Voici un blog que vous pourriez ajouter à vos « marque-page » : https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr/
Cette Convention Citoyenne pour le Climat a démarré ses travaux hier et le blog correspondant est déjà très fourni, avec une présentation claire du projet, des portraits et interviews de participants, des documents et vidéos sur les journées d’hier et aujourd’hui, des conférences et des débats en direct…
L’esprit critique est bien présent, avec une liberté de ton appréciable, dans les commentaires déjà nombreux postés à la suite de différentes rubriques et informations.
Il sont assez grands pour se présenter tout seuls : 1 question, 1 objectif, un groupe de 150 citoyens tirés au sort en août dernier et qui devront remettre leurs conclusions fin janvier 2020 pour qu’elles soient soumises « sans filtre », soit à référendum, soit au vote au Parlement, soit à application réglementaire directe.
Évidemment, on peut crier au gadget ou au calcul politique. Mais ces gens travaillent, ils nous surprendront peut-être, et la première attitude qui s’impose est le respect.
Sur le fond et sur la forme
Cette initiative est intéressante sur le fond et sur la forme. Sur le fond, c’est évident, nous sommes tous concernés. Un espace est d’ailleurs prévu pour les contributions extérieures au groupe des 150.
Sur la forme, nous avons une actualité à Pénestin qui nous conduit à être des observateurs attentifs du fonctionnement de cette convention. Le comité de suivi Loscolo, auquel j’ai consacré le dernier article, pourrait s’intéresser aux méthodes utilisées et à la façon dont y sont gérées les exigences de transparence et d’ouverture qu’il entend partager. Pourquoi d’ailleurs ne pas ouvrir de la même façon un espace sur internet (blog, page facebook…) afin de faciliter la circulation des documents, des informations et les échanges entre ses membres ?
Dans Ouest France et dans l’Echo de la Presqu’île cette semaine, Jean-Claude Lebas, actuel adjoint à l’urbanisme à la mairie de Pénestin, présente sa liste pour les prochaines élections municipales en annonçant son intention de créer « des commissions participatives ouvertes à la population » et d’une façon générale un fonctionnement « moins pyramidal et plus collégial ». Nous avions déjà connu en mars 2018 une expérience ponctuelle de démocratie participative organisée par la mairie afin de consulter la population sur le futur de la commune, mais ses résultats n’ont malheureusement jamais été publiés.
Une municipalité gérée sur un mode horizontal
Dans la perspective des Municipales, un autre groupe, celui de la Gouvernance Locale Partagée, a pris de l’avance et se réunit régulièrement depuis presque un an pour définir ses fondamentaux, le schéma de la prise collective des décisions dans une future municipalité gérée sur un mode horizontal, et s’entraîner à l’animation de réunions participatives. Il a récemment désigné Bénédicte Dupé comme tête de liste et organise une réunion publique le lundi 14 octobre à 18 h 30 au Centre socio culturel.
Mentionnons aussi l’initiative, lancée à Marzan par Marie-Laurence Thierry, de Réunions citoyennes qui couvrent une dizaine de communes, auxquelles participent plusieurs Pénestinois, et qui ont déjà débouché sur une quinzaine d’initiatives dans les domaines des transports, de l’agriculture alternative ou de la solidarité.
Et puis, parce que l’esprit est le même, les Cafés repaires / repères, animés par Jean-Marc Bonavoir au Bateau Livre, et qui proposent le vendredi 18 octobre une rencontre conférence sur le thème du « zéro déchet », dans le cadre d’un cycle sur « L’empreinte de l’homme sur son environnement ».
Alors, faut-il dire en parodiant Malraux qu’en 2020, Pénestin sera citoyenne ou ne sera pas ?! Ou en parodiant Aragon que le citoyen est l’avenir du consommateur ? A suivre.
