Le 29 septembre dernier, Ouest France publiait un article intitulé « Loscolo repart en justice : Cap Atlantique va réfléchir ».
Le chapeau de l’article précisait :
« Pénestin. Le projet de parc conchylicole de Loscolo fait l’objet d’un double appel en justice. Porteur du projet, Cap Atlantique reste évasive sur sa volonté de poursuivre, attendant la fin des recours. »
Compte tenu de l’importance des informations contenues dans cet article, j’en reprends ci-dessous la teneur, en y ajoutant quelques réflexions (1).
« Discuter et réfléchir ensemble des suites à donner à ce projet »
On se souvient que le tribunal administratif de Rennes avait donné raison à la mairie de Pénestin en juin dernier dans la procédure concernant l’autorisation environnementale contre l’association Cappenvironnement qui a fait appel. Cependant, une procédure distincte, portée également par Cappenvironnement à qui se sont joints des riverains et un groupe de mytiliculteurs, a abouti en septembre à l’annulation par le même tribunal du permis d’aménager (http://www.penestin-infos.fr/loscolo-le-permis-damenager-est-annule/ ) signé par le maire en juillet 2020. L’appartenance de la zone à un « espace proche du rivage », au sens de la loi Littoral, aurait réclamé, selon le jugement, que soit respectée la cohérence de l’entité paysagère concernée afin que cette zone puisse être considérée comme une extension « limitée »de l’urbanisation.
Le maire a à son tour fait appel de cette décision. Ouest France rappelle que les deux procédures ont pris respectivement 4 ans et 2 ans avant d’aboutir et évalue à « un an ou deux » le temps nécessaire pour que « l’épais dossier » qui hante la vie publique de la commune depuis 25 ans soit rejugé en appel. Interrogée par le quotidien rennais, Cap Atlantique (sans autre précision) déclare :
« Nous devrons discuter et réfléchir ensemble des suites à donner à ce projet de parc, mais nous attendons la fin réelle du processus juridique pour avancer dans la bonne direction, une fois tous les recours épuisés et tranchés. »
La communauté d’agglomération, qui s’exprime au nom des 15 communes de la presqu’île guérandaise, se dit « déterminée à défendre l’avenir des moules de Pénestin, cette activité économique vitale pour le territoire et vecteur d’attractivité. » Elle ajoute : « Nous ne souhaitons pour le moment pas spéculer sur l’avenir du parc. »
Des formulations prudentes, c’est le moins qu’on puisse dire… Il est vrai que comme beaucoup de projets publics, le projet Loscolo a vu son budget prévisionnel augmenter d’année en année, notamment pour satisfaire aux exigences de la réglementation européenne sur les rejets en mer qui demande l’acquisition de machines de filtrage particulièrement coûteuses. Par ailleurs, le projet n’a jamais fait l’unanimité parmi les professionnels.
Une nouvelle étape dans le désengagement de Cap Atlantique ?
Cap Atlantique avait déjà retiré la présentation du projet de son site internet, répondant à L’Echo de la Presqu’île qui s’en étonnait que le projet était en suspens durant le temps des recours en justice (je cite de mémoire). Une nouvelle étape est-elle franchie dans le désengagement progressif de l’agglomération, qui laisserait le maire de Pénestin bien seul, d’autant plus que c’est elle qui finance le projet ? Ouest France ne va pas jusque là, mais en lisant la page que consacre le bulletin municipal d’octobre à cette affaire, on peut observer que les positions divergent désormais.
Pour le maire, l’avenir des moules de Pénestin passe toujours par Loscolo et il accuse les opposants au projet de vouloir « avant tout contraindre fortement la poursuite du développement de toute une filière et de l’économie générale de la commune. » Cap Atlantique apparaît désormais beaucoup plus mesuré en dissociant « l’avenir des moules » et « l’avenir du parc », laissant entendre, pour qui sait lire entre les lignes, que d’autres options seront sur la table le moment venu.
Interrogé également par Ouest France, Dominique Boccarossa, ex-élu d’opposition et président de Cappenvironnement, indique que le futur PLU opèrera une révision des zonages du Logo et du Scal notamment, permettant que les équipements soient rénovés et agrandis, ce qui était depuis longtemps le vœu de l’opposition. Et de bon nombre de mytiliculteurs…
Concernant le Lomer, l’argument du maire sur le recul du trait de côte et les risques de submersion suscite une vive réplique de Frédéric Bernard, ex-élu d’opposition et lui-même mytiliculteur au Lomer :
« Ce secteur du Lomer ne pourrait pas être submergé ! Ou alors c’est dans 1000 ans ! (…) Qu’on se penche plutôt sur l’amélioration de l’existant et de la qualité de l’eau. On avait demandé que la zone du Lomer, par exemple, puisse être agrandie. Or le nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) réduira justement cette zone ! »
Une victoire amère de l’opposition
Gageons que la rédaction du PLU, présentée par le bulletin municipal comme « un travail réalisé de manière concertée avec l’ensemble des listes politiques de la commune », a dû faire l’objet d’intenses tractations entre la majorité et l’opposition de l’époque, c’est-à-dire, pour être précis et s’agissant de la commission PLU, M. Boccarossa, seul contre tous et à présent objet de trois plaintes en diffamation : c’est ce que retiendra l’histoire de la commune. Je peux déjà vous donner le titre du chapitre : « Le projet Loscolo : une victoire amère de l’opposition ».
La vérité historique, la seule qui vaille, s’écrit comme chacun sait dans l’après-coup, avec un train de retard. La vérité journalistique est en progrès : cet article de Ouest France est sans doute le premier qui laisse à un opposant et non au maire le soin de conclure. C’est un signe à ne pas négliger que le vent est en train de tourner. La vérité judiciaire est ce qu’elle est : l’oeuvre de professionnels appliqués à vérifier chaque fait et à se défendre contre les pressions de tous ordres qu’ils subissent. Une vérité lente par définition à se faire jour, ce qui laisse le champ libre à ceux que je fais le choix ici de ne pas qualifier. On appelle cela le temps du politique.
1 – Je présente toutes mes excuses au journal Ouest France ainsi qu’aux lecteurs de Penestin-infos : j’ai commis une erreur en indiquant que l’article mentionné dans ce texte n’avait été publié que dans l’édition de St-Nazaire. Il avait bien été publié la veille, le 29 septembre dans l’édition de Vannes.
Je modifie mon texte en conséquence, mais l’honnêteté me conduit à laisser ci-dessous les deux extraits concernés dans leur première version en libre consultation :
- “L’article, intitulé « Loscolo repart en justice : Cap Atlantique va réfléchir », est paru samedi 30 septembre dans l’édition de St-Nazaire – La Baule – Guérande. Les informations qu’il recèle sont loin d’être négligeables pour les Pénestinois et on aurait apprécié qu’il soit publié aussi dans l’édition de Vannes, dont relève Pénestin, comme cela fut le cas le même jour pour celui sur les « sites remarquables du goût ». Il revient à penestin-infos nouvelle mouture de jouer les bouche-trous afin que les citoyens de notre commune soient informés…”
- “cet article de Ouest France, dont les Pénestinois ont failli ne pas avoir connaissance”
J’adresse séparément, par ailleurs, une lettre d’excuses à Mme Ribot, auteur de l’article, et au rédacteur en chef de la rédaction de Vannes.