« Quand est-ce qu’on commence à être inquiets ? »

C’est Nielsen qui parle. 25 ans peut-être. Des lunettes d’élève sage, mais un chignon à l’arrière de la tête qui rappelle Rémy Fraisse, le jeune écologiste mort à Sivens. « 80 % des insectes ont disparu en 30 ans : quand est-ce qu’on commence à être inquiets ? À 90 % ? »

Nous sommes en face du Leclerc d’Herbignac, de l’autre côté de la route, à l’emplacement de la future ZAC des Prés-Blancs. Devant nous, la Salle de l’Europe. À gauche, la zone humide. À droite, le rond-point du Ranrouët avec ses Gilets Jaunes présents tous les samedis depuis un an déjà. L’arrière de la Salle de l’Europe a déjà été attaqué cette semaine par les bulldozers. C’est un combat d’arrière-garde. Mais la quarantaine de militants est là aussi pour le symbole, pour dire non à un projet qui artificialise, c’est-à-dire urbanise en les bétonnant, 7,8 hectares de terres naturelles. Pour y installer des logements, mais aussi et surtout : encore plus de commerces qui achèveront de transformer Herbignac en une grande zone commerciale où l’on ne circule plus qu’en voiture.

« Il faut lancer un cri citoyen ! »

« Il faut lancer un cri citoyen », explique Manon de sa voix calme. « Les parkings et les commerces ne sont pas des espaces de convivialité. On y vient en voiture, on en repart de même. On y achète des objets, toujours plus d’objets [comme le disait déjà Georges Pérec en 1960, G.C.], sans se soucier du travail des enfants dans le Tiers-Monde, du bilan carbone catastrophique, de ces vêtements qui franchissent des milliers de kilomètres sur plusieurs continents avant d’arriver sur les présentoirs. Non, ce n’est pas le monde dans lequel nous avons envie de vivre. »

Le « vieux monde » était celui du « Dévéco », le développement économique. Maintenant, il faut construire celui du développement durable. La mairie PS d’Herbignac met en avant la création d’emplois dans les commerces. « Ce ne sont pas des emplois pérennes », dit Nielsen. Manon le corrige : « Si, pérennes, mais pas valorisants », et surtout, ils ne répondent pas aux ‘problèmes de maintenant’ ». Le commerce est l’élément le plus frappant d’un système qui mondialise les échanges au détriment de la planète et qui tue les commerces de proximité.

Un projet monté sans concertation véritable

Georges Neumuller, un sourire permanent aux lèvres comme d’autres arboreraient une Camel, est élu de la majorité à Herbignac, mais il a toujours voté contre ce projet monté sans concertation véritable. Il nous répond que oui, le projet Loscolo de Pénestin a des points communs avec Herbignac. Il viendra nous voir pour tenter de mieux comprendre ce qui rapproche ces deux projets de Cap Atlantique. Une certitude déjà : la culture du bluff et de l’opacité s’impose comme une façon d’éviter le dialogue avec les habitants.

Les militants du collectif « Des arbres pas des parkings » ont apporté des masses et des pelles. On plante des arbres, de tous petits et des plus grands. On installe partout des panneaux aux slogans bien sentis : “Brader des biens publics pour des intérêts privés” ; “Crise des ressources : encore des courses ?”. L’organisation est impeccable. C’est cela aussi la nouvelle génération, sobre, sérieuse, utopiste un peu, mais surtout ancrée dans le réel. Cool, mais obstinée ! Oh combien ! N’en doutez pas…

2 commentaires sur “« Quand est-ce qu’on commence à être inquiets ? »”

  1. Ping : Covid Entraide France : agir aujourd’hui et anticiper l’avenir - penestin-infos

  2. Bravo !
    Ce commentaire illustre bien, la manifestation. (Surface occupée par le complexe commercial). Je suis parti avant la fin, photo du groupe, à cause de l’heure. Mais je pense qu’il y avait plus de monde, mon estimation était d’une soixantaine de personnes.
    Amitiés.
    Paul.

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