Ping : Nicolas Hulot à la Convention citoyenne pour le climat : « C’est bien de notre survie dont il est question. » - penestin-infos
Il y a ce soir un article de Mediapart qui fait la synthèse du week-end. Je ne devrais pas, mais bon, je vous le mets, c’est pour la bonne cause (et d’une certaine façon, ça leur fait de la pub).
Convention pour le climat: 150 citoyens méfiants mais déterminés
6 octobre 2019 Par Christophe Gueugneau
Les 150 citoyens tirés au sort ont commencé à plancher, pendant trois jours, sur la question posée par le gouvernement, à savoir comment réduire d’au moins 40 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Ce premier week-end leur a permis d’identifier les blocages face à la transition, mais aussi de demander, à plusieurs reprises, au gouvernement de réitérer sa promesse de respecter leurs travaux.
• Personne n’y croit vraiment. Et eux pas beaucoup plus que les autres. Eux ? Les 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention citoyenne sur le climat. Décidé par Emmanuel Macron fin avril, ce « machin » démocratique est censé, en six week-ends de trois jours, apporter des réponses concrètes et législatives à la question : « Comment faire baisser d’au moins 40 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans un souci de justice sociale ? »
À l’issue de ces travaux, le gouvernement s’est engagé à transmettre le ou les projets de loi au Parlement « sans filtre », ou bien d’appliquer d’éventuelles mesures réglementaires, ou encore d’aller directement au référendum. Mais peut-on faire confiance au gouvernement et au président de la République ? Quand on dit « sans filtre », sera-ce bien le cas ? Et qu’en feront les députés, de ces textes ?
À l’issue d’un premier week-end, aucune réponse ferme et définitive n’a été apportée, y compris par le premier ministre Édouard Philippe, qui a parlé vendredi devant les 150 citoyens, ou par la ministre de la transition écologique Élisabeth Borne, venue dimanche matin. Mais il y a tout de même un fait rassurant : les 150 tirés au sort, dont on ne savait pas grand-chose avant le premier jour – si ce n’est qu’ils étaient l’exact portrait de la France en chiffres, lire ici –, sont vraisemblablement au fait de cette incertitude et ne comptent pas s’y laisser prendre.
Dès vendredi, après une courte allocution, le premier ministre Édouard Philippe s’est ainsi retrouvé face à quelques citoyens déterminés. Comme Delphine, de Rouen, qui estime que les « particuliers sont culpabilisés » et se demande ce qu’il adviendra « si nos mesures s’en prennent aux grands groupes industriels ». Ou bien Marie-Hélène, de Paris, qui tient à savoir combien de temps s’écoulera entre la remise des propositions de la Convention et la mise en place des actions.
À cette question, « pas complètement simple » selon lui, Édouard Philippe n’a pas apporté de réponse complètement claire. « Vous n’êtes pas députés ni sénateurs », leur a rappelé Philippe, manière de dire que ce seront bien eux qui auront le dernier mot. De fait, le parcours, malgré les promesses présidentielle et gouvernementale, sera semé d’embûches.
Si les citoyens envoient des projets de loi, il faudra passer par l’étude d’impact, les amendements, le vote d’un Sénat à majorité de droite… S’ils demandent un référendum, il faudra passer par le Conseil constitutionnel. Et même en cas de mesures d’ordre réglementaire, les services du ministère auront leur mot à dire.
« Je ne peux pas vous promettre que toutes vos propositions seront appliquées, a fini par lâcher le premier ministre. Je ne peux pas vous garantir que la Constitution va être changée. Je peux vous promettre que vos propositions seront soumises à l’Assemblée nationale et au Sénat. »
Deux jours plus tard, face à la ministre de la transition écologique Élisabeth Borne, les conventionnels ne semblent pas faire beaucoup plus confiance au gouvernement. Mais la teneur de leurs questions montre un progrès dans la définition du problème posé – ils ont passé beaucoup de temps, la veille, à s’informer sur les blocages.
Ainsi, Sarah, de Bourges, qui se demande « pourquoi il y a toujours une faille ou une porte de sortie dans les réglementations visant à baisser les émissions de gaz à effet de serre ». Ou Adèle, de Savoie, qui prend en exemple le sort des passoires énergétiques – la dernière loi Énergie climat vient d’écarter le caractère obligatoire d’une rénovation – pour comprendre les « pressions exercées par les entreprises sur le gouvernement ».
Paul, de Paris, demande de son côté : « Quelle cohérence y a-t-il à vouloir baisser le CO2 et à signer en même temps le Ceta [l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada – ndlr] ? » Question qui entre en résonance avec celle d’un autre citoyen, très applaudi, qui demande à ce qu’on lui explique pourquoi, « lors de la crise de 2008, l’État et les banques ont trouvé les financements pour sauver le système, alors qu’on ne trouve pas les financements quand il s’agit du climat ».
Auditionnée dimanche matin, Anne Bringault, chargée de la transition écologique pour le Rassemblement action climat (RAC), s’est dite, à sa sortie, « épatée » qu’en deux jours les citoyens « se posent déjà les bonnes questions sur les blocages ». Certes, estime-t-elle, certaines ONG sont plus que dubitatives sur cette Convention, mais elle pense qu’il pourrait advenir quelque chose. De fait, les 150 tirés au sort lui ont explicitement demandé d’envoyer les propositions du RAC afin de les étudier. Greenpeace n’est pas vraiment d’accord. Dans un communiqué envoyé vendredi, l’ONG juge le mandat de cette Convention citoyenne « incertain ».
Auditionné lui aussi dimanche matin, Laurent Berger, de la CFDT, s’est montré prudent, pour ne pas dire circonspect. Pour le syndicaliste, cette Convention est un « formidable outil », qui va « devoir taper dans le dur ». Mais si le gouvernement hésite, « c’est là où nous entrerons en piste », a-t-il dit, rappelant le travail effectué par son syndicat et beaucoup d’autres organisations sur le « pouvoir de vivre ».
« Ils sont prêts à faire évoluer le cadre »
Garant du débat, le réalisateur Cyril Dion y croit-il plus ? Vendredi, face au premier ministre, il a insisté, demandant à Édouard Philippe de réitérer la promesse d’une transmission « sans filtre » des textes au Parlement. Deux jours plus tard, interrogé par Mediapart, il sourit : « Les tirés au sort ont posé cette question tout le week-end. Au premier ministre, à la ministre de la transition, et à nous surtout. » Pour lui, la défiance est quasiment légitime, car « on a vécu énormément de séquences où les gouvernements n’ont rien fait de l’avis des citoyens », citant le « grand débat », le Grenelle de l’environnement ou encore les États généraux de l’alimentation.
Mais pour Dion, cette question est aussi rassurante, cela prouve « qu’ils mettent de l’enjeu dans leurs travaux ». Cela accentue en outre le rapport de force nécessaire : « Plus les politiques s’engagent, plus ils réitèrent leurs promesses, et plus ils ne pourront faire autrement que d’honorer cette parole. »
Pour Mathilde Imer, membre du comité de gouvernance, ce premier week-end n’a pas simplement été un tour de chauffe pour les 150 citoyens, mais aussi pour eux-mêmes. Samedi, le comité s’est présenté. Mathilde Imer a expliqué aux conventionnels les équilibres internes. Le comité a en effet été sous le feu des critiques ce week-end, et notamment la présence en son sein de Catherine Tissot-Colle, membre du Cese, le Conseil économique, social et environnemental, qui accueille cette Convention, mais surtout membre du Medef et conseillère de l’entreprise Eramet, un géant de la mine et de la métallurgie. Catherine Tissot-Colle n’est qu’une membre parmi les 15 du comité de gouvernance, tempèrent ses collègues.
Quoi qu’il en soit, les tirés au sort ont a priori toute latitude pour ne pas se laisser cornaquer. Et de fait, ce premier week-end a montré que les questions dérangeantes arrivent vite à la surface. Samedi, la question de la baisse de 40 % des émissions a ainsi été d’emblée posée, ce que cela signifie, ce qui entre dans ce calcul et surtout ce qui n’y entre pas – la question des émissions importées et de l’empreinte carbone notamment. « Il y a eu une demande d’échanges approfondis sur ces questions pour affiner le débat et aller potentiellement vers plus d’ambition », selon Mathilde Imer.
Pour elle, un autre point positif est qu’« on a senti une dynamique de groupe, ils sont prêts à faire évoluer le cadre ». Alors que la journée de samedi devait être consacrée aux blocages puis à la justice sociale, ce deuxième point a ainsi été repoussé au prochain weed-end pour aller plus loin dans les blocages.
Dimanche matin, en assemblée, les 150 ont ainsi expliqué avoir relevé des blocages de trois ordres : économiques, politiques et individuels.
Pour les premiers : « l’obsession pour la croissance », « la logique de l’intérêt financier [qui] prime sur le bien commun », « les lobbys et les grands groupes qui exercent une pression sur le gouvernement » ou encore « le manque d’engagement des grandes entreprises ».
Parmi les blocages politiques : le « manque d’engagement et de courage de la part des États et des élus » ou le « manque de suivi et de transparence des actions » déjà entreprises.
Enfin, pour les blocages individuels : « la capacité des citoyens à changer leurs modes de vie », la « résistance au changement, qu’elle soit consciente ou inconsciente », le « manque de moyen pour éduquer et accompagner les citoyens pour comprendre » et plus généralement la « culture de la consommation [qui] domine toujours notre mode de vie individuel ».
Trouver des issues à ces blocages va donc occuper les prochains week-ends de la Convention. Ils pourront pour ce faire s’appuyer sur l’audition de divers experts et personnalités. Certains choix laissent cependant songeurs. Si l’audition vendredi soir de la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, par ailleurs membre du Giec, était évidente, celles, dimanche matin, de la ministre de la transition Élisabeth Borne ou d’Augustin de Romanet, PDG du groupe Aéroports de Paris, le paraissent moins.
A fortiori quand ce dernier cite l’étude Zen 2050 pour expliquer qu’il est « possible atteindre la neutralité carbone sans nuire à l’économie ». Ou quand il affirme que « plus les entreprises sont grandes et cotées, et plus elles sont sensibles » à la question du climat…
À l’issue de ce premier week-end se pose également la question des trois semaines qui vont suivre avant la prochaine session. « Le travail ne va pas s’arrêter », insiste Mathilde Imer. Des supports – rapports, vidéos, séminaires – vont être mis à disposition sur une plateforme dédiée. Deux citoyens et deux suppléants vont être intégrés au comité de gouvernance de manière à aider au choix des prochains intervenants.
Quant au risque de voir un ou plusieurs citoyens devenir la cible de lobbys divers et variés, les organisateurs disent avoir tout prévu. Les 150 auront un contact permanent avec un des animateurs de la Convention. Par ailleurs, ils ont été « sensibilisés à cette question », insiste Mathilde Imer : « On leur a expliqué les approches, les cadeaux, etc. Ils sont censés prévenir les garants si cela arrive. » Le comité compte également sur l’effet du nombre : si une personne venait à craquer et à le cacher, il resterait toujours 149 citoyens pour l’empêcher de nuire.
Un autre pari devra aussi être gagné pendant ces trois semaines : que les débats sortent des couloirs policés du Cese pour gagner la société en général. C’était la volonté, dès vendredi, de Mélanie, citoyenne de la Sarthe. Pour elle, cette Convention aura servi à quelque chose s’il y a une « circulation des idées, [et] que la Convention redescende sur la population, que ça remonte, que ça circule ».
Dans une société française clivée comme jamais, méfiante – très souvent à raison – à l’égard des politiques et des médias, il n’est pas certain que Mélanie soit pleinement entendue.