penestin-infos : c’est de bonne guerre. 

Le texte pointe le chiffre total des oiseaux ramassés entre le 12 août et le 8 septembre : 108. J’avais parlé pour ma part de 35. A bon entendeur…

Soyons précis. Mon article faisait référence aux oiseaux ramassés jusqu’au 6 inclus. Selon le tableau, le décompte était alors de 69 oiseaux. Mon erreur est donc un rapport du simple au double : 35 au lieu de 69. Je confirme que le chiffre de 35 m’a été fourni par une « personne proche du dossier », comme on dit. 

Cependant, une erreur a toujours une explication. Les 69 oiseaux morts se dispatchent entre les 35 ramassés le mardi 6 septembre, et 34 qui l’ont été jusqu’au 5 septembre. On peut supposer que la personne a considéré que les chiffres au 5 septembre étaient les derniers à ce moment-là (le 7 septembre). A moins qu’elle ait gardé à l’esprit le nombre impressionnant des oiseaux ramassés le mardi 6.

Toujours est-il que je n’aime pas faire des erreurs. J’assume personnellement le défaut de l’information qui m’a été transmise et que j’ai validée, et je présente mes excuses aux lecteurs. J’ajoute par ailleurs une note dans mon article du 7 septembre afin de rectifier le chiffre donné.

Pour le reste, le tableau publié aujourd’hui confirme les autres éléments de mon article :

– la Réserve communale a bien effectué sa première sortie le 7 septembre comme je l’indiquaisIl n’était donc pas conforme à la vérité d’écrire le 6 septembre, comme l’a fait la mairie, que « les équipes de la réserve communale sont mobilisées quotidiennement pour procéder au ramassage ». Il aurait été simple d’écrire : « les équipes … seront mobilisées quotidiennement à compter du 7 septembre … » Le procédé utilisé ici est fréquent dans les publications de la mairie et du groupe « Osons Pénestin »Il permet de réécrire le passé ou de modifier la perception des faits au moment de leur occurrence.

– sur la journée du 7 septembre, 15 oiseaux ont été ramassés par la Réserve communale, comme je l’avais indiqué.

Mais débattre, interroger et argumenter, c’est faire appel à de la matière grise. Ce n’est pas le cas d’un tableau de chiffres, qui ne se suffit pas à lui-même et demande à être interprété. C’est ainsi que les deux questions principales adressées au maire demeurent sans réponse :

– pourquoi une dizaine d’oiseaux morts sont-ils restés deux à trois semaines sur les plages du Lomer et du Loguy sans être ramassés ?

– quel est le degré de dangerosité de ces oiseaux auxquels on nous demande de ne pas toucher nous-mêmes ?

Je crois comprendre que les 3 lignes parues sur la page facebook de la mairie avaient pour objectif de disqualifier ces questions en mettant l’accent sur une erreur factuelle : il a publié un chiffre erroné, donc on peut jeter l’ensemble au panier ! Bon débarras !

Que la mairie fasse à son tour ce que je viens de faire : reconnaître et corriger une erreur. Qu’elle supprime ou corrige la phrase sur les équipes « mobilisées quotidiennement », anodine en apparence, mais qui est plus qu’une erreur.

Ensuite, le chiffre des oiseaux morts a maintenant dépassé la centaine, selon les chiffres de la mairie. Plus le nombre d’oiseaux ramassés est important, et plus on a de raisons de s’inquiéter des dangers qu’ils représentent pour l’homme. Et si ce danger est avéré, la question posée par M. Tual d’une éventuelle négligence se pose avec une acuité d’autant plus grande. 

1 commentaire sur “Quel est le niveau de dangerosité des oiseaux morts trouvés sur nos plages ?”

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