Dimanche, la Ligue de Protection des Oiseaux collectera les oiseaux échoués sur les plages afin de les autopsier

Ce dimanche 19 février aura lieu une opération de collecte des oiseaux marins échoués sur les plages de Pénestin. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un projet européen intitulé « Life Seabil », à l’échelle de la France, de l’Espagne et du Portugal, en vue de rechercher les causes de mortalité chez des espèces d’oiseaux allant des goélands aux fous de Bassan, en passant par les mouettes tridactyles, les macareux moines ou les fulmars.

L’opération se déroulera sur 3 années en décembre, janvier et février. Les oiseaux morts seront examinés par le laboratoire « Littoral Environnement et Société » (LIENSs) de l’université de La Rochelle. La collecte de ce dimanche sera menée à l’échelle locale par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), dont la référente pour Pénestin est Sylviane Duboz.

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Les jours précédents, les oiseaux échoués ne seront plus ramassés par les Services techniques de la mairie afin de ne pas fausser les résultats statistiques. Il est aussi demandé expressément aux habitants et aux vacanciers de ne pas les ramasser eux-mêmes (ce qui est par ailleurs interdit), ni de les déplacer.

Les scientifiques craignent que le virus de la grippe aviaire mute et devienne transmissible à l’homme

En août et septembre dernier, un nombre important d’oiseaux marins morts, dont beaucoup de mouettes et de goélands, avaient été ramassés ( http://www.penestin-infos.fr/quel-est-le-niveau-de-dangerosite-des-oiseaux-morts-trouves-sur-nos-plages/ ). Ils avaient été contaminés par le virus de la grippe aviaire, qui est transmissible aux oiseaux domestiques (volailles, canards, oies…), mais en principe très peu à l’homme, et uniquement par l’intermédiaire des oiseaux domestiques.

Cependant, les scientifiques craignent que la circulation du virus (H5N1) sur la longue durée et chez un nombre croissant d’espèces favorise des mutations qui pourraient faciliter sa transmission à l’homme. Trois facteurs suscitent particulièrement leur inquiétude : l’apparition de “clusters” en Europe, qui se trouve sur la trajectoire des oiseaux migrateurs ; le maintien en toutes saisons de la circulation virale (exemple : l’hécatombe de fous en Bassan recensée en Bretagne l’été dernier) ; l’élargissement du spectre des espèces touchées. (« Pourquoi la grippe aviaire inquiète », Le Journal du dimanche, 12.2.2023)

Toutefois, la grippe aviaire n’est pas, loin de là, la seule cause de mortalité chez les oiseaux marins, d’où l’intérêt de l’étude menée par Life Seabil. Cet organisme est particulièrement attentif aux effets des déchets plastiques. 90 % des oiseaux marins auraient du plastique dans l’estomac. Dans de nombreux cas, celui-ci entraîne la mort par suffocation, ou bien entrave leur capacité à se mouvoir ou à se reproduire.

En janvier, certaines personnes comme Jean-Paul Tual, de l’association Surfrider, ont alerté de la présence sur certaines plages de Pénestin d’oiseaux échoués différents de ceux retrouvés il y a 6 mois. Il s’agissait cette fois-ci de macareux moines, de guillemots de Troïl ou de bécasseaux Sanderling. Il semble que leur mortalité ne soit pas due à la grippe aviaire : ces oiseaux vivent dans des zones de haute mer, où les tempêtes récentes les ont empêchés de se poser à la surface de l’eau pour s’y reposer comme ils en ont l’habitude. Ils sont en fait morts d’épuisement. Néanmoins, l’ingestion de plastiques a pu accélérer le processus en diminuant leur capacité de résistance. Cela fait aussi partie des hypothèses qui pourront être étudiées dans le cadre de l’étude actuelle.

Intervenir « à la source » des pollutions par les déchets plastiques

Le projet Life Seabil a pour ambition d’élaborer un réseau de suivi transnational, qui permettra de lutter contre la pollution par les déchets plastiques en intervenant de façon plus ciblée, « à la source », à l’aide d’une application permettant un traçage de ces déchets. Le projet rejoint ainsi d’autres initiatives européennes qui nous concerneront bientôt directement, ici même à l’échelle locale. Saviez-vous, par exemple, que les cantines scolaires devront satisfaire dès janvier 2025 à une interdiction totale d’utiliser des contenants en plastique pour le transport, la cuisson, la réchauffe et le service des aliments ? Certaines communes se préparent déjà à ces innovations qui requerront des adaptations parfois complexes en matière de lavage, de découpe ou de manutention. Le verre et l’inox pèsent en effet beaucoup plus lourd que le plastique. (cf. « La chasse au plastique a débuté dans les cantines », Ouest France, 5.2.2023)

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A une échelle plus large cependant, la réglementation sur les plastiques à usage unique ou sur l’emballage des fruits et légumes évolue plus lentement qu’on ne pourrait l’espérer. La France s’est d’ailleurs vue rappeler à l’ordre en septembre dernier par la Commission européenne en raison de sa lenteur dans l’application des directives européennes. Les réglementations sont complexes et pas toujours appliquées. Les suremballages continuent à proliférer sans susciter de réelle prise de conscience. Il faudrait, je ne sais pas, mettre en place des groupes de travail associant consommateurs et représentants de la grande distribution. Et des industries agroalimentaires. Et du monde agricole… Il faudrait que les citoyens suppléent aux carences qui sont celles de beaucoup de décideurs… Il faudrait que certains, parmi ces derniers, “mouillent la chemise” plus qu’ils ne le font… Il faudrait tellement de choses…

Nous savons qu’il y a urgence : au train où vont les choses, la quantité de plastiques dans les océans dépassera en 2050 celle des poissonsNous savons qu’il en va de notre survie à nous aussi en tant qu’espèce humaine, au-delà des poissons ou des oiseaux. A moins, ce qui est encore possible, que nous ne soyons comme ces personnages d’une nouvelle d’Oscar Wilde, « Le crime de Lord Arthur Savile », que le protagoniste ne parvient pas à assassiner, car ils ont déjà succombé pour une autre raison avant son arrivée. Buñuel nous a offert une variation sur le même thème avec son film « La vie criminelle d’Archibald de la Cruz ».

Désolé. Quand les risques qui planent sur nous atteignent un tel niveau et que les mots résonnent dans le vide, l’humour noir est le dernier recours de tout colibri qui se respecte afin de remplir malgré tout son devoir d’informer…

2 commentaires sur “Dimanche, la Ligue de Protection des Oiseaux collectera les oiseaux échoués sur les plages afin de les autopsier

  1. J’habite au Branzais et pendant plusieurs mois il était fréquent de trouver de 3 à 6 ou 7 oiseaux morts entre le logo et camaret.
    Un cygne s’est décomposé là pendant un mois…

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