Il y a quelques années, on vous disait encore : « Mangez du poisson trois fois par semaine, surtout des poissons gras, riches en Oméga 3. Cela vous protège face aux risques de maladies cardio-vasculaires ou à certains cancers. » Pourtant, beaucoup étaient déjà contaminés par les PCB (PolyChloroBiphényles) ou par le mercure. Aujourd’hui, on vous dit plus prudemment : « Deux fois par semaine, pas plus, et plutôt des petits… » Plus aucune espèce de poisson n’est épargnée par les microparticules de plastique, ni par les molécules médicamenteuses que les stations d’épuration ne savent pas traiter.
La soirée du Bateau Livre, ce jeudi 7 novembre, aurait pu donner le bourdon aux 25 personnes venues écouter Jean-Claude Menard, président de l’association Estuaire Loire et Vilaine (ELV). Il est tentant de se boucher les yeux et de remettre quelques boîtes de nuggets de poisson dans son caddy. Mais affronter la réalité est tout de même un bien meilleur moyen de découvrir des solutions – car il y en a parfois. Jean-Claude est un homme de terrain, pour autant que l’on puisse appeler terrain ces océans qui couvrent les deux tiers de la planète. Il parle clair et concret, et cela rend l’expérience à la fois dérangeante et stimulante.
Des collaborations avec l’Ifremer, l’Université de Nantes, le réseau Natura 2000…
En 2008, il créait avec Éric Lauvray, passionné comme lui de plongée et de pêche sous-marine, l’association ELV qui se consacre à l’étude, la préservation et la réhabilitation des fonds marins. Ils ont développé des collaborations avec l’Ifremer, l’Université de Nantes, le Museum d’histoire naturelle de Concarneau, le réseau Natura 2000, parmi beaucoup d’autres. Leur site internet (https://www.assoloirevilaine.fr/) est un formidable outil pédagogique avec des vidéos, une newsletter et une multitude d’informations et de références.
ELV agit dans une zone qui va de l‘île de Noirmoutier à l’île Dumet. Sur une douzaine de points, des prélèvements sont effectués chaque année par des équipes de plongeurs et de scientifiques. Leur analyse permet de mesurer la qualité écologique des masses d’eau. Partout, des interactions aident à mieux comprendre le pourquoi des phénomènes. La turbidité (de l’adjectif « trouble ») croissante de l’eau empêche la lumière d’atteindre les algues situées en profondeur. La photosynthèse ne s’opère plus et elles cessent de se développer. Or ce sont elles qui produisent 50 % de l’oxygène que nous respirons. Cette même turbidité de l’eau empêche par exemple les sternes de distinguer leurs proies dans l’eau. Du coup, elles ont quasiment disparu des zones côtières de notre région.
Autre interaction, celle qui lie la terre et la mer. Le remembrement des terres agricoles dans les années 1960-90, en supprimant les haies, a lessivé des tonnes de terre gorgée d’engrais qui se sont déversées dans l’océan. A l’inverse, celui-ci est au coeur du système climatique planétaire : il absorbe à la fois la chaleur et le CO2.
Il est des domaines comme celui des anciennes « Sciences Nat’ », ou le droit, ou l’économie, où un minimum de connaissances est devenu indispensable pour un citoyen soucieux d’intervenir dans les affaires qui conditionnent son avenir. Ou son présent immédiat… Encore quelques efforts, camarades, pour nous mettre au diapason